La FCA s’offre une renaissance pour ses 60 ans

Olivia Grégoire face au public de la Maison de la Radio et de la Musique. (Crédits : FCA)
Olivia Grégoire face au public de la Maison de la Radio et de la Musique. (Crédits : FCA)

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Le 9 novembre, la Fédération du commerce coopératif et associé fêtait son soixantième anniversaire. Loin de se replonger dans la nostalgie, la FCA a fait le pari de l’avenir en faisant dialoguer jeunes et dirigeants. Un moment de vérité. En tant que partenaire, ÉcoRéseau Business y était.

Deux ministres, trois géants de la grande-distribution, un chef étoilé, une animatrice populaire… Quel casting pour la FCA ! Il fallait au moins ça pour célébrer en fanfare un anniversaire symbole de victoire.

Et soudain elle surgit. Dans l’amphithéâtre 104 de la Maison de la Radio et de la Musique, où les lumières ont été tamisées, une ministre s’avance jusqu’à la scène. Pas n’importe laquelle : Olivia Grégoire. Face à un public de commerçants et de jeunes étudiants, la ministre chargée – comme l’indique son décret de nomination – « des petites et moyennes entreprises, de l’artisanat, du commerce, des professions libérales, de la consommation, de la répression des fraudes et du tourisme » retrouve Jean-Pierre Dry, président de la FCA. En maîtresse de cérémonie, Églantine Éméyé, animatrice aimée des Français, notamment connue pour son combat pour l’accompagnement de l’autisme, qu’elle mène au sein sa remarquable association : Un Pas vers la Vie.

Oui, la FCA voit les choses en grand pour célébrer son soixantième anniversaire. Le moins que l’on puisse dire, comme le rappelle fort intelligemment la ministre, c’est que tout cela n’était pas gagné ! Olivia Grégoire remonte dans les archives, à l’orée de ces années 1980 où des économistes blanchis sous le harnais prévoyaient la mort, à coup sûr, du commerce associé ; formule ringarde qui aurait tôt fait d’être balayée par les grandes marques championnes.

Eh bien non. En ce soixantième anniversaire, la FCA sait qu’elle représente un secteur porteur d’avenir et même, osons le mot, d’espoir. La preuve ? Les jeunes venus nombreux, très nombreux, qui voient ce système économique comme le moyen de concilier l’assurance d’un grand groupe et le désir d’indépendance.

Les trois piliers d’Olivia Grégoire

Revenons-en à la star du jour : Olivia Grégoire. Forcément, la ministre profite de l’occasion pour rappeler son plan d’action politique. Trois grandes lignes directrices qui jalonnent son œuvre gouvernementale. D’abord, le CNC (Conseil national du Commerce) qui regroupe enfin tous les acteurs pour débattre et décider en commun. Prochain rendez-vous en décembre.

Ensuite, et cela lui tient beaucoup à cœur, le développement de l’économie rurale. Parisienne, Olivia Grégoire est aussi très attachée aux campagnes de France, qu’elle entend revaloriser grâce à des aides publiques à l’installation comme au développement. « Le plus dur, ce n’est pas forcément d’ouvrir un commerce. C’est de le faire vivre », souligne-t-elle à raison.

Enfin, Olivia Grégoire veut revaloriser ce que les journalistes appellent parfois « la France moche ». Elle se refuse à employer ce terme, consciente que 70 % des Français font leurs courses dans ces zones industrielles qui bordent l’entrée des cités. Les verdir, les rendre plus accueillantes et vivantes, voilà son défi.

Après avoir déroulé ce programme d’action « qui lui ressemble » celle qu’on surnomme « Alcaline » conclut en se livrant à une confidence rare : « Quand je vois le dynamisme et la participation de la FCA, la ministre que je suis se met à rêver… Si c’était comme ça partout, mon travail en serait grandement facilité ! ». Cette libérale convaincue le sait : « Seule, je ne peux rien faire ». Le commerce associé est au courant : il n’a jamais attendu l’État pour agir, conscient de son rôle.

