Puces éléctroniques

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Aujourd’hui, la Chine produit 30 % des puces électroniques dans le monde. Une place bien trop importante au goût des Occidentaux.

Si les grands événements mondiaux survenus depuis 2020 nous ont bien appris quelque chose, c’est l’importance de la souveraineté nationale. Les pénuries en tout genre ont révélé au grand jour les dépendances de pays que l’on croyait grands et débrouillards. Celle des puces électroniques a fait des ravages…

Joe Biden insistait il y a quelques semaines sur la nécessité de relocaliser les sites de production de semi-conducteurs. « Nous avons inventé les puces ici en Amérique, puis nous sommes devenus paresseux », a martelé le Président des États-Unis avant de promettre que le Michigan serait bientôt le bastion de ce nouveau combat contre l’Empire du milieu.

Il faut moins dépendre de la Chine, mais aussi faire ses propres progrès pour en garder l’exclusivité. Ainsi, les États-Unis s’assureraient une meilleure sécurité nationale, en évitant que des données sensibles soient stockées sur des composants chinois. Et puis disons-le… La place de leader mondial sur ce marché est aussi convoitée, tant le secteur a pris une place primordiale dans l’économie planétaire.

Des investissements colossaux

Alors, à coups de subventions fédérales – à hauteur de 52 milliards de dollars – l’exécutif américain se montre agressif. L’objectif vise à ce que plus jamais une telle pénurie ne puisse mettre aux abois l’industrie nationale. Et pour cause, la tech américaine se porte mal. Intel, le leader outre-Atlantique des microprocesseurs, a perdu un demi-milliard de dollars au deuxième trimestre de 2022.

L’automobile aussi ne va pas bien. Pour s’en rendre compte, il suffit d’écouter les attachés de presse du constructeur Ford qui signalent un manque à gagner de 100 000 véhicules au quatrième trimestre de 2022 à cause du manque de semi-conducteurs.

Alors cet investissement aidera les entreprises spécialisées dans les puces électroniques à relocaliser leurs productions. Une autre partie vise à développer leurs départements R & D.

« Retour à une mentalité Guerre froide »

Les effets de cette politique devraient commencer à se faire ressentir courant 2023. Déjà, car la fragmentation de ce marché n’est pas habituelle. Depuis l’avènement des puces électroniques dans notre quotidien, les échanges mondiaux se faisaient libéralement. Le plus souvent à la suite d’une étude des différentes offres présentes sur le marché. Mais Biden se la joue perso et réglemente strictement les échanges de semi-conducteurs étrangers hors de son territoire. Huawei, par exemple, ne peut pas profiter de certaines technologies américaines et perd en compétitivité sur le marché des smartphones.

Mais aussi car, cette politique vise à obstruer le développement des techniques chinoises. Biden ne veut pas simplement être premier, il veut enterrer les espoirs de la Chine d’un jour le rattraper. Problème ? Environ un tiers de la production de puces électroniques aujourd’hui provient des usines chinoises. Une politique trop agressive aura alors une répercussion sur le client final et continuerait d’alimenter la pénurie à l’échelle mondiale… La Chine dénonce ce traitement irresponsable.

Un pour un et tous pour soi !

Dans le sillage des États-Unis, les Pays-Bas et le Japon ont aussi limité leurs importations. Chacun souhaite développer sa propre technologie et en exploiter l’exclusivité. ASML, considéré comme le « miracle néerlandais » des semi-conducteurs, et Nikon Corp côté Japon devraient alors ralentir leurs échanges commerciaux avec la Chine. Le pays de Xi Jinping paye son opacité. Aucun pays occidental ne trouve souhaitable de laisser ses données entre les mains chinoises.

Le reste de l’Union européenne aussi veut relocaliser. Le plan Chips Act dont on entend parler depuis un an se met en place. La France et l’Italie subventionnent un site de production de semi-conducteurs à Crolles (38) à hauteur de 5,7 milliards d’euros. Et tous les autres États membres pourraient investir jusqu’à 30 milliards d’euros dans un projet important d’intérêt européen commun (Piiec) et dans des Mega Fabs (usines exportatrices de puces électroniques notamment) d’ici à 2030.

Les États-Unis ont donc définitivement dessiné une tendance. Chacun devra créer ses propres puces en espérant qu’elles soient compétitives. Et chacun devra alimenter son propre pays avant de s’aventurer vers de plus lointaines contrées. Le système libéral, mis en place jusque-là, commençait à montrer ses limites. Alors laissons 2023 nous dire si cette nouvelle donne sera la bonne.

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