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Et si l’économie cessait d’exploiter le vivant pour plutôt s’accorder aux écosystèmes ? Utopie de la chercheuse Isabelle Delannoy ? Pas tant que cela, pour celle qui trouve des liens entre agroécologie, entreprises libérées et expériences de gouvernance partagée. Pour la première fois, l’ingénieure agronome propose une synthèse entre de nombreuses techniques et recherches mises en lumière ces dernières années : permaculture, économie circulaire, économie de la fonctionnalité, du partage – pair à pair –, économie sociale et solidaire, monnaies complémentaires… En associant les bénéfices de chacune d’entre elles et en en trouvant le principe commun, elle parvient à des résultats époustouflants. Dans de nombreux domaines nous pourrions réduire de plus de 90% notre utilisation de matière tout en redéveloppant les capacités productives des territoires. Nous pourrions remplacer l’utilisation du métal et des minerais par celle de plantes et éviter ainsi d’envoyer des êtres humains au fond des mines. Nous pourrions créer des cités autonomes en eau, en énergie, en nourriture fraîche, mêlant immeubles-forêts et jardins filtrants, cités numériques et jardins d’hiver, autoroutes à vélo et véhicules auto-construits, agriculture, fablabs et manufactures locales. L’homme est capable d’accélérer les symbioses que la nature met des années à mettre en place. L’épuration des eaux usées par les jardins est un bon exemple. Nos déchets deviennent les nutriments des plantes. Avec un terrain de 100 mètres carrés on peut filtrer les eaux d’un immeuble de 100 habitants. Cette économie s’appuie sur la symbiose entre l’intelligence humaine, la puissance des écosystèmes naturels et la technosphère (les outils). En trouvant le juste équilibre entre les trois, il est possible de produire sans épuiser les ressources, mais en les régénérant, explique celle qui a coécrit il y a dix ans le film Home de Yann Arthus-Bertrand. Optimiste et réaliste, à lire en urgence.
« L’économie symbiotique », d’Isabelle Delannoy, éd. Actes Sud, 2017.