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55 % d’entre nous déclarent avoir souffert de la chaleur dans notre logement pendant au moins 24 heures en 2023.
Nous venons d’affronter le cinquième été le plus chaud depuis le début du XXe siècle. Nous subissons des vagues de chaleur plus intensives, plus fréquentes, et dont la durée a été multipliée par neuf en quelques décennies. Et en parallèle, hélas nombre de nos logements ne sont pas adaptés.
Une récente étude de la Fondation Abbé Pierre indique que la précarité énergétique n’est pas une spécificité hivernale. 55 % d’entre nous déclarent avoir souffert de la chaleur dans notre logement pendant au moins 24 heures en 2023. En cause, les 4,8 millions de résidences énergivores, qui se transforment en bouilloires pendant l’été. Seulement 56 % des logements avec fenêtres exposées au sud, à l’est ou à l’ouest sont équipés d’occultants et peu d’entre eux sont prêts à faire face aux conséquences du réchauffement climatique car ils ne disposent pas d’une bonne isolation des murs, d’une protection solaire ou d’un espace extérieur.
Une double peine pour les ménages défavorisés
Ce phénomène de « logements bouilloires » touche particulièrement les ménages défavorisés. « Majoritairement locataires et sans moyens techniques et financiers pour effectuer des rénovations, les plus modestes subissent la double peine des conséquences du dérèglement climatique alors même qu’ils ont les moins importants contributeurs », remarque Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
Durant l’été 2023, les canicules ont provoqué plus de 5 000 décès dans l’hexagone Et si l’on tarde à agir, la mortalité européenne liée à l’extrême chaleur pourrait atteindre 68 000 décès en moyenne chaque année d’ici à 2030, 94 000 d’ici à 2040 et 120 000 décès d’ici à 2100 ! Un éclairant rapport de la Cour des comptes en avril 2024, alerte sur l’impact sanitaire des vagues de chaleur : maux de tête, nausées, risques cardiovasculaires et rénaux, troubles de la grossesse… Des désagréments qui appellent à une sollicitation accrue du système de santé. Mais au-delà de ces impacts sanitaires, ces canicules se révèlent néfastes sur la vie sociale et professionnelle : productivité réduite et souvent une hausse des comportements violents.
Le péril mortel de la précarité énergétique
Ce qui est en cause, c’est l’habitabilité des logements et leur aptitude à protéger leurs habitants des conséquences sanitaires et sociales de la chaleur. Les auteurs de l’étude déplorent que l’adaptation des logements ne figure pas au cœur de la lutte contre la précarité énergétique dont la définition légale ne tient toujours pas compte des difficultés à maintenir une température tolérable dans sa résidence pendant les périodes de chaleur. Et si une directive européenne sur l’efficacité énergétique a tant bien que mal, réussi à introduire la notion de « rafraichissement » en 2023, cela n’a pas changé pour autant la donne.
Il faut aller plus loin en isolant ces logements, améliorer leur ventilation, mettre des volets, installer des brasseurs d’air, repeindre les façades, toitures en clair, végétaliser les balcons, les cours d’immeuble, les rues… Il est impérieux d’instaurer un plan « grand chaud » qui permet de protéger les personnes sans abri et habitants de lieux de vie informels, particulièrement vulnérables lors des canicules. Intégrer surtout la notion de chaleur aux critères de décence des logements. État, collectivités et propriétaires doivent prendre conscience de ce péril mortel de la précarité énergétique d’été et agir !