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« L’œil politique » ferme sa paupière en cette fin d’année. L’occasion de souhaiter à l’ensemble de nos lecteurs un très joyeux Noël et par avance, une année 2024 marquée par l’espérance et la confiance.
Nous ne reviendrons pas sur l’actualité politique éruptive de la semaine, laissant aux « commentateurs » qui commentent si mal le soin de s’agiter et de ruer dans les brancards. Pour l’heure, place à la magie de Noël dont nous avons tant besoin…
25 décembre 1889. Madame Cécile Carnot, épouse du président Sadi Carnot, décide de recevoir 400 petits parisiens dans la Salle des Fêtes de l’Élysée, tout juste inaugurée. Charles Chincholle, journaliste au Figaro, relate l’événement : « Les maires ont prié les instituteurs et institutrices de leur désigner les enfants les plus pauvres et les plus intéressants ». Ainsi, malgré les efforts des mères de famille, beaucoup de petits entrent donc dépenaillés, fort humbles, dans ce grand palais de la République. Au milieu des dorures, les enfants se redressent, impressionnés par le décorum.
Malgré leur nombre important, nul brouhaha. Charles Chincholle nous conte cette histoire poignante d’une enfant qui refusa l’injustice : « Une petite fille du IVe arrondissement, ayant été désignée par l’institutrice mais non choisie par le maire, n’a pas accepté cette exclusion. Partie de chez elle à pied, elle s’est présentée toute seule à l’Élysée en disant aux huissiers : « J’ai été choisie par ma maîtresse ». Et la voilà ». 401 enfants sont donc finalement présents.
Poupée pour les filles, fusil pour les garçons
Toute émue, l’épouse du Président de la République s’exprime devant la jeune assistance : « Mes chers enfants, je vous remercie bien d’avoir répondu à mon appel. Le Président de la République se faisait une fête de venir au milieu de vous. Par malheur, il est encore forcé de garder la chambre et le lit. Sa maladie néanmoins n’offre aucun danger et ne doit pas attrister votre Noël. J’aurai le plaisir tout à l’heure de remettre à chacun de vous des objets qui vous seront personnels et qui seront bien à vous ; un livret, un vêtement, un volume, un fusil aux garçons, une poupée aux petites filles ; mais nous devons également penser à ceux qui ne sont pas ici, à vos frères à vos sœurs ».
La charmante épouse poursuit : « Vous trouverez pour eux dans vos paniers, des images, du chocolat et vous partagerez entre eux les petits joujoux qui vous seront donnés en dernier lieu. En attendant, asseyez-vous. Des marionnettes vont vous jouer la comédie ».
Le Général de Gaulle acclamé par les petits français
De manière surprenante, en 1964, le Général de Gaulle décide de « passer une tête » dans la salle des fêtes où se déroule le Noël de l’Élysée. Il quitte son bureau en costume militaire et crée l’ovation lorsqu’il se présente aux enfants, lesquels ne demandent qu’à le saluer. Ce héros de l’Histoire est certes bien différent du magicien René Septembre, du ventriloque Courtois ou encore du clown Filip (peut-être Édouard de son prénom ?) qui viennent de se produire devant un public conquis.
Quelques années plus tard, l’œil amusé de Georges Pompidou observe le concert bon enfant des « Charlots ». Pompidou en profitera pour dire quelques mots gentils et conseiller aux petits de bien travailler à l’école. Des jeux de société sont notamment offerts par Madame Claude Pompidou.
Un showman nommé Giscard
Valéry Giscard d’Estaing innove… C’est bien le moins que l’on puisse dire ! En 1974, c’est au côté de « Nounours », personnage fameux de « Bonne nuit les petits » qu’il fait une apparition, tel le marchand de sables… Il ne manquait plus que Nicolas et Pimprenelle ! Remarquons que le Noël de l’Élysée est désormais essentiellement réservé aux enfants du personnel du palais. Ensuite, en 1975, Giscard s’adjoint les services du populaire Claude François. Le président accompagne le chanteur yéyé au piano, sur l’air de Douce Nuit… Une autre année, c’est Mireille Mathieu qui apparaît tout sourire (comme toujours), ravie de caresser le chien du président. Non content, en 1976, « VGE » se produira cette fois aux côtés de Casimir, le gentil monstre jaune qui fait alors les grandes heures de TF1…
Un futur ministre ? Après tout, en 1980, le chanteur Gérard Lenormand imagine un gouvernement rêvé dans « Si j’étais président ». Souvenirs : « Je nommerais, bien sûr, Mickey premier ministre / De mon gouvernement, si j’étais président / Simplet à la culture me semble une évidence / Tintin à la police et Picsou aux finances / Zorro à la justice et Minnie à la danse / Est c’que tu serais content, si j’étais président ? / Tarzan serait ministre de l’écologie / Bécassine au commerce, Maya à l’industrie / Je déclarerais publiques toutes les pâtisseries / Opposition néant, si j’étais Président ! ».
Le couple Chirac : les Papa et Maman Noël de la République
Plus distant, Mitterrand laissera volontiers cette corvée à son épouse, s’en tenant le plus souvent au service minimum. Même si dans les dernières années de son mandat, malade, il se laissera gagner par la naïveté enfantine, soudain ému de rendre un enfant heureux en lui adressant un cadeau.
Le couple Chirac adorera l’exercice. Les enfants déferlent en file indienne devant Jacques et Bernadette qui distribuent des gros paquets à tout va. Chirac n’hésite pas à s’installer à table pour partager le goûter des petits tandis que Chantal Goya assure le spectacle. Les Papa et Maman Noël de la République ouvrent grand les portes de l’Élysée et font de ce moment un moyen d’apporter du réconfort aux exclus et aux délaissés, renouant avec la volonté de Madame Coty. Ainsi en 2001, viennent les enfants des familles de sinistrés de la Somme, département victime d’importantes inondations.
Sarkozy et Hollande brouillent les valeurs familiales
Sarkozy voudra comme souvent voir large, peut-être trop. Il délocalise le Noël de l’Élysée dans de grandes salles parisiennes, comme l’Olympia ou Mogador, cela pour accueillir toujours plus d’enfants. Pour l’animation, il s’en remet tantôt à Tex, tantôt à Jean-Luc Reichman. Christophe Maé ou encore la troupe de « Mozart, l’Opéra Rock » reprennent les chansons tant aimées. Mais comment expliquer aux enfants le passage d’une épouse, Cécilia, à une autre, nommée Carla ?
Cela ne sera pas mieux avec François Hollande qui assurera le Noël élyséen d’abord avec sa concubine, Valérie Trierweiller puis seul, tel un célibataire endurci. En effet, Julie Gayet, sa voisine et maîtresse de la rue du Cirque, a eu une panne de scooter… Elle n’a pas pu se rendre disponible pour les marmots. Aux côtés du président, c’est le foutraque Alex Goude, le charmant Matt Pokora ou la belle Lorie qui font rêver les minots. En 2013, la panthère rose fait également le déplacement, se pavanant sur le perron de l’Elysée. Quoi qu’il arrive, il faut nettoyer le palais à toute allure car Angela Merkel arrive pour un dîner de travail !
Un malicieux lutin nommé Macron
Depuis 2017, retour à un programme plus traditionnel – au moins en apparence – avec le couple Emmanuel/Brigitte. Souvent présenté par la presse de gauche comme le « père fouettard » des Français, le jeune quadra utilise ce moment pour apparaître un peu plus sympathique. Cette année par exemple, La Provence nous informe que huit enfants en foyer ont eu le plaisir de venir assister aux prestations des candidats de la « Star Academy ».