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« Le chemin vers la réussite est semé d’embûches ». Ce proverbe aurait pu être écrit par Sébastien Specht. Après avoir hésité entre une carrière d’industriel ou d’architecte, il se dirige finalement vers une école de commerce, « comme tout le monde ». Un choix qui se révèlera judicieux, car il y fait la rencontre de ses futurs
associés. Ensemble, ils commercialisent des jus de fruit. Pandémie, départ de ses associés, changement d’identité, incendie… La maison Specht a vécu quelques rebondissements !
Originaire d’Alsace, Sébastien Specht choisit le soleil de la Côte d’Azur pour profiter de ses années estudiantines. Cet épicurien dans l’âme s’entoure de ses trois colocataires pour concevoir un guide qui répertorie les meilleures adresses du coin. Une première étape vers l’entrepreneuriat. Avant la fin de leurs études, les acolytes décident de monter une boite. L’aventure démarre en 2010.
« À la frontière entre deux mondes »
Reste maintenant à trouver l’activité. Très vite, ils se tournent vers l’agroalimentaire. « Nous aimons bien manger et boire. En école de commerce, les soirées arrosées rythment le quotidien. On buvait du jus avec de la vodka bas de gamme. » Ils décident de lancer une marque de jus originale, un produit hybride entre l’alcool et le soft. « L’idée c’était d’être à la frontière entre deux mondes : ne pas culpabiliser les gens qui ne consomment pas d’alcool et, en même temps, nos cocktails fruités servent de diluant pour ceux qui en boivent. » Le nom de l’entreprise ? Borderline.
Derrière le produit, c’est tout un univers qui prend vie. Ce ne sont pas des simples boissons, mais des personnages. Ainsi naissent Nymphette Délicieuse ou Dandy des Bas-Fonds. Au départ, ils ne fabriquent pas leurs jus eux-mêmes. Après six ans, ils décident de faire évoluer le produit.
« Demain, ça ira mieux »
« La seule façon de vendre un produit tel qu’on l’imagine c’est de le faire nous-mêmes. » À l’âge où leurs copains se marient et deviennent propriétaires, Sébastien Specht et ses associés installent un véritable atelier de production dans sa cuisine en Seine-Saint-Denis (93). Le matériel est précaire : une cuve, un tuyau et une casserole. Désireux de faire évoluer leur produit vers une offre premium, ils se retirent de la grande distribution pour proposer leurs jus à des cafés, bars et restaurants. « À partir de 2016, nous gagnons en légitimité. » Exit Borderline, place à La Boissonnerie de Paris.
« Nous faisons tout cela avec nos fonds personnels. J’ai 36 ans, je dors au bureau et je mets mon appartement en sous-location pour pouvoir payer mon loyer. » De nature optimiste, Sébastien Specht se répète que « demain, ça ira mieux ». Avant la pandémie, ils investissent dans une ligne de production entièrement automatisée. Chaque année, depuis 2016, l’entreprise enregistre un taux de croissance de 30 à 40 %. Entre temps, deux des associés quittent la société. En 2020, la pandémie est signe de renouvellement : les recettes sont retravaillées, une grande partie de la production passe en bio avec le lancement d’une gamme d’infusions et de thés glacés. La réouverture des bars et des restaurants est synonyme de croissance pour l’entreprise jusqu’en 2023.
Renaître de ses cendres
Le 1er février 2024 un incendie se déclare dans le bâtiment qui jouxte l’atelier de production. La société est contrainte de s’arrêter plusieurs mois. Après 14 ans d’entrepreneuriat, l’incendie est source de questionnements : « J’ai envisagé d’arrêter ». Ce qui semblait être la fin de l’aventure marque le début d’une autre. Il se sépare de son dernier associé, qui reste son meilleur ami, et l’entreprise déménage à Mantes-la-Jolie (78). L’identité de la marque est entièrement retravaillée. Désormais, seul à la tête de la société, Sébastien lui donne son nom : la Maison Specht voit le jour. « En allemand, Specht veut dire pivert. L’oiseau frappe le tronc jusqu’à atteindre son objectif. C’est très représentatif. » La production redémarre en septembre 2024, en seulement quelques mois, la Maison Specht réalise un chiffre d’affaires (CA) d’un million d’euros.
En-dehors du travail, l’entrepreneur trentenaire se passionne pour la boxe. « Un entrepreneur sait encaisser les coups pour mieux se relever. »
LISA BEGOUIN






