Thierry Marx et Carole Grandjean, héritiers de l’avenir

Après Olivia Grégoire, place au chef Thierry Marx, qui vient rappeler le sens du travail, en avocat d’un discours au fond social-démocrate : « Le capitalisme est efficace. Mais il faut le rendre plus juste ». Il poursuit, décidé à refuser tout déclinisme : « Arrêtons de chercher des coupables, cherchons des solutions ». Aux jeunes, il livre ce message emprunté à Tocqueville : « Chaque génération est un peuple nouveau ».

Après lui, place à une autre ministre, Carole Grandjean, chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels. Celle-ci tient à rappeler au secteur du commerce associé qu’il peut puiser les ressources de demain dans le formidable vivier que constitue l’enseignement professionnel. Pleine de bon-sens, Carole Grandjean propose au secteur de travailler main dans la main pour retravailler l’offre de formation.

Leclerc, Schelcher, Cotillard… Ils sont face aux jeunes !

Roulez jeunesse ! Soudain, Églantine Éméyé, parfaite intervieweuse, change la configuration de la salle. D’un côté, des jeunes prennent place. De l’autre, on fait installer les trois géants de la grande distribution. Thierry Cotillard, pour Les Mousquetaires ; Dominique Schelcher pour Système U et – bien évidemment – Michel-Édouard Leclerc !

Les trois hommes, certes concurrents, s’entendent bien à la ville. « On est dans un esprit où on va se battre et se challenger, mais faut pas que ça nous empêche d’aller ensemble au cinéma ou à la piscine » indique « MEL ». Pour faire face aux interrogations des jeunes, Marie Arnout, cheffe d’entreprise, adhérente Gedimat et Agnès Pécoul, présidente du groupe Alkor, sont également de la partie.

Très vite, l’échange avec les jeunes vire au ping-pong. D’abord un peu impressionnés, s’accrochant aux formules béquilles comme « en fait » et « du coup », les jeunes finissent par se libérer et oser, enfin. La jeune Cloé lance franchement : « on est l’avenir ! ». Comme on pouvait s’y attendre, les étudiants soulèvent assez vite le problème de « la quête de sens ». Agnès Pécoul lève un lièvre : « c’est quoi le sens de la quête de sens ? ».

« Vous les jeunes, vous courrez après quoi ? »

Leclerc renchérit : « Vous les jeunes, vous courrez après quoi ? ». Pas de réponse évidente des étudiants, qui oscillent entre écologie et raison sociale de l’entreprise… Pas très clair : cette nouvelle génération sent bien qu’il faut changer quelque chose à ce monde malade, mais quoi exactement ? Le cheminement par l’action, sorte de maïeutique de la permanence qu’ils expérimenteront toute la vie, leur permettra sans doute de trouver les clefs.

Un jeune, toutefois, se fait remarquer par son bagou et son culot. Ancien étudiant en lycée professionnel, il bluffe par son envie, sa niaque. Thierry Cotillard, intéressé, flaire le bon profil : « Garçon, tu me laisseras ton CV »… Ce jeune ose affronter Leclerc : « Moi je viens de Brest, ville où le groupe Leclerc est évidemment très présent. On connaît vos réussites, mais vos échecs ? ». Leclerc – qui aime bien la franchise – réplique illico. « Ma vie est jalonnée d’échecs ! ». Il se souvient notamment d’une initiative, lancée à l’époque de Feu le minitel… « C’était précurseur : on proposait aux gens de commander par minitel puis de les livrer à domicile ». Ce fut un raté phénoménal. La preuve qu’il ne faut pas partir trop tôt par rapport au marché.

Assez espiègle, Églantine Éméyé pose aux jeunes la question que tout le monde attendait : « Et l’argent, c’est une motivation pour vous ? ». Une main seulement ose se lever, timide…

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