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La situation dégradée de notre planète et les risques qui pèsent sur la vie exigent l’élargissement du concept des « biens communs mondiaux ».
Face aux périls écologiques que traverse notre planète, la science veut réinventer la gouvernance mondiale pour la préserver. Depuis 2009, une équipe de chercheurs dirigée par Johan Rockström du Stockholm Resilience Center (SRC) est mobilisée pour y réfléchir. Elle a établi neuf limites allant du changement climatique à l’acidification des océans en passant par l’érosion de la biodiversité ou le cycle de l’eau douce comme seuils critiques à ne pas dépasser pour maintenir les équilibres de la vie sur Terre. Leur récente étude en 2023 vient d’alerter que six limites planétaires viennent d’être franchies ! Ainsi l’état de notre planète est mauvais !
Comment répondre à ce dysfonctionnement ? Les scientifiques proposent une refonte de la gouvernance des biens communs mondiaux en intégrant les systèmes biophysiques critiques de régulation et leurs fonctions, clés pour maintenir la vie sur Terre. Il est temps d’inclure dans les communs universels les éléments terrestres qui contribuent aux fonctions d’équilibre tels que les forêts, les calottes glaciaires, les espaces de pergélisol, les mangroves… Et cela indépendamment des frontières étatiques.
La situation dégradée de notre planète et les risques qui pèsent sur la vie exigent l’élargissement du concept des « biens communs mondiaux », élaboré à la fin de la Seconde guerre mondiale et qui comprennent la haute mer, les grands fonds marins, l’Antarctique, l’atmosphère et l’espace extra-atmosphérique. Il faudrait dépasser ce paradigme traditionnel juridique pour mieux assurer une gestion collective de ces biens, garantissant un accès équitable aux ressources. Cette gouvernance manque d’efficacité parce qu’elle est conduite sur la répartition de zones spécifiques et non sur la préservation des fonctions de régulation de la vie sur Terre.
Un engagement est nécessaire
Aujourd’hui, l’humanité est bien entrée dans l’ère de l’Anthropocène, nouvelle et dangereuse trajectoire, caractérisée par des risques de changements irréversibles. C’est une période bien différente de l’Holocène et la stabilité de l’univers. Dans la revue scientifique PNAS, les chercheurs présentent un cadre des biens communs planétaires qui va au-delà du celui des biens communs mondiaux. Il faut inventer une gouvernance des ressources partagées qui sécurise, indépendamment des limites géographiques des États, appelés à collaborer étroitement avec les peuples autochtones. Reconnaitre à ces derniers leur rôle prépondérant en tant que gardiens des écosystèmes.
Reste à savoir, si l’humanité est capable de relever un tel défi essentiel pour notre survie et l’avenir des générations futures. Aujourd’hui, l’habitabilité de la Terre est menacée par le franchissement de ces limites planétaires. Cette magnifique proposition scientifique nécessite un engagement citoyen et une volonté politique.