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On l’a bien vu au moment de la passation de pouvoir entre Gabriel Attal et Michel Barnier. Entre le jeune communiquant frivole – qui aime tant parler de lui à grands coups de « moi je » – et l’austère savoyard allergique aux réseaux sociaux, le courant n’est pas bien passé. Papy Barnier a même sévèrement mouché baby Attal. Est-ce la même chose en open space ?

Autant dire qu’il vaut mieux éviter qu’une telle situation se reproduise au bureau. Pourtant, pas évident de faire cohabiter un salarié en pré-retraite, soumis à ses petites habitudes, avec de jeunes collaborateurs qui s’expriment par des interjections telles que « du coup », « genre » ou « en fait ». Des expressions dont on se passerait bien ! Méfiance aussi face à l’expression « OK boomer », très utilisée par les jeunes pour moquer la parole des aînés.

Tant de préjugés à battre en brèche

Entre les amoureux de Michèle Torr et ceux qui ne jurent que par Aya Nakamura, pas évident de trouver des terrains de discussion à la pause déjeuner. D’ailleurs, les salariés les plus âgés préféreront sans doute s’installer à la terrasse d’un bistrot quand les plus jeunes éléments de la boîte iront tester un « nouveau concept street-food qui déchire ». Même chose au sujet du rapport au travail. Les salariés d’un certain âge, biberonnés au culte de l’entreprise des années 1980, façon Tapie, sont souvent désireux de tout sacrifier à leur job. Pour les jeunes salariés, l’entreprise n’est qu’un prisme parmi d’autres dans leur vie, et certainement pas le plus important. Ils se réalisent bien davantage dans leurs activités d’ordre privé. Les uns auront tôt fait d’accuser les autres de « flemmardise ».

Dans le Nouvel Obs, une dirigeante s’agace de ses jeunes recrues : « Alors à 18 heures, que le boulot soit fini ou non, ils rassemblent leurs petites affaires et partent. Le matin, par contre, c’est beaucoup plus souple, ils arrivent un peu quand ils veulent… Et il ne faudrait pas leur demander de travailler le soir ou le week-end ! » Une simple question, chère Madame : êtes-vous certaine de ne pas payer vos jeunes collaborateurs à coups de lance-pierre ? Si oui, alors vous avez le droit de vous plaindre.

Autre sujet de fascination : le téléphone. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les millenials si agiles avec les nouvelles technologies ne s’en servent plus tellement. Ils opteront pour le SMS, WhatsApp ou le courriel. Les plus âgés, au contraire, préféreront une conversation téléphonique directe, gage sans doute d’une meilleure compréhension mutuelle… Et de la pérennité d’un rapport humain !

43 % des patrons estiment que le multigénérationnel est une chance

Une enquête de l’institut YouGov prouve que, globalement, les choses se passent bien : « 47 % des décisionnaires estiment que travailler aux côtés de collègues de différentes générations apporte des avantages considérables à leurs collaborateurs. » 43 % des patrons pensent d’ailleurs que des équipes multigénérationnelles obtiennent de meilleurs résultats que d’autres, plus homogènes. C’est à se demander pourquoi le chômage des jeunes (18,3 %) et celui des seniors (17,3 % pour les 60-64 ans) sont des valeurs bien plus élevées que le taux global.

Espérons, à l’heure où l’entrée sur le marché du travail doit se faire plus tôt et la sortie plus tard, que de véritables efforts seront réalisés par TOUTES les entreprises. Ce n’est pas seulement une affaire d’assimilation mais tout simplement de respect. Nous devrons tous travailler plus longtemps. Mieux vaut en faire une chance. L’alliance des générations est indispensable pour, entre autres, équilibrer le système des retraites.

VALENTIN GAURE

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