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Le mercredi 3 mai au soir, la FED a annoncé le relèvement d’un quart de point de pourcentage de ses taux directeurs.
La bataille contre l’inflation fait rage outre-Atlantique. Et dans cette lutte acharnée, Jerome Powell, le patron de la FED, semble n’avoir qu’une solution : le relèvement des taux directeurs. Les neuf dernières réunions de la Banque centrale américaine s’étaient déjà soldées par cette décision. La dixième n’aura pas fait défaut…
Le principal taux directeur étasunien oscille à présent entre 5 et 5,25 %. Le pourcentage le plus haut enregistré depuis 2006. Pour le justifier, Jerome Powell et comparse invoquent quelques indicateurs positifs. Déjà, le taux de chômage américain recule. Le sursaut de créations d’emplois « robustes » depuis le début de l’année l’a fait glisser à seulement 3,5 %. Et puis l’économie du pays – bien que morose – montre quelques signes de résilience.
La bonne décision, mais le mauvais timing ?
Alors dans son communiqué, la FED se veut ultra-rassurante. « Le système bancaire est solide », peut-on y lire. Jerome Powell a aussi insisté sur l’idée qu’après cette nouvelle hausse, son institution opterait pour une pause dans la remontée des taux. De quoi faire passer la pilule sur les marchés financiers…
Oui, car de ce côté-là le manque de liquidités fait de plus en plus de ravages. Philippe Béchade, spécialiste des marchés financiers, estime d’ailleurs que les banques n’ont pas subi un tel bank run depuis la grande crise de 2008. Dans les couloirs des salles de marchés, on commence à se demander si les faillites de SVB et FRB en Californie n’étaient pas les prémices d’un effondrement à plus grande échelle…
À la veille de l’annonce de la FED, Pacific Western – une autre banque californienne – voyait déjà sa cotation s’écrouler. Son action coûtait encore 10,94 dollars le 28 avril. Hier, le 4 mai, elle ouvrait à seulement 3,75 billets verts. À plus grande échelle, le NASDAQ, le S&P 500 et le Dow Jones reculaient tous. Cette nouvelle hausse des taux directeurs pourrait donc finir d’enterrer ces banques régionales en grandes difficultés. Elles, qui essayent tant bien que mal de survivre façon baroud d’honneur.
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— Not Jerome Powell (@alifarhat79) May 3, 2023
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On ne relâche pas les efforts
Mais la FED a une feuille de route et compte tenir ses engagements envers et contre tous. Son objectif ? Voir le taux d’inflation retomber à 2 %. Le seul moyen pour retrouver un rythme économique pérenne. D’ailleurs, Jerome Powell persiste et signe, une hausse des prix qui s’installe sur la durée aura des répercussions encore plus dramatiques sur l’ensemble de la société.
Et alors que les discussions autour d’un relèvement du plafond de dette aux États-Unis n’aboutissent à rien et que les tensions avec la Chine à propos de Taïwan continuent leur escalade, combattre l’inflation semble un des seuls leviers pour rassurer les Américains. Eux, qui pourraient bientôt subir des coupes budgétaires sur la santé et la retraite si rien ne changeait.
La Banque centrale américaine a donc tranché. Elle priorise le long terme au besoin pressant des marchés financiers à se faire rassurer. Un choix cornélien dont tous les effets n’ont pas encore pu être prédits. Jusqu’à sa prochaine réunion de politique monétaire, la FED « tiendra compte » des effets de hausse des taux pour affiner sa stratégie. Nous saurons très vite si elle a fait le bon choix. En attendant, la BCE s’aligne sur la même politique. Ce qu’il se passe au pays de l’oncle Sam pourrait bien finir par nous arriver aussi…