Licenciements

Temps de lecture estimé : 2 minutes

En 2022, on recense 160 000 licenciements chez les entreprises de la tech. Et 68 000 de plus en ce seul mois de janvier. Paradoxalement, leurs résultats financiers sont au beau fixe. Quelqu’un a une explication ?

Quand les entreprises de la tech coupent, elles ne font pas semblant. Après deux ans de croissance exponentielle, des suites d’une pandémie covid-19 qui a achevé la numérisation de la société, les Gafam accusent le coup et voient leur marge diminuer. Un constat inacceptable. Alors, on réduit les effectifs et on fait la part belle aux investisseurs.

If you’re going to San Francisco… La baie californienne a bien changé depuis le célèbre air de Scott McKenzie. Les habitants – fleurs aux cheveux – décrits dans la chanson ont été chassés des rues. Remplacés par des salariés de la Silicon Valley, licenciés et désespérés de retrouver un emploi. Ces travailleurs – pour la plupart titulaires de hautes études – ont été aspirés dans la spirale libérale de l’oncle Sam et la vénalité de leurs patrons. Difficile de penser qu’Amazon vacille au point de devoir supprimer 18 000 postes qui menaceraient la pérennité de la boîte. Difficile aussi d’imaginer que Twitter enregistre de si mauvais résultats que le réseau soit dans l’obligation de réduire de moitié son effectif…

Une croissance de l’emploi qui finit en pétard mouillé

L’euphorie des marchés technologiques pendant deux ans a masqué la vraie philosophie des Gafam (et comparses). Tout va bien quand la demande est croissante. On offre de l’emploi, fait de beaux discours sur les valeurs de l’entreprise et à la fin de l’année, on annonce plusieurs milliards de dollars de bénéfices (21,3 pour Amazon en 2020). Mais comme toute bulle financière, cet état de grâce devait finir par éclater.

L’an 2022 est passé par là. Avec lui une nouvelle guerre, l’inflation, les pénuries de matières premières… Les valeurs tech se sont effondrées. Pour certaines jusqu’à 60 %. Et elles n’ont épargné personne, même pas les entreprises plus solides. Alors Alphabet (Google), Méta et Microsoft faisaient grise mine en octobre, au moment d’annoncer les résultats financiers décevants de leurs groupes. Amazon aussi s’est retrouvé dans la tourmente : 2,5 milliards de dollars perdus mondialement sur l’activité principale de e-commerce. Au même moment, les analystes internes au groupe abaissaient leurs attentes de chiffres d’affaires pour la fin d’année et le cours de l’action AMZN plongeait à -20 %.

Des licenciements aux allures de rétropédalages…

Ni une, ni deux, le mois de novembre 2022 a été marqué par une vague de licenciement jamais vue dans ce secteur. Près de 90 000 employés des grands groupes tech se voyaient forcés au départ. Twitter en tête de gondole, suivi par Méta, Snapchat ou encore Stripe. Tous ont allègrement tailladé leur effectif. Et l’intérêt de cette manœuvre ouvertement antisociale, c’est de rassurer les investisseurs. On ne licencie pas pour garder pérenne son entreprise, on licencie pour garder son action à un seuil acceptable. Les marges ne doivent jamais baisser, voilà le vrai leitmotiv de ses entreprises.

La vague de janvier, elle, semble prouver qu’un rebond salvateur de l’activité n’est plus envisageable. La bulle a définitivement éclaté. Et si les marchés financiers demeurent conciliants avec les entreprises tech et les sanctionnent moins malgré leurs mauvais résultats, il faut tout de même dégraisser et retrouver des effectifs aux standards d’avant pandémie ! C’est le cas d’Alphabet, dont le CEO Sundar Pichai annonçait le licenciement de 12 000 collaborateurs, qui pour la plupart ont été recrutés au moment de la covid-19. L’ensemble des entreprises qui rétropédalent sont consultables sur le site layoffs.fyi. On y retrouve – en plus des Gafam – d’autres entreprises tech très connues. Phillips et ses 4 000 coupures au mois de janvier, Saleforces et ses 8 000 licenciements, etc. Une longue liste aux allures d’hécatombe.

En France, les nombreux emplois créés actuellement détonne d’une croissance au point mort. Mais sommes-nous aussi dans une bulle ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.