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TotalEnergies vient d’être sélectionné par le Qatar comme premier partenaire dans le projet North Field East (NFE).
Le 12 juin, le Qatar a annoncé avoir choisi le groupe pétro-gazier français comme premier partenaire étranger pour développer le plus grand champ de gaz naturel au monde. L’objectif ? Apaiser les craintes de l’Europe sur le plan énergétique ! Une alternative au gaz russe dans un contexte de guerre en Ukraine.
Concrètement, NFE fait partie du projet d’expansion du gisement offshore North Field situé au cœur du golfe Persique, entre l’Iran et le Qatar. Découvert en 1971, il est exploité par ces deux pays depuis 1989. Le North Field représente à lui seul environ 10 % des réserves de gaz naturel connues dans le monde. Une véritable mine d’or !
Au départ, le Qatar souhaitait financer seul le développement du champ gazier. Finalement, TotalEnergies va prendre une part de 6,25 % dans le projet. Patrick Pouyanné, PDG du groupe, a précisé qu’il s’agissait d’une coentreprise avec QatarEnergy (QE). D’autres accords devraient être annoncés « dans un avenir proche », selon le ministre al-Kaabi. Les sociétés ExxonMobil, Shell et ConocoPhillips souhaitent d’ores et déjà rejoindre le projet.
Une production gazière boostée de 60 %
La participation des gaziers étrangers devrait s’établir à 25 %, le coût de l’expansion est lui estimé à 28 milliards de dollars. Selon QatarEnergy, il permettra d’augmenter la production gazière du pays de plus de 60 % d’ici à 2027. Un record ! La production commencerait en 2026. À noter que l’émirat a produit à lui seul 178,1 milliards de m3 de gaz naturel en 2019. Aujourd’hui, il s’agit du quatrième producteur mondial de gaz, derrière les États-Unis, la Russie et l’Iran. Le Qatar est également le premier producteur mondial de gaz naturel avec 79 millions de tonnes par an. Devant l’Australie (75 millions) et les États-Unis (34 millions).
Total et le Qatar : l’alliance de deux super-pollueurs
Le plan qatari arrive à point nommé pour les pays européens. Une formidable aubaine pour rompre sa dépendance au gaz russe. Petit bémol : le GNL est extrêmement plus polluant que le gaz sous sa forme d’origine. Notamment car le processus de liquéfaction produit des émissions, et le transport s’effectue par bateau, tandis que celui du gaz qui vient de Russie se fait grâce à des gazoducs…. Selon une analyse comparative publiée par le cabinet Carbone 4 en octobre, le GNL émettrait 2,5 fois plus d’équivalent CO2 que le gaz transporté par gazoduc…
Le 11 juin, la Tanzanie a signé un accord-cadre avec Shell et Equinor, similaire à celui de TotalEnergies avec le Qatar. Il prévoit la construction d’un terminal de production et d’exportation de GNL d’une valeur de 30 milliards de dollars. Ces partenariats permettent à l’UE de s’affranchir de la Russie, mais cette solution aura de lourdes conséquences sur le climat. Mais les associations insistent : des alternatives existent ! Une étude publiée fin mars par la fondation Bellona, le Regulatory Assistance Projet (RAP) et les groupes de réflexion Ember et E3G, démontre que l’UE pourrait s’affranchir totalement du gaz russe d’ici à 2025, et ce grâce aux énergies renouvelables !