Jean-Philippe Bosnet, Pdg. de Global Concept, trublion des telecoms

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Le transmetteur

A 54 ans cet autodidacte peut se targuer d’avoir secoué le cocotier des télécoms avec sa société Paritel (devenue Global Concept), grâce à une méthode bien à lui. Lumière.

Ce dirigeant ne semble pas s’être soumis aux impératifs de Realpolitik d’une entreprise qui grandit et adopte moult procédures, conservant coûte que coûte une ouverture humaniste et une volonté de transmission. Pourtant sa société, qui fournit, installe et entretient des standards téléphoniques, vend de la ligne, du gigaoctet et maintenant du Cloud aux entreprises – particulièrement aux TPE et PME –, parvenant à jouer des coudes avec les mastodontes des télécoms. Sa recette ? Il la tire d’un parcours atypique de self-made man qu’il n’oublie pas et transforme en atout.

Une histoire peu commune

En 1979, ce Parisien de 16 ans, fils d’un électricien et d’une assistante de direction, quitte l’appartement familial et l’école, sans vraiment d’ambition particulière. Après quelques années comme disquaire, il se tourne vers l’immobilier, étant doté d’une véritable fibre commerciale. « J’ai collaboré avec mon seul et unique patron pendant cinq ans, afin de transformer un réseau d’agences parisiennes en une franchise », se souvient celui qui se sent vite touché par le virus de l’entrepreneuriat. L’élément déclencheur ? En 1991 ce père de quatre enfants accompagne un ami entrepreneur aux PTT afin d’ouvrir une ligne téléphonique professionnelle. Des particuliers font de même, d’autres viennent poser des réclamations. Les TPE-PME ne sont pas traitées à part, tous les acteurs sont logés à la même enseigne. Une anecdote qui se transforme en révélation pour celui qui décide de fonder Paritel. « Il était possible de constituer une alternative à France Telecom. Nous avons commencé par de la mise à disposition de matériel et une proposition de service d’entretien et d’assistance technique », évoque le visionnaire ambitieux qui sollicite Siemens en 1995 pour devenir un distributeur incontournable. L’industriel allemand entre au capital à hauteur de 34% et légitime ce petit Poucet d’une quinzaine de salariés. En 1998 la déréglementation des télécoms marque un tournant, il est possible de devenir un opérateur télécoms, d’apporter le service qui accompagne et légitime le produit distribué. Naît Global Concept, opérateur de téléphonie fixe, mobile et de sécurité, mais aussi fournisseur d’équipements et de services, sous la houlette d’un holding baptisé « JPBID ». Le groupe passera la barre des 100 millions de CA et des 800 salariés, devenant au cours des 15 dernières années MNVO pour proposer une offre mobile adaptée, intégrant la révolution voix sur IP, se tournant vers le Cloud en nouant un partenariat avec IBM. Siemens est sorti du capital en 2003 et le capital a été détenu par la famille, qui n’a jamais distribué plus de 20% du résultat de l’entreprise. De quoi investir et préparer sereinement l’avenir.

Une vista pas si instinctive

Depuis cinq ans le capitaine dirige aussi son bateau vers les grands comptes, s’obligeant à se poser constamment des questions. « Il nous faut nous demander ce que nous pouvons apporter de plus, toujours, et faire des plans de trois à cinq ans. Même quand tout va bien, il nous faut chercher la raison pour laquelle tout fonctionne »… Telle est la philosophie de ce conquérant qui aspire pour le futur à un maillage plus dense du territoire hexagonal. « De 40 nous passerons à 200 agences, et accompagnerons toujours mieux nos clients sur la question du nomadisme. C’est maintenant le salarié qui est au cœur de l’activité, ce n’est plus le bureau grâce aux outils embarqués que nous allons toujours plus proposer », entrevoit celui qui a fait sienne la devise de Nelson Mandela sur l’échec : « Je ne perds jamais, soi je gagne soi j’apprends ». « Il nous faut faire preuve d’audace, ne pas hésiter à aller en dehors de notre zone de confort, mais toujours en courant un risque maîtrisé. Là est toute la subtilité », évoque cet entrepreneur finalement plus réfléchi qu’instinctif, qui ressent, au fil des années, une résistance non au changement, mais à l’apprentissage.

Ouverture et humanisme, des mots qui ne sonnent pas creux

Celui qui prend un café tous les matins avec des salariés pour une causerie cherche à faciliter communication et partage. Il nomme d’ailleurs des ambassadeurs qui doivent transmettre les savoirs acquis aux collaborateurs de manière exemplaire et parrainent les nouveaux arrivés : « Le vivre-ensemble, l’épanouissement sont dans notre ADN. Depuis dix ans nous proposons 2500 jours de formation par an pour nos 800 collaborateurs, 3000 heures à l’année. Le e-learning tient une place importante, et nos équipes ne dépassent pas les 20-25 personnes dans nos agences », relate celui qui a fondé une académie pour former les collaborateurs, y compris ceux des fonctions supports, commerce et technique. 80% des cadres ont un parcours dans l’entreprise, les chefs de vente viennent par exemple du terrain. « Je crois aux rencontres. Il ne faut pas rester accroché à la fiche de poste lors de l’entretien, mais parler de projet professionnel pour savoir si nous pouvons faire un bout de chemin ensemble », ajoute ce chercheur de « win win », et qui, fort de son expérience, ne tient pas forcément au diplôme : « Je me suis juste efforcé d’embaucher des gens bien plus brillants que moi, des diplômés comme des autodidactes, afin que les brainstormings soient plus riches et nous conduisent dans les zones d’audace ». C’est donc un état d’esprit entrepreneurial que ce dirigeant privilégie, même si cela doit parfois lui coûter cher. « Je leur répète que s’ils ont des projets, des ambitions, ils doivent en parler et nous les aiderons. Récemment mon directeur commercial, présent depuis 12 ans dans le groupe, a monté une entreprise sur le Net, dont nous sommes maintenant actionnaires. » Un homme-clé de perdu pour dix nouvelles recrues motivées et dynamiques gagnées. Seuls les talents permettront d’innover et de tirer son épingle du jeu face aux géants. Cet essaimage actif et cette volonté de créer un environnement entrepreneurial fécond montrent que Jean-Philippe Bosnet l’a bien intégré…

Julien Tarby

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