Entreprises en danger, régions à réaction

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Les entreprises ont besoin d’aide, plus que jamais. L’État central a décrété le sauvetage généralisé. Mais les régions aussi répondent présentes, pour accompagner les acteurs économiques de leur territoire, les aider à garder, si possible, la tête hors de l’eau. Entre déclinaisons régionales des mesures nationales et initiatives propres, tour d’horizon de l’assistance et des plans régionaux pour les entreprises.

Relance

Au menu de secours pour les entreprises de la région francilienne : un plan d’urgence en 15 réponses majeures, élaboré par l’Île-de-France présidée par Valérie Pécresse, en partenariat avec l’État et Bpifrance. Outre le fonds de solidarité, auquel l’Île-de-France offre un soutien complémentaire « anti-faillite » jusqu’à 10 000 euros, les prêts garantis par l’État et autres mesures nationales, la région a notamment lancé le Fonds Résilience, une avance remboursable à taux zéro de 3 000 à 100 000 euros pour les entreprises de 0 à 20 salarié·es, jusqu’à 6 ans. L’union a fait la force pour la création en juin 2020 de ce fonds doté de 100 millions d’euros par la région, la Banque des territoires et 70 collectivités locales dont la métropole du Grand Paris et la Ville de Paris. Le fonds a permis de sauver près de 200 000 emplois.

Pour « l’après », le Prêt rebond à taux zéro vise à renforcer la trésorerie des TPE-PME fragilisées lors de la relance de leur activité. L’aide Relance industrie offre une subvention plafonnée à 800 000 euros aux projets de transformation, de modernisation et de relocalisation de site de production sur le territoire francilien. Une relance qui passe également par l’accompagnement vers l’emploi, au travers de la plate-forme Ensemble pour l’emploi, lancée en partenariat avec Leboncoin et la start-up StaffMe et qui aide recruteur·ses et chercheur·ses d’emploi.

Soutenir aussi l’aéronautique et le spatial

Pour limiter la casse, la région a soutenu quelque 50 500 entreprises en 2020, pour un total de 353 millions d’euros et de 250 000 emplois préservés. Et 2021 s’annonce dans le même ton, avec notamment la création, avec la CCI et l’Agence régionale Énergie climat d’un portail de financement participatif des porteurs de projets occitans, avec pour objectif 20 millions d’euros sur 5 ans. Autre cheval de bataille : la relocalisation des entreprises, portée par l’Agence régionale pour les investissements stratégiques (Aris) avec un budget de 45 millions d’euros sur 5 ans. Pour soutenir la trésorerie de ses entreprises, l’Occitanie a également lancé le Prêt rebond, qui a bénéficié à 644 sociétés pour 60 millions d’euros, le Pass Relance, une subvention plafonnée à 60 000 euros et le Contrat Relance, avec jusqu’à 2 millions d’euros d’avances remboursables. Pour sa filière aéronautique, outre son plan d’urgence de 100 millions d’euros (formation, accompagnement de la production et outils financiers) lancé en juillet 2020, la région toulousaine entretient le Pass Relance aéronautique-aérospatial, qui accorde des subventions à des entreprises jusqu’à 500 salarié·es pour qu’elles se diversifient. La nouveauté de 2021 : le fonds Impulsion de 50 millions d’euros, pour le rebond des PME et ETI.

Fonds et subventions

La région présidée par Xavier Bertrand a profité de la nouvelle année pour faire évoluer son fonds de premier secours covid-19 destiné aux entreprises touchées par la crise. Jusqu’alors, l’aide prenait la forme d’une solution mixte prêt-subvention : soit 85 % pour le premier avec un montant maximal de 42 500 euros et 15 % pour la seconde avec un montant maxi de 7 500 euros. Désormais, l’aide sera constituée exclusivement d’un prêt dont le montant pourra varier de 5 000 à 50 000 euros. Plus globalement, la région du nord a voté un plan de relance de 1,3 milliard d’euros, avec notamment le gel du remboursement des avances de la région jusqu’à l’été 2021.

