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Quand l’incompétent se croit compétent.
Chaque semaine, nous mettons à l’honneur un concept, une expression, une théorie, un jargon… directement lié à notre quotidien : la vie de bureau ! Zoom sur l’effet Dunning-Kruger.
Ce phénomène, encore peu connu du grand public, est en réalité bien présent en entreprise. Qui n’a jamais connu un collaborateur un peu trop confiant par rapport à ses capacités ? C’est ce qu’on appelle l’effet Dunning-Kruger, qui signifie avoir un excès de confiance en soi et qui se traduit notamment par une surestimation de ses performances. À l’origine de ce concept, deux psychologues : David Dunning et Justin Kruger Spar, qui en 1990 aux États-Unis se sont inspirés d’une histoire de braquage et de citron. L’œuvre d’un homme qui décide un jour de braquer une banque parce qu’il se croit invisible après s’être recouvert de jus de citron. L’explication : il pensait dur comme fer que le citron le rendrait invisible comme c’est le cas pour l’encre sympathique.
Un comportement qui est le résultat d’un biais cognitif, soit dans ce cas précis l’incapacité à reconnaitre objectivement son incompétence. Les deux chercheurs matérialisent cette idée à partir d’une courbe qui varie selon le niveau d’expertise de la personne : débutant, confirmé ou expert. Le débutant aura tendance à avoir une trop grande confiance en se plaçant même au-dessus des experts. Au fil du temps l’individu parviendra à s’auto-évaluer de manière consciente pour atteindre enfin un niveau de confiance plus en phase avec ses compétences. L’enseignement à en tirer ? « L’ignorance engendre plus fréquemment la confiance en soi que ne le fait la connaissance », pour reprendre les termes de Charles Darwin.
Mais alors quelles répercussions sur l’entreprise ?
Si le syndrome de Dunning-Kruger peut provoquer des situations cocasses, il pèse aussi sur l’entente générale de l’équipe. Un collaborateur qui souffre de ce syndrome aura plus tendance à se mettre en avant, montrer qu’il sait mieux que les autres, remettre en question la parole d’un expert ou encore se sentir en position de force sur un sujet. Un comportement qui peut entraîner des conflits et détériorer les relations entre collègues.
Pour limiter cet effet et temporiser la situation entre collaborateurs, il existe plusieurs techniques. Dans un premier temps, il convient de savoir reconnaitre l’effet Dunning-Kruger et de l’appréhender. Noter que le collaborateur sera réfractaire à toute critique injustifiée et qu’il sera incapable de se remettre en question sans preuves irréfutables comme des données chiffrées. Pour gérer un tel profil, il faut de la patience et surtout œuvrer avec subtilité en lui proposant de suivre des formations par exemple. Une manière douce de lui faire connaitre le métier afin qu’il se rende compte par lui-même qu’il ne connait pas toutes les subtilités du travail en question. À terme, il retrouvera la voie de l’humilité et cumulera les savoirs pour atteindre un niveau d’équilibre entre ses compétences et celles attendues.