Créations d’entreprises : le boom de l’année noire !

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Le nombre d’entreprises créées en 2020, on le répète sur tous les tons, atteint un chiffre record, dixit l’Insee. Pourvou qué ça doure, comme disait la mère Bonaparte, car 2021 et 2022, selon les pessimistes sous covid, pourraient bien chanter un autre refrain. Bilan de cette année étonnante et perspectives pour l’entrepreneuriat en 2021.

Une chose est sûre, il faudra plus qu’une pandémie mondiale avant de refroidir l’appétence des Français·es pour l’aventure entrepreneuriale. L’année 2020 n’aura clairement pas été aussi funeste qu’on aurait pu le penser pour la création d’entreprise. 2020 est même une année record en la matière. Malgré des chiffres d’immatriculations en baisse sur les mois d’avril et mai 2020 qu’explique l’arrivée du premier confinement, l’année se clôture sur des chiffres globaux qui dépassent ceux de l’année précédente. La dynamique de progression des créations enregistrée depuis 2017 se maintient donc.

D’après les statistiques délivrées par l’Insee mi-janvier, on compte près de 850 000 entreprises créées en 2020, soit environ 35 000 de plus qu’en 2019 (+ 4,5 % sur un an). Les mois de septembre et octobre ont particulièrement joué dans ces bons résultats : on a enregistré une hausse de 19 % des immatriculations sur la période par rapport à 2019. En octobre, c’est le secteur du transport qui se sera notablement bien porté, avec une augmentation des créations de 53 % par rapport à 2019 (mais entre 2010 et 2020, cette augmentation spectaculaire tourne autour de 40 % d’immatriculations en plus).

Bref, 2020, c’est plus d’entreprises créées que jamais auparavant, mais c’est aussi moins de « plantages ». Bien que les aides de l’État et autres systèmes de protection aient pesé dans la balance, les entreprises subissent 40 % de faillites en moins qu’en 2019, selon l’estimation du Conseil national des greffiers et tribunaux de commerce (CNGTC). Il faudra toutefois probablement attendre l’arrêt des aides gouvernementales pour mieux se rendre compte de l’impact réel de la covid sur les entreprises cette année.

Trois secteurs qui pèsent lourd

Cette floraison n’est bien sûr pas celle d’entreprises à salarié·es dûment capitalisées. En 2020, deux tiers des créations relèvent de microentreprises. Bien sûr, elles sont corrélées à la crise : transport et livraison à domicile auront été les roi et reine du confinement et du couvre-feu.

Le « transport et entreposage » représente aujourd’hui à la fois le troisième secteur le plus abondamment visé en France, mais aussi qui a le plus progressé, avec des créations affiliées en augmentation de 22 % sur l’année. À la première place du classement, se retrouve un secteur logiquement stimulé par la crise, celui du soutien aux entreprises, qui représente 25 % du total des créations. Sur la deuxième marche du podium, c’est le secteur de la réparation d’autos et motocycles qui brille par ses chiffres, avec une part de 16 % dans le total des créations. Ces bons chiffres s’expliquent en partie par la bien portance de la livraison à domicile et la tendance à la mobilité décarbonée. Si les chiffres de créations d’entreprises sous forme de société stagnent, le statut d’entrepreneur individuel prend donc de l’épaisseur et continue à modifier la structure de l’emploi en France.

Quelles perspectives pour 2021 ?

Si Airbnb ou Uber ont réussi à se lancer durant la période de grande récession de 2008, avec le succès qu’on leur connaît, c’est bien la preuve que la crise actuelle n’est pas antinomique avec la volonté de création. Bien que certains secteurs comme l’éducation ne semblent hélas pas des plus prometteurs pour l’année 2021, de nombreux autres domaines restent