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Jeudi 16 mars la FED dévoilait le montant des emprunts accordés aux banques américaines. En une seule semaine, il culminait à 164,8 milliards de dollars et explosait tous les records
Le monde de la finance vient d’essuyer quelques turbulences. Les banques en difficulté ont dû emprunter afin de vite se remettre en selle. Mais n’est-ce pas reculer pour mieux sauter ?
Ce n’est plus un secret, l’effondrement de la Silicon Valley Bank et Signature Bank ont fait trembler tout l’écosystème financier. Pour rappel, la SVB, spécialisée dans les actions et investissements dans la tech, payait depuis plusieurs mois les frais d’un secteur malade. La récente bank run (panique bancaire) qui a découlé de ce contexte a mis en difficulté l’établissement. La SVB s’est retrouvée sans liquidités et dans l’incapacité de rendre l’argent à ses clients. Et dans son sillage, d’autres banques se sont aussi retrouvées à la peine. Certaines ont emprunté aux autorités financières d’États, d’autres dans le privé.
Crédit Suisse, too big to fail
La deuxième banque la plus importante chez nos voisins helvétiques accumulait déjà les déboires depuis plusieurs mois. Affaire d’espionnage, résultats en déficit de 7,3 milliards de francs suisses, une action qui baisse… Le coup de grâce ? lorsque la Saudi National Bank – premier actionnaire de Crédit Suisse – a déclaré qu’elle refusait de leur prêter plus d’argent ! Bref, l’action CSGN (Crédit Suisse) chutait jusqu’à -30 % la semaine dernière.
Hasard malheureux de calendrier, la faillite de SVB survenue au même moment n’a rien arrangé à la situation. Ni une, ni deux, le monde entier entendait parler de deux banques en grandes difficultés, ce qui laissait présager d’une nouvelle crise économique majeure comme en 2008. La panique s’est emparée du marché européen et le mercredi 15 mars restera noir dans tous les esprits financiers.
Pourtant, Crédit Suisse coche toutes les cases des réglementations anti-crise en vigueur. Alors certains économistes cherchent ailleurs, ils estiment que la remontée des taux directeurs met trop de pression aux établissements financiers. Résultat ? Ce sont les autorités suisses et la Banque nationale du pays qui ont dû voler au secours de cet établissement systémique. 50 milliards de francs suisses pour colmater les brèches.
Une aide conséquente et rapide, car Crédit Suisse fait partie des 30 banques mondiales considérées comme trop grandes pour faillir. Son sauvetage relevait de l’obligation pour garantir le retour à la stabilité financière mondiale. Plusieurs pays et établissements financiers ont d’ailleurs mis la pression à la BNS pour leur venir en aide.
First Republic Bank sauvée in extremis
C’est presque un contingent qui est venu en aide à la First Republic Bank, la quatorzième plus grande institution des États-Unis. Onze des plus grandes banques américaines – parmi elles, JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Citigroup et Truist – ont fait preuve d’une rare solidarité pour renflouer la caisse de l’établissement en crise. Objectif ? Stopper l’hémorragie causée par sa rivale, la SVB.
Au total, 30 milliards de dollars ont été envoyés à la First Republic Bank sous forme de dépôts non assurés. Ils devront être maintenus 120 jours à la FRB et rapporteront les mêmes intérêts que ceux des premiers déposants. Une bonne action saluée par le Trésor américain : « Cette démonstration de soutien par un grand groupe de banque est très bien venue. Elle prouve la résilience du système bancaire », ont-ils déclaré dans un communiqué.
Attention tout de même, cette bouée de sauvetage n’est pas synonyme de salut pour la First Republic Bank. L’opacité de l’opération a même inquiété les investisseurs et l’action reste très volatile. Certains d’entre eux, dont l’activiste Bill Ackman, craignent que cette méthode de sauvetage artificielle ait juste dispatché le risque de faillite sur des banques systémiques.
De son côté, la FRB va se servir de ces prêts pour souffler un peu et se remettre de ses émotions. Ils ont désormais 120 jours pour remonter la pente, sans quoi la piste de la cession sera sérieusement évoquée.