Région Auvergne-Rhône-Alpes, eldorado de l’entrepreneuriat

Spot lumineux pour entrepreneur désireux d’y poser ses bagages…
Spot lumineux pour entrepreneur désireux d’y poser ses bagages…

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Tissu réconfortant

Le salon des entrepreneurs Lyon Auvergne-Rhône-Alpes rappelle que la première région industrielle de France revendique qualité de vie, écosystème entrepreneurial complet et dynamique. De quoi créer des vocations ?

«Ici nous avons à la fois la taille, la diversité et l’agrément de vie », vante le président de la CCI régionale Auvergne-Rhône-Alpes, Philippe Guérand. Avec ses 70000 km2 et ses 8 millions d’habitants, la région née de la fusion de l’Auvergne et de Rhône-Alpes a la taille d’un petit pays. Son tissu économique est particulièrement dynamique. En termes de PIB, elle se classe à la deuxième place française et à la quatrième au niveau européen. La région réalise 12,6% des exportations françaises et son taux de chômage (8,8%) y est inférieur à la moyenne nationale (9,9%).

Auvergne-Rhône-Alpes est la première région industrielle de France et la première région sous-traitante d’Europe. Elle est dotée d’un tissu solide et diversifié. La liste de ses secteurs-clés est longue comme le bras : mécanique, composants électroniques, énergie, pharmacie, technologies médicales, décolletage, pneumatique, plasturgie, éco-technologies… « Nous avons un socle d’activités très large, estime Philippe Guérand. Dans beaucoup de secteurs, nous nous plaçons dans le peloton de tête. Par exemple, nous sommes quasiment au même niveau que Toulouse en matière d’aéronautique. »

Absence de désert économique

Le secteur tertiaire est également bien présent puisqu’il représente six créations d’entreprise sur dix, avec une offre particulièrement étoffée dans les services aux entreprises (numérique, ingénierie, travail temporaire…) et dans les établissements financiers. Auvergne-Rhône-Alpes est par ailleurs l’un des principaux pôles français dans le domaine du transport et de la logistique. Car la région est particulièrement bien située au carrefour de grands axes de communication français et européens. Elle dispose de sept aéroports, d’un réseau routier et ferroviaire riche, ainsi que de voies fluviales et fluvio-maritimes par lesquelles transitent chaque année 2,7 millions de tonnes de marchandises. « Cet écosystème dense et puissant est porteur pour les créateurs d’entreprise, souligne le président de la CCIR. Ici, nous n’avons pas de désert économique. Il y a une continuité sur le territoire. Nous disposons de belles boîtes aussi bien à Lyon, Grenoble, qu’au Puy-en-Velay ou à Aurillac. On peut créer son entreprise en tout point du territoire. »

Très créative, Auvergne-Rhône-Alpes est à l’origine de près de 20% des brevets déposés en France par des nationaux. La recherche et l’innovation tiennent une belle place dans la région. Celle-ci compte en effet huit universités et pas moins de 50 grandes écoles, dont certains établissements prestigieux (Sciences Po Grenoble, EM Lyon, Mines de Saint-Etienne, Insa, Centrale Lyon…). Six grandes structures de recherche sont implantées en Auvergne-Rhône-Alpes. La santé, les biotechnologies, les sciences physiques, l’environnement, la chimie, les nanotechnologies, l’énergie et le numérique comptent parmi les points forts de la recherche régionale. Le territoire concentre aussi 15 des 71 pôles de compétitivité labellisés en France et 16% des entreprises françaises bénéficiant du Crédit impôt recherche sont implantées en Auvergne-Rhône-Alpes

Douceur de vivre sous tous les aspects

Sylvain Tillon est né en banlieue parisienne et a fait ses études à Lyon. Tombé amoureux de la région, cet entrepreneur de 34 ans y a fondé la start-up Tilkee, spécialisée dans l’optimisation de la relance commerciale. Il a découvert dans la capitale des Gaules un terreau fertile pour son activité. « Ici, on peut trouver des locaux facilement et beaucoup moins onéreux qu’à Paris, explique-t-il. De plus, les financeurs, les donneurs d’ordres et les structures d’accompagnement sont plus visibles et plus accessibles. » L’état d’esprit lyonnais a également séduit le jeune chef d’entreprise. « Il n’y a pas de compétition entre start-up, ici. On ne cherche pas à tout prix à nuire aux autres car il y a ce qu’il faut pour tout le monde, tant en termes d’accompagnement que de financement. Ici, on est cocooné, il règne une certaine douceur de vivre. » S’il remonte chaque semaine à Paris – la capitale est à deux heures de TGV seulement –, Sylvain Tillon ne lâcherait pour rien la qualité de vie qu’il a acquise. « C’est bien de vouloir conquérir le monde, mais c’est important aussi d’avoir du temps pour soi. A Paris, tous les soirs il y a des événements où il faut être présent. Ici, c’est une ou deux par semaine en moyenne. Il n’y a pas cette compétition larvée qui fait parfois oublier le cœur du business. Et puis, à Lyon, on peut survivre avec un Smic alors que c’est impensable à Paris. Quand je dis aux copains parisiens qu’ici la pinte est à quatre euros, ils n’en reviennent pas ! Du coup, cela coûte moins cher de se lancer en tant qu’entrepreneur. »

