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En déclenchant par surprise des élections anticipées, Rishi Sunak va tenter de sauver des conservateurs en charpie après quinze ans de pouvoir.

Au Royaume-Uni, les électeurs sont appelés aux urnes le 4 juillet prochain. Le parti travailliste de Keir Starmer domine les sondages de manière écrasante.

Quand ça veut pas, ça veut pas. Mercredi 22 mai au soir, Rishi Sunak s’est présenté devant la presse, au fronton du 10, Downing Street. « Le moment est venu pour le Royaume-Uni de choisir son avenir », déclare le dynamique leader, décidé à convoquer des élections pour le 4 juillet prochain – elles devaient théoriquement se tenir en janvier 2025. Mais en fond sonore, la voix de Rishi Sunak est recouverte par les manifestants de gauche qui scandaient à l’extérieur des slogans hostiles. Cela sans compter sur l’impressionnante averse qui s’est soudain déversée sur le malheureux politicien, qui termina son discours à la Hollande, c’est-à-dire trempé comme une soupe.

« J’espère que mon travail depuis que je suis devenu Premier ministre montre que nous avons un plan, et que nous sommes prêts à prendre les mesures audacieuses nécessaires à l’épanouissement de notre pays », a finalement déclaré Rishi Sunak dans une vidéo postée sur ses réseaux sociaux, une fois revenu au sec. Cela sans vraiment formuler de proposition iconoclaste, comme s’il était à court d’idées neuves.

« La crise inflationniste est derrière nous »

Voilà pour la forme. Quant au fond, Rishi Sunak a tenté de louer son bilan, insistant notamment sur le « retour à la normale de l’inflation », son engagement clef. Après une augmentation de la cherté de la vie de + 22 % depuis 2021, les chiffres montrent que celle-ci n’a progressé que de 2,3 % en avril sur un an, contre 3,2 % au mois de mars. Un ralentissement qui doit beaucoup à la chute vertigineuse des prix de l’énergie (- 27,1 % sur un an), ce qui limite la casse. Toutefois, alimentation et loyers continuent de grever toujours davantage le budget des ménages.

C’est à la lecture des bons résultats de l’inflation que Rishi Sunak s’est décidé à engager la dissolution de la Chambre des Communes. Sans doute le conservateur a-t-il pensé qu’il avait là une occasion de se présenter sous son meilleur jour. Un moyen aussi de prendre son adversaire travailliste Keir Starmer par surprise.

Le Labour est grandissime favori

Si les indicateurs économiques s’améliorent, côté sondages, Rishi Sunak fait toutefois très pâle figure. Le Labour dispose de 21 points d’avance sur le gouvernement sortant (44 % contre 23 %, selon l’indicateur Politico). En plus d’une conjoncture déjà mauvaise, les conservateurs devront faire face à la concurrence du Reform Party de Nigel Farage. Ces irréductibles du Brexit (annoncés à 12 %) vont probablement faire perdre beaucoup de sièges à la droite classique, en éparpillant les voix.

« Le temps du changement est venu ! », a lancé Keir Starmer dans un discours après l’annonce des élections, présentant son parti comme celui de « la stabilité, économique et politique ». « Nous pouvons mettre fin au chaos, nous pouvons tourner la page, nous pouvons commencer à reconstruire le Royaume-Uni et changer notre pays », insiste le chef de l’opposition.

Keir Starmer, le keynésien qui rêve de rendre le sourire à la classe moyenne

Keir Starmer a donc neuf chances sur dix de gagner cette élection. Cet ancien avocat bénéficie d’une image d’intégrité et sa politique économique modérée n’inquiète pas les banquiers de la City, qui voient en lui l’héritier d’un Anthony Blair. Dans ses propositions, il milite pour la « discipline budgétaire » face au « changement climatique » et veut mettre fin au programme d’envoi des migrants illégaux au Rwanda.

Ce défenseur du service public rêve également d’embaucher des fonctionnaires à tour de bras, que ce soit dans l’éducation, la santé, la police de proximité ou encore dans la création d’une « entreprise publique de l’énergie verte ». Ce grand fan d’Arsenal aime à se présenter au public comme l’enfant d’une « classe moyenne » aujourd’hui en déroute. Mais parviendra-t-il, une fois au pouvoir, à lui redonner l’envie d’y croire ? Pour le moment, son slogan est d’une déconcertante simplicité : « Change ». Suffisant pour battre les conservateurs, un peu court pour gouverner demain.

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