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Promise à une campagne en forme de chemin de croix, Valérie Hayer a tenu bon, malgré une faible expérience du monde médiatique et quelques hésitations malheureuses.
Complètement inconnue voici cinq mois, l’eurodéputée mayennaise a désormais l’oreille des Français. Et si c’était elle, la révélation de cette campagne ?
« Valérie Hayer : je crois pas que vous connaissez », chantaient voici trois mois les jeunes macronistes. Un tube de campagne assez gauche qui visait alors à présenter au public cette inattendue tête de liste du camp gouvernemental. Eurodéputée discrète, Valérie Hayer se voyait soudain propulsée sur le devant de la scène. Décidément non, aucun de ces ambitieux messieurs n’avait envie de s’y coller…
Envoyée au casse-pipe, elle s’en tire plutôt bien
Face aux mauvais sondages, les gros poissons de la macronie se défilèrent. Les Le Maire, Darmanin et autres Séjourné cédèrent volontiers la place à l’inconnue. « Après vous chère Valérie, les dames d’abord ! ». Un phénomène bien connu des féministes, surnommé la « falaise de verre ». En d’autres termes, proposer un poste à une femme parce que la mission est trop dure, voire impossible. En bref, on envoyait Valérie Hayer au casse-pipe. Il serait facile de lui faire ensuite porter le chapeau de la défaite, évoquant une « erreur de casting », comme Nathalie Loiseau en 2019.
Sauf que, sauf que… Valérie Hayer ne s’est pas ridiculisée du tout. Certes, elle n’arrivera pas première et l’écart avec Jordan Bardella – à moins d’une immense surprise – sera très conséquent. Mais qui pourra sérieusement penser que c’est de sa faute ? Valérie Hayer paye évidemment la mauvaise gestion du gouvernement, à l’heure où Emmanuel Macron paraît discrédité et en fin de course. Valérie Hayer a fait ce qu’elle a pu. Et c’est déjà pas mal. Il est vrai qu’elle aurait pu éviter de comparer très maladroitement Marine Le Pen à Daladier. Ce n’était pas de son niveau… Mais en vérité, qui dans la macronie aurait pu faire mieux ? Lors des multiples débats elle a su se maintenir, tenant la comparaison avec les élus plus madrés qui lui faisaient face.
Un capital sympathie à toute épreuve
Ils furent nombreux à ricaner. « Elle n’a pas les épaules, elle va se planter », disait-on. Pourtant, lors des débats, elle est apparue proche de ses dossiers, certes souvent hésitante mais sympathique en diable. Contrairement à tant d’autres elle ose tutoyer ses adversaires qu’elle appelle par leurs prénoms « François-Xavier », « Manon » ou encore « Raphaël » – il est vrai que ce beau monde se croise au Parlement européen. Rafraîchissant dans une classe politique abonnée aux haines recuites.
On lui reprocha même cet abord chaleureux lors d’un échange hors-antenne avec François-Xavier Bellamy. « Salut François-Xavier, tu vas bien ? ». Alors, copinage et fricotage ? Mieux vaut cet esprit de concorde que la haine distillée chaque jour à l’Assemblée nationale par LFI… D’autant que la France aura demain besoin d’une certaine harmonie entre Renaissance et LR, alors qu’un gouvernement de coalition semble se profiler pour l’automne, peut-être sous l’égide de Gérard Larcher… Certes il nie pour l’instant, mais la vérité de septembre n’est pas celle du mois de juin.
Son duo « complice » avec Gabriel Attal
La dernière semaine de campagne de Valérie Hayer fut évidemment marquée par l’arrivée surprise, dans l’amphithéâtre de Radio France, d’un certain Gabriel Attal. Pensant bien faire, désireux de soutenir sa candidate, le Premier ministre s’était saisi du micro, gaspillant ainsi le précieux temps de parole de sa camarade. Un faux-pas malheureux, certes sans grande gravité, mais qui envoie le mauvais message… Non, les femmes n’ont pas besoin de protecteurs, de tutelles ou même d’un bienveillant « grand-frère » pour réussir en politique.
Valérie Hayer se félicite évidemment du soutien de Matignon, balayant cette polémique… « Je crois que la complicité que j’ai avec Gabriel Attal est assez évidente et je suis très fière de l’avoir à mes côtés », déclare la tête de liste au micro de RTL. Valérie Hayer pourrait bien être un soutien de poids dans l’aventure présidentielle de Gabriel Attal en 2027.
Les perles de la politique
Européennes : ces listes étonnantes, parfois improbables · Il faut vraiment être de mauvaise foi pour ne pas aller voter. Le 9 juin, vous aurez le choix, avec 37 listes ! Un record. Au-delà des listes médiatisées, on trouvera bien entendu les militants du Frexit, François Asselineau et Florian Philippot. Tradition établie, Lutte ouvrière et le NPA continueront de nous promettre des révolutions sanglantes à la 1917. Jean Lassalle – devenu la caricature de lui-même – porte « l’Alliance rurale » sur ses épaules. Le berger béarnais a eu tort d’agresser verbalement la journaliste Caroline Roux, lors d’un récent débat. Jean-Marc Governatori, toujours candidat et toujours battu, incarne « L’Écologie au centre », l’une des six listes vertes… Enfin, difficile de ne pas citer l’énigmatique liste « NON ! Prenons-nous en mains », à l’intitulé pour le moins étonnant…