Concrétiser la décentralisation

Quitter la région ? Denis Olivier ne le souhaite pas davantage. Ce fils d’entrepreneurs, implanté dans la Loire, dirige deux entreprises du secteur du bâtiment, Jindoli et Reivilo. Associé fondateur de l’agence de design Concept prod, il est également actif au sein de la CPME Loire et préside la commission internationale de la CCI Lyon métropole. En janvier 2016, il a créé Meal canteen à Saint-Etienne. Cette start-up a mis au point une application permettant de réduire le gaspillage alimentaire dans la restauration collective. Un business à très haut potentiel. « Il vaut mieux être le plus gros dans une petite ville que le plus petit dans une grande ville, assure Denis Olivier. A Paris on nous a fait les yeux doux en nous proposant des solutions d’hébergement. Mais la région stéphanoise, ce sont mes terres et j’estime qu’il faut que tous les territoires vivent. Cela a du sens pour nous d’avoir notre siège à Saint-Etienne. On ne peut pas tout centraliser sur Paris. Et puis j’aime prendre le contrepied. Certes, pour tout ce qui est ingénieur développeur, on est un peu à la peine de trouver les bons profils dans la région stéphanoise, mais le projet d’ouverture d’une école 42 à Lyon devrait apporter un vivier important de programmateurs. » (cf. encadré)

Une pépinière à moins de vingt minutes

Les porteurs de projet implantés dans la région peuvent compter sur le plus important réseau de pépinières d’entreprises de France. Auvergne-Rhône-Alpes compte en effet une soixantaine de structures et trois nouveaux projets par an. Chacune héberge une quinzaine d’entreprises naissantes pour une durée de deux à trois ans. « En moyenne, elles sortent avec deux à trois salariés, ce qui représente environ 500 créations d’emplois chaque année », calcule Thierry Chabroux, président d’Aura Pep’s, le réseau régional des pépinières d’entreprises. Montélimar, Privas, Chambéry… « Où que l’on soit sur le territoire régional, il y a une pépinière d’entreprises à moins de vingt minutes », assure ce dernier.

Les étudiants-entrepreneurs ne sont pas non plus abandonnés à leur sort. Une structure comme le Beelys (« booster l’esprit d’entreprendre sur Lyon et Saint-Etienne ») a pour vocation de les accompagner tout au long de leur démarche. Il apporte un soutien aux étudiants ou jeunes diplômés de la région (Lyon, Saint-Etienne, Roanne, Bourg-en-Bresse…) afin de les former à l’entrepreneuriat et à l’innovation. « Beelys est le PEPITE (Pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat, ndlr) le plus important de France », précise Alexis Catanzaro, maître de conférences en sciences de gestion et responsable du master entrepreneuriat de l’IAE de Saint-Etienne, référent PEPITE Beelys à Saint-Etienne. « Nos mentors accompagnent plusieurs centaines d’étudiants-entrepreneurs. Nous aidons tous les étudiants, qu’ils soient en première ou en cinquième année et quelle que soit l’avancée de leur projet. »

« Les capitaux sont là »

La région regorge également de réseaux d’accompagnement. Le Réseau entreprendre est implanté à Lyon depuis 1992. Aujourd’hui, Auvergne-Rhône-Alpes constitue la plus importante région de ce maillage national. « Nous disposons de 1245 chefs d’entreprise bénévoles à travers huit associations et 19 implantations dans la région », détaille Frédéric Coffy, directeur général de Réseau entreprendre Rhône et coordinateur de Réseau entreprendre Auvergne-Rhône-Alpes. A l’échelle régionale, l’association accompagne actuellement plus de 300 entreprises totalisant 219 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’objectif à l’horizon de trois ans est d’en accompagner 150 nouvelles chaque année. L’an dernier, le réseau a injecté au niveau régional 4,8 millions d’euros sous forme de prêts d’honneur. Une recette qui fonctionne, puisque cinq ans après leur création, 88% des entreprises suivies par Réseau entreprendre sont encore en activité. Dans cet intervalle, chacune crée en moyenne entre huit et neuf emplois. Les projets plus modestes trouveront des interlocuteurs privilégiés auprès de l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique) ou le réseau Initiative également bien implantés en Auvergne-Rhône-Alpes.

