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Pour une fois la France dispose de tous les atouts pour devenir le leader mondial des nouveaux matériaux biosourcés du futur !
- Les matières premières : le lin, le chanvre et demain l’ortie. Leader mondial du lin textile avec trois quarts de la production mondiale, la France exporte la matière brute à 80 % vers la Chine et à 20 % vers les pays de l’Est.
- Elle a la chance de détenir encore en Alsace Schlumberger, le leader mondial des machines de filatures de fibres longues, c’est-à-dire le lin, le chanvre, la laine. Avec un savoir-faire exceptionnel de plus de deux siècles d’histoire industrielle et d’innovation.
- Malgré 30 ans de délocalisation industrielle, la France a préservé une filière textile complète avec des unités de tissage, d’ennoblissement et, depuis peu, de nouvelles filatures de lin.
- Elle a su garder un enseignement supérieur universitaire de qualité avec les écoles d’ingénieurs textile et de chimie.
Bref, la France a tout l’écosystème complet, unique en Europe, dont rêveraient bien des pays !
Elle détient donc tous les atouts solidement ancrés dans le territoire national et non délocalisables pour affronter un nouveau gigantesque marché, celui des matériaux biosourcés qui vont remplacer l’ensemble des dérivés du pétrole et des fibres de verre.
La liste des avantages compétitifs est illimitée : recyclabilité, légèreté, résistance aux vibrations, qualité thermique et acoustique, sécurité des approvisionnements, etc.
Les nouveaux matériaux trouvent leur emploi dans de multiples secteurs d’activité : le nautisme, la mobilité, le transport (voitures électriques et avions), les équipements de la maison et des bureaux, la plasturgie, etc.
Il ne faut pas oublier que le textile fut le moteur de la première révolution industrielle et que les nouveaux matériaux biosourcés pourraient devenir celui de la révolution écologique. Il ne faut pas oublier non plus que notre culture textile française et européenne ne repose pas sur le coton, qui est venu avec les esclaves au xviie siècle, mais sur le lin, le chanvre, l’ortie et la laine.
Malgré ces évidences et toutes ces opportunités, le constat reste aujourd’hui affligeant à l’image de ce que me disait un producteur de lin contraint d’exporter sa production en Chine : « À l’image des pays africains qui n’arrivent pas à valoriser leurs matières premières, nous, producteurs de lin français, nous sommes devenus les Africains des Chinois ! »
Face à une telle gabegie contre une telle opportunité, il faut évidemment réagir !
Tous les acteurs économiques et publics ont compris aujourd’hui l’importance de ce challenge.
Il représente pour la France :
- Une révolution agricole puisque le lin, le chanvre et demain l’ortie sont en mesure, presque partout, de remplacer certaines monocultures comme le maïs.
- Une révolution écologique puisque ces cultures ne demandent que très peu d’intrants et pratiquement pas d’eau.
- Une révolution industrielle à l’image de toutes les nouvelles machines de transformation et de valorisation de toutes ces matières dont Schlumberger pourrait devenir le chef de file.
- Et surtout, une révolution culturelle où il faudrait réhabiliter la culture industrielle qui régnait à Mulhouse au xixe siècle. Une période où les pouvoirs industriel, bancaire, politique et même religieux travaillaient étroitement ensemble, surtout au sein de la SIM (Société industrielle de Mulhouse). En cette période exceptionnelle, Mulhouse était plus riche que Bâle ! Un vrai écosystème où toutes les écoles d’ingénieur textile et de chimie ainsi que les laboratoires, créés par l’industrie textile, travaillaient pour toute l’industrie du territoire.
Chacun avait parfaitement intégré le fameux précepte de Pascal, « il vaut mieux savoir un peu de tout que tout sur très peu. »
Pour devenir le leader mondial des matériaux biosourcés, il faut reconstituer cet environnement où la filière textile doit travailler étroitement avec la filière de la chimie.
Face à tous les projets de relocalisation, plus que légitimes, de cette filière dans toutes les régions de France, il faut que les nouveaux acteurs s’appuient sur un centre d’excellence et d’innovation. Il pourrait être Mulhouse grâce à son unique écosystème !
Encore faut-il avoir en France un vrai pilote, qui sache fédérer et coordonner toutes ces nouvelles initiatives et surtout éviter les inévitables doublons, dispersions et concurrences malsaines entre les régions et l’ensemble des ministères concernés.
ETHIC, J’aime ma boîte – Pierre Schmitt, PDG de Velcorex