L'affaire Orpea n'est pas terminée
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« Certains actionnaires investissaient dans Orpea depuis plusieurs générations, d’autres ont même participé à l’introduction en Bourse de l’entreprise en 2002. Ils ont tout perdu », Kévin Romanteau (Collectif des investisseurs d’Orpea).

L’affaire Orpea n’est pas terminée. Et ce malgré le changement de nom du mastodonte des maisons de retraite, rebaptisé Emeis. Après la publication en 2022 du livre Les Fossoyeurs, par le journaliste d’investigation Victor Castanet, révélant des pratiques allant de la maltraitance aux irrégularités financières, un collectif d’actionnaires a décidé de poursuivre en justice l’ancien conseil d’administration du groupe.

« Est-ce que ce livre est réel ? Je ne peux pas croire que cela soit vrai. Ce journaliste a-t-il raison ? Hélas oui, ce qui signifie que des promesses n’ont pas été tenues ». Voilà les mots de Kévin Romanteau, fondateur du Collectif des investisseurs d’Orpea et de Whitelight Capital, à la lecture du livre choc qui a révélé au grand jour les mauvaises pratiques du géant des maisons de retraite. Des clients ont souffert, c’est indéniable. Des investisseurs aussi, qui ont parfois tout perdu : sur un an le cours de l’action Orpea dégringolait de 90 % !

« Obtenir réparation »

Dès septembre 2024 un collectif d’investisseurs d’Orpea naît d’une initiative portée par Kévin Romanteau, qui a investi dans Orpea en raison de la solidité financière que l’entreprise laissait présager, et pour la dimension sociale – le bien être des aînés. Pour l’heure, 500 investisseurs ont rejoint le collectif, et toute personne qui souhaite rejoindre le mouvement peut encore le faire d’ici au 10 janvier. « Notre action vise non seulement l’ancien conseil d’administration d’Orpea, mais aussi les commissaires aux comptes, ceux qui ont validé la situation financière de l’entreprise », explique Tristan Girard-Gaymard, avocat associé chez Bruzzo Dubucq. « Le développement immobilier, a priori la force du groupe tel que cela a été présenté aux investisseurs était une fausse promesse […] En effet, après le scandale, Orpea dévaluait de plusieurs millions d’euros son patrimoine immobilier, comment l’expliquer ? », poursuit l’avocat. « La première chose que l’on élimine en phase de restructuration, c’est la survaleur, ce qui n’existe pas ou peu, soit l’immobilier dans le cas d’Orpea », renchérit Kévin Romanteau.

En parallèle l’avocat du collectif d’investisseurs d’Orpea précise que les anciens dirigeants d’Orpea n’ont jamais souligné les risques de maltraitance, qui pouvaient exister, aux investisseurs, et faisaient simplement la part belle à la présence de comités éthiques et l’importance de valeurs liées à la RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Voilà sans doute l’enjeu profond de ce litige : la moralisation des marchés financiers, des relations entre dirigeants et actionnaires.

Une première audience serait prévue pour mai-juin 2025

Au sein de ce collectif d’investisseurs l’on retrouve des acteurs institutionnels, mais aussi des particuliers. « Certains actionnaires investissaient dans Orpea depuis plusieurs générations, d’autres ont même participé à l’introduction en Bourse de l’entreprise en 2002. Ils ont tout perdu », regrette Kévin Romanteau. « L’investissement boursier comporte un risque, évidemment. Mais ce risque n’a jamais été exclusif du droit pour les actionnaires de demander réparation des préjudices qu’ils subissent en raison des fautes des dirigeants », rappelle Tristan Girard-Gaymard.

Dès le 26 janvier, la démarche d’information et d’appel à la mobilisation cessera pour laisser place à la judiciarisation. Le collectif entend délivrer une assignation au tribunal de commerce de Paris, avec une première audience qui serait prévue pour mai-juin 2025. « On attaque le passé et non le présent. Ce n’est pas Orpea dans son ensemble que l’on attaque, mais simplement l’ancien conseil d’administration et les commissaires aux comptes », tient à préciser Kévin Romanteau. Pour rappel, le cabinet Bruzzo Dubucq, en charge de cette affaire, avait notamment conduit l’action collective de la plus grande envergure jamais menée contre Uber en France, et obtenu la première condamnation d’Apple pour violation du RGPD.

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