En matière de financement, les porteurs de projet s’orienteront vers les bourses French tech, le dispositif régional Inovizi ou encore la BPI « très active et efficace », estime Frédéric Coffy. Les projets plus avancés se rapprocheront des fonds d’investissement (Rhône-Alpes création, Carvest, Rhône-Alpes PME…) ou des business angels récemment regroupés sous l’enseigne Lyon métropole angels. « Les capitaux sont là, assure Philippe Guérand. Personnellement, je ne connais aucun projet sérieux qui n’en trouve pas. »

Nouvelle école

«101», l’école 42 version lyonnaise

Simplement trois chiffres : 101. Tel est le petit nom de la future école lancée par la Région Auvergne Rhône-Alpes et soutenue par Xavier Niel. 101 verra le jour dès la rentrée prochaine à Lyon au sein du campus numérique, dans le quartier de la Confluence. Le projet a été annoncé officiellement fin janvier par le président du Conseil régional Laurent Wauquiez, en présence du patron de Free. Calquée sur le modèle de la désormais célèbre école 42, 101 se positionne comme une école dédiée au code informatique où seront enseignés les différents langages de programmation nécessaires à la création de logiciels, d’applis mobiles, etc.

La formation, d’une durée théorique de trois ans, sera ouverte à tous les profils (avec ou sans le Baccalauréat) et les étudiants pourront suivre leur cursus à leur propre rythme. Elle sera gratuite mais ne délivrera en revanche pas de diplôme. Environ 300 élèves sont attendus dès septembre prochain. A terme, l’école s’implantera dans l’ancien siège de la Région, à Charbonnières-les-Bains, dans la périphérie de Lyon. Le budget annuel de l’école est estimé à 5 millions d’euros.

L’objectif de Laurent Wauquiez est très clair : former des programmateurs pour alimenter les entreprises de la région et favoriser l’essor des start-up du numérique. Le président du Conseil régional évoque généralement un nombre de 8000 postes non pourvus en Auvergne Rhône-Alpes. Grâce à 101, il entend bien faire d’Auvergne Rhône-Alpes une « Silicon Valley » européenne.

Bien que non diplômante, la future école de code lyonnaise devrait clairement bénéficier de l’aura du patron de Free et du succès de l’école 42 qui a ouvert ses portes à Paris en 2013. Cette dernière, qui forme en moyenne 850 étudiants, a été récemment classée meilleure école de code au monde par la plateforme CodinGame, devant deux acteurs français : l’Ensimag Grenoble et l’INSA Toulouse. Dirigé par Nicolas Sadirac, l’établissement se définit comme un ovni dans le secteur de l’enseignement. Ouvert tous les jours, 24 heures sur 24, il s’appuie sur une pédagogie articulée autour de projets. Pas de cours magistraux ni de profs « à l’ancienne ». Une recette originale qui fonctionne si bien que Xavier Niel a ouvert une deuxième école sur ce modèle en Californie, au cœur de la Silicon Valley.

Marketing territorial malin

Roanne, nouvel eldorado de l’Ouest lyonnais ?

Située au Nord du département de la Loire, à mi-chemin entre Lyon et Clermont-Ferrand, Roanne a décidé de tout mettre en œuvre pour attirer les porteurs de projet. Cette commune de 35000 habitants, sous-préfecture de la Loire et ancien territoire d’industrie (textile, papeterie, métallurgie, défense…), ne peut se permettre de concurrencer frontalement ses grandes voisines. Sa stratégie est plus maline : se positionner comme un territoire agile propice à la création d’entreprise. Pour séduire les porteurs de projet, l’agglomération mise en effet sur la rapidité des circuits de décision et le faible coût – ainsi que la disponibilité – du foncier.

Le territoire a lancé fin 2014 la marque « Roanne tout & simplement ». Objectif de cette démarche de marketing territorial : casser une image un peu vieillotte et attirer des compétences. En effet, « les chefs d’entreprise roannais reçoivent moins de candidatures à leurs offres d’emploi lorsqu’ils indiquent Roanne plutôt que Rhône-Alpes sur leurs annonces », constate Elsa Oblette, chargée de mission chez Roanne territoire.

La marque « Roanne tout & simplement » a été initiée par la Chambre de commerce avec le soutien des collectivités locales. Elle ne dispose que d’une enveloppe annuelle de 150000 euros mais vit à travers un réseau de 600 ambassadeurs – principalement des cadres et des dirigeants – qui tentent de faire rayonner le Roannais au-delà de ses frontières. Dans un premier temps, le cœur de cible se résume aux cadres et porteurs de projets dans la tranche 25-45 ans. La marque tente de les convaincre en mettant en avant la facilité d’entreprendre sur le territoire. « Plutôt que de parler de notre tissu industriel fort, nous avons choisi de mettre en avant la qualité de vie, la proximité entre les acteurs économiques et la rapidité des circuits de décision, souligne, le député-maire de Roanne, Yves Nicolin. Un porteur de projet qui s’installe ici peut rencontrer du jour au lendemain le président de la CCI et celui de la communauté d’agglomération. »

Dans un contexte de pénurie du foncier, la marque valorise également une offre florissante (88 hectares à travers de nombreuses zones d’activité) et peu coûteuse, située à moins d’une heure de route de Lyon. « Les entreprises qui veulent se développer sur Lyon n’ont pas toujours la place nécessaire et doivent le faire à des coûts prohibitifs, tandis que nous avons du foncier libre à des prix attractifs. Nous voulons être l’eldorado de l’ouest lyonnais », clame Yves Nicolin.

Yann Petiteaux

 

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