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Pour préserver son avenir, Emmanuel Macron sacrifie le macronisme et s’apprête à confier le pouvoir au RN.
Cette semaine, la politique française a littéralement explosé sous nos yeux. Des alliances hier impossibles se révèlent. Plutôt qu’une chronique sur les déchirements et autres coups de Jarnac, intéressons-nous aux vraies raisons de cette dissolution…
Une bombe atomique s’est abattue cette semaine sur la vie politique française. Beaucoup ne s’en remettront pas. La dissolution décidée par Emmanuel Macron suspend les destins et rebat toutes les cartes. Les 30 juin et 7 juillet prochains, les électeurs français pourront – s’ils le désirent – changer la direction du gouvernement de la France. Et installer le RN à Matignon ?
La victoire du RN paraît certaine
L’étude de la carte électorale montre bien que l’hypothèse est plausible, voire probable. Gageons qu’au soir du premier tour, l’immense majorité des « duels » verra s’affronter le RN face à la gauche unie (dite « Front populaire »). En effet, le camp macroniste et les LR indépendants risquent d’aller au casse-pipe, en raison d’un étiage trop bas et d’une absence d’alliance mutuelle. Au second tour, cette dualité RN/gauche tournera dans la grande majorité des cas en faveur du RN, car le vote LFI (et gauche en général) fait désormais office de repoussoir dans quantité de circonscriptions rurales, périurbaines, côtières… Elles représentent la majorité du pays.
La dissolution pave donc la voie à Jordan Bardella, paradoxalement servi par l’union de la gauche et – cerise sur le gâteau pour lui – par la crise interne aux LR. La seule question est de savoir si le RN parviendra ou non à obtenir la majorité absolue des sièges.
Politique de la terre brûlée
Alors évidemment Emmanuel Macron clame, éternel Tartarin de Tarascon, que « rien n’est joué ». C’est une façade car le président de la République sait qu’il court droit à la défaite, puisqu’il l’a lui-même organisée. Oui, Emmanuel Macron a délibérément décidé de brûler ses vaisseaux. C’est sciemment qu’il s’apprête à sacrifier son gouvernement et l’immense majorité de ses troupes. En effet, les députés macronistes qui reviendront à l’Assemblée ne seront sans doute qu’une poignée.
Comment expliquer l’acte de la dissolution ? Deux hypothèses. Certains expliquent qu’Emmanuel Macron, plus machiavélique que jamais, aurait un plan génial en tête, qu’il voudrait confier le pouvoir au RN pour mieux le lui reprendre ensuite. D’autres, comme François Ruffin, jugent l’élyséen « totalement taré ». Préférons la première option, bien plus crédible.
Attal, Le Maire, Braun-Pivet : Macron s’en débarrasse avec plaisir
Emmanuel Macron – qui n’a que mépris pour les gens qui l’entourent – n’est sans doute pas mécontent de se débarrasser de « ceux qui [lui] doivent tout ». Attal, hier encore promis à lui succéder ? Il quittera Matignon et redeviendra député d’Issy-les-Moulineaux quand Gérald Darmanin retournera à Tourcoing.
Bruno Le Maire – qu’il dédaigne tellement – ne se représente même pas. Plus savoureux encore, la déchéance de Yaël Braun-Pivet, qu’il déteste. Elle peut dire au revoir au Perchoir et aux honneurs qui vont avec… Retour à l’envoyeur ! Même topo pour la plupart de ses ministres, dont la plupart courent droit la défaite.
Mourir symboliquement et préparer sa « Renaissance »
Emmanuel Macron n’hésitera pas à leur envoyer le baiser de la mort, s’exposant à qui mieux mieux, malgré son impopularité. Chaque fois qu’il se montre, il condamne un peu plus ses troupes. La grande majorité des députés macronistes se garderont bien d’ailleurs de mettre son portrait et son nom sur leurs affiches… La marque Macron ne fait plus vendre.
Demain, Emmanuel Macron sera donc seul face au RN. C’est ce qu’il voulait. La gauche s’est discréditée définitivement en acceptant de pactiser avec LFI. Quant à la droite, la voici ensevelie sous les décombres de ses divisions, prisonnière de ses mauvais vaudevilles. Gouverner par le chaos, allumer des brasiers et se proposer ensuite de les éteindre, voilà le choix – légèrement schizophrène – d’Emmanuel Macron. Celui qui aime tant briser les tabous ne fait que commencer. Emmanuel Macron compte bien effectuer un troisième mandat présidentiel. Quoi qu’il en coûte. All by myself.
Les perles de la politique
Ciotti est de droit président des Républicains ⸱ Un prétendu Bureau politique s’est réuni, mercredi 12 juin, pour « exclure » Éric Ciotti des LR. Or, d’un strict point de vue statutaire, cette décision constitue une violation du règlement intérieur de cette famille politique. En effet, pour se réunir, le Bureau politique se doit d’être convoqué par le président ou sur demande du quart des membres du Conseil national. Même dans cette hypothèse, le président des LR doit – section 4 article 22 du règlement intérieur – accuser réception de cette demande et organiser le Bureau politique sous huitaine. Or, Éric Ciotti n’a évidemment pas accusé réception de cette demande. Il est donc le seul à pouvoir se prévaloir du titre de président des LR. Point à la ligne.
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