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Sidney Toledano, capitaine de LVMH Fashion Group, s’apprête à passer la main à Michael Burke, actuel numéro 1 de Louis Vuitton. Un cap important pour l’empire du luxe.
Après la « Fashion Week » (semaine de la Mode), LVMH Fashion Group se régénère. Un nouveau profil règnera sur cet important consortium de « l’univers Bernard Arnault » (Céline, Givenchy, Loewe, Kenzo…).
Mardi 16 janvier, devant l’entrée de la Galerie Vivienne, face à la Bibliothèque Richelieu, une foule patiente dans le froid polaire. Drôles d’oiseaux… Au cœur de la « Fashion Week », le petit monde de la mode s’est donné rendez-vous. Entre les conversations délurées, de grands coups de tambour à réveiller les morts rythment l’originale manifestation. Rituel nippon. Les riverains ouvrent les fenêtres, interloqués par le tumulte, tandis que des cyclistes grincheux (pléonasme) fendent la foule : « Y’en a qui bossent ici ! ».
Sous un petit chapiteau blanc apparaît soudain Ariel Weil, maire de l’arrondissement Paris Centre. Ce second couteau de la politique remplace inopinément Anne Hidalgo, laquelle n’a pas pu se rendre disponible, puisqu’elle prononçait au même moment ses vœux aux corps constitués. Dommage, elle était pourtant censée venir, si l’on en croit le carton d’invitation… Un couac dans l’agenda ? Son absence sera amèrement regrettée.

Un hommage au créateur Kenzo
Dans la foule, impassible, immédiatement remarquable par son élégance et son flegme hiératique, Sidney Toledano. Tous ses portraits dans la presse le rappellent, alors même si cela n’est pas très nouveau nous allons le faire aussi : il ressemble comme deux gouttes d’eau à Lino Ventura. Le PDG de LVMH Fashion Group ne semble guère passionné par les mondanités. S’il est présent aujourd’hui, c’est pour saluer la mémoire de Kenzo Takada. Le plus japonais des Parisiens, créateur de la maison KENZO, aujourd’hui propriété du groupe LVMH, est honoré par la Ville de Paris.
On inaugure ainsi une plaque en mémoire de ce grand nom du style, disparu le 4 octobre 2020. Dans la foule, quelques personnalités comme Inès de la Fressange, Pierre Richard ou le chanteur Dave. Ne manquait plus que le collectionneur fou de Napoléon, Pierre-Jean Chalençon, lequel aurait pu venir en voisin. Pas du genre m’as-tu-vu, Sidney Toledano n’apparaît sur aucune photographie. Il subit comme toute l’assemblée le discours d’Ariel Weil – véritable monument de platitude.
Ce businessman visionnaire avait sans doute d’autres chats à fouetter. En effet, Sidney Toledano (72 ans) transmettra le flambeau de LVMH Fashion Group à Michael Burke (66 ans), le 1er février prochain. Celui qui a relevé la maison Dior passe donc la main à l’actuel numéro 1 de Louis Vuitton. Les deux hommes sont les principaux lieutenants de Bernard Arnault.
Sidney Toledano, coup de chapeau à un grand nom du luxe
Auprès de nos confrères du Figaro, Sidney Toledano évoque son ressenti, à l’heure de passer la main : « Je n’aime pas le terme « succéder ». Il y a quelques jours, j’ai regardé la cérémonie des Emmy Awards, qui récompensait la série Succession. Nous ne sommes pas du tout dans cet esprit ! (Rires.) Je préfère parler de transmission. Quand j’étais jeune, mon père m’avait dit : « Tu verras, 70 ans, c’est l’âge de la transmission ». Là, j’ai un peu dépassé la date… Mais l’idée est de partager son expérience, ses valeurs, et de mettre de côté son propre ego. Et Dieu sait que l’ego prend de la place dans l’industrie de la mode, même si je crois ne pas avoir été dans cette catégorie-là… ».
Toledano a le triomphe tranquille. Quelle carrière pourtant ! Plus de trente ans de réussites auprès de Bernard Arnault. Le natif de Casablanca, après une première carrière chez Lancel, est invité en 1993 à devenir le nouveau capitaine du navire Dior. Dès 1998, il devient PDG de cette marque qui constitue le plus beau joyau de la couronne LVMH. Il aime à rappeler que rien n’était gagné, alors qu’à l’époque cette vieille maison traversait une zone de turbulence assez prononcée.
Sidney Toledano n’hésite pas d’ailleurs à en plaisanter aujourd’hui, rappelant qu’il fut contraint de rétablir les fondations au sens figuré comme au sens propre, alors que l’hôtel particulier du 30 Avenue Montaigne – siège historique de Dior – craquelait du sol au plafond. En matière de plafond, celui de Bernard Arnault, alors émaillé de diverses fissures, est aujourd’hui parfaitement disposé. Toledano quitte LVMH Fashion Group à son apogée. Un coup de maître. N’est-ce pas notre rêve à tous que de partir au zénith ? Réussir sa sortie n’est pas donné à tout le monde…