​Monbanquet, un agrégateur d’artisans qui s’est réinventé

Banquet d’Astérix et Obélix contemporain...
Banquet d’Astérix et Obélix contemporain...

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Rois du pétrin

Maxime Renault et ses deux associés ont su pivoter à un moment critique, pour que leur projet hasardeux se transforme en un traiteur original et prometteur.

Lorsque Sheryl Sandberg a dégusté un mini-bagel à la Station F, pour fêter le partenariat avec Facebook, les images ont fait le tour du monde. Le fournisseur était un boulanger des environs, par l’intermédiaire de MonBanquet. Ce traiteur aux prix abordables, qui fait appel aux artisans proches, est né en mai 2015, lorsque Maxime et ses deux associés sont parvenus à relever le défi de nourrir 300 personnes avec un budget de 300€, lors d’un « MashUp » sur le thème de l’entrepreneuriat… Mais cette joyeuse naissance est en fait l’aboutissement de plusieurs tâtonnements et échecs…

Premiers essais sans modèle économique

Etudiant à Centrale Paris, Maxime Renault a un jour recherché une boulangerie dans un village du sud de la France. « Ne pouvant la trouver que physiquement, j’ai déploré que nos artisans boulangers, qui incarnent la qualité de vie française, soient aussi peu présents en ligne », se souvient le jeune homme originaire du Val d’Oise, qui lance donc en 2013 le site DuBonPain avec Hugo Rivière, un ami de classe prépa étudiant à Ensta ParisTech, et Mario Matar, diplômé d’un master informatique à l’université Paris VI. Le but ? Promouvoir la qualité de la production artisanale des boulangeries sur la Toile. Tout en enchaînant avec un double diplôme à l’ESSEC, il rend visite aux boulanger en leur proposant de se référencer en ligne. « Les «râteaux» se sont un peu enchaîné, car les commerçants ne percevaient pas la valeur ajoutée de cette solution, alors que tous se plaignaient de la concurrence avec les industriels de la boulangerie ! », se souvient celui qui crée tout de même une page Internet, donc une vitrine gratuite sur le Web, pour 30000 artisans boulangers – dont 300 l’ont agrémentée. « Nous sommes finalement parvenus à gagner une véritable crédibilité auprès de la profession », remarque ce tenant du gratuit, espérant se rémunérer plus tard en proposant des outils supplémentaires de dynamisation des ventes, telle la possibilité de commandes en ligne. « Pendant trois ans, en parallèle des stages et expériences à l’étranger, nous avons continué le développement. Nos trains de vie d’étudiants nous le permettaient. Mais il nous a fallu prendre une décision stratégique, déterminer un modèle économique », se remémore l’actuel CEO. Le trio s’est donc essayé à créer une plateforme de commande en ligne pour des formules-déjeuners, avec paiement CB en ligne. Le click and collect a été lancé. « Au bout de quelques mois ce fut la douche froide. La situation était plus compliquée que prévu, les consommateurs ne semblaient pas prêts, notre valeur ajoutée était faible pour les artisans – lesquels avaient du mal à suivre (temps réel, gestion des stocks). Enfin nous prenions seulement 50 centimes par transaction, le volume nécessaire était trop conséquent », déplore celui qui s’est aussi essayé à l’évènementiel dans les boutiques, ou à la livraison de pain en plus des plats livrés par les Deliveroo… non rentable.

La bonne formule au bon moment

Puis est survenu ce fameux évènement en juin 2015, où le trio, grâce aux partenaires, a géré un peu par hasard le buffet pour 300 personnes avec 300 euros de budget. « Beaucoup de convives sont venus nous voir, férus de ces produits simples qui changeaient des petits fours industriels. Ils voulaient passer commande. Nous avons alors saisi l’opportunité », se félicite Maxime Renault, qui a alors enregistré durant trois mois, grâce à la distribution de cartes de visites et au bouche à oreille, plus d’une commande par jour. « En septembre 2015 nous avons lancé la marque «Mon buffet par du bon pain», remplacée en 2016 par MonBanquet afin de détacher notre image de la boulangerie et d’élargir la palette d’artisans de bouche (fromagers, charcutiers, épiciers, restaurateurs, cavistes… NDLR) », explique celui qui, bien qu’il n’apprécie pas le terme, a pivoté autour de son idée centrale pour sortir par le haut de la situation : promouvoir la production artisanale locale grâce à la Toile. Valorisation du savoir-faire auprès des organisateurs d’événements et grande flexibilité pour répondre aux demandes ont différencié cet acteur qui a choisi de se recentrer uniquement sur les entreprises et associations. Le fait d’avoir remporté des appels d’offre face aux concurrents traditionnels (Lenôtre, Potel & Chabot) à la Philarmonie de Paris, à la Maison de la Radio ou au Sénat ont fait gagner en crédibilité ce petit Poucet qui a vite aspiré à devenir grand : 500000 euros ont été levés auprès du fonds ISAI en juin 2016.

Un modèle trouvé grâce aux partenaires

La valeur-ajoutée de MonBanquet réside dans la capacité à réunir divers savoir-faire – y compris dans la logistique et les maîtres d’hôtels – pour au final être l’unique interlocuteur du client final. Une agrégation qui requiert de la confiance entre tous les acteurs. « Nous avons donc décidé de ne pas fonctionner à la commission. Nous ne sommes pas de simples apporteurs d’affaires, nous représentons une nouvelle activité pour eux. Nous concoctons les menus et faisons en sorte que chacun se concentre sur son métier. Nous achetons donc les produits et faisons notre marge dessus », relate le dirigeant, qui totalise une vingtaine de partenaires à Paris et Lyon où l’entreprise est présente, compte aujourd’hui 20 salariés et a déjà touché 150000 personnes au travers des évènements couverts. Une prouesse rendue possible avant tout grâce à la relation de confiance nouée avec les artisans partenaires. « Nous sentions que nous pouvions leur apporter de la valeur, mais nous ne savions pas encore comment. Des signaux faibles nous indiquaient que nous allions parvenir à faire quelque chose. Le rebond est survenu naturellement. Nous n’avions pas vu le marché traiteur », raconte celui qui enjoint les chercheurs de modèle à rester ouverts, et à se lancer sans retenue dans l’aventure dès les premiers clients. « Le client aime qu’on lui raconte l’histoire qu’il y a derrière un produit qu’il mange : qui est l’artisan, pourquoi on travaille avec lui… Tout cela se construit grâce aux échanges soutenus que nous entretenons avec eux », conclut celui qui partage entièrement ses idées, même en phase de création.

Julien Tarby

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