Les communautés d’agglomérations sont également actives, à l’instar de l’agglomération Maubeuge Val de Sambre et son fonds d’urgence CAMVS, qui assure une subvention de 1 000 euros minimum et dans la limite de 2 500 euros pour les entreprises de 1 à 5 salarié·es et de 3 500euros pour les entreprises de 6 à 10 salarié·es. Un fonds de premier secours à l’adresse des PME de moins de 25 salarié·es réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 50 000 euros est, lui, doté de 4 millions d’euros. La métropole européenne de Lille n’est pas en reste, avec son Fonds de rebond, doté de 20 millions d’euros et destiné à prendre en charge l’équivalent de 3 mois de loyers à hauteur maximum de 1 500 euros (16 000 TPE et PME sont éligibles).

Résistance

Au nombre des régions les plus durement touchées par la première vague de covid-19 (le cluster de Mulhouse fut le premier du genre en France), le Grand Est a su réagir pour maintenir à flot son tissu économique. Parmi les dispositifs d’urgence, le Prêt rebond convenu avec Bpifrance est venu renforcer la trésorerie des PME et ETI fragilisées, grâce à des prêts égaux au montant des fonds propres de l’emprunteur, de 10 000 à 150 000 euros. Le tout pour une durée de 7 ans, dont 2 ans de différé d’amortissement en capital, et, dans certains cas, un prêt à taux zéro.

Les associations, microentrepreneur·ses et TPE bénéficient du fonds Résistance et de ses 44 millions d’euros, sous forme d’avances remboursables de trésorerie. Jusqu’au 30 juin 2021 au plus tard, ce fonds couvre jusqu’à 100 % du besoin de fonds de roulement au moment de la demande. Outre les dispositifs globaux, la région Grand Est propose aussi des aides plus spécifiques qui prennent tout leur sens en pleine crise sanitaire, comme l’aide à l’édition indépendante, accessible jusqu’en octobre 2021 et adressée aux projets éditoriaux innovants, y compris numériques et multimédias.

Entreprises, commerces et… étudiant·es

Très impactée par la crise sanitaire et les arrêts d’activité, la première région industrielle française investit pour ses entreprises. En juillet 2020, elle a voté un plan de relance économique d’un milliard d’euros sur trois ans (avec un effet levier de 3 milliards d’euros), articulé en 4 axes : volet territoires (443 millions), volet économie régionale et de proximité (140 millions), volet emploi (335 millions) et volet développement durable et numérique (115 millions). Pour accompagner le tout, un fonds d’accompagnement de la relocalisation d’entreprises en Auvergne Rhône-Alpes a été doté de 300 millions d’euros et doit à terme sécuriser ou créer 50 000 à 100 000 emplois. Pour les commerces toujours fermés (restaurants, bars, hôtels, traiteurs, salles de sport…), une prise en charge rétroactive des investissements effectués depuis le 1er janvier 2020 est prévue à hauteur de 25 % et jusqu’à 5 000 euros, ainsi qu’une aide de 5 000 euros pour tous les investissements liés au développement de la vente à emporter (+ 1 500 euros pour le commerce en ligne) et un prêt à taux zéro, jusqu’à 30 000 euros, garanti par la région avec un différé de remboursement de deux ans. Dernier dispositif en date : un nouveau lot de mesures d’aides aux étudiant·es et aux jeunes précaires, dont une enveloppe de 5 à 10 millions d’euros pour aider les alternant·es et un soutien financier pour les associations qui aident les 380 000 étudiant·es de la région lyonnaise.

ADAM BELGHITI ALAOUI

Au Sommaire du dossier 

1. Entrepreneuriat et aides à la création, paire gagnante

2. L’art et la manière de sauver son entreprise

3. Paur sauver/créer sa boîte, des ruptures inéluctables

4. Entreprises en danger, régions à réaction

5. Comment les États tentent-ils de sauver leurs entreprises ?

 

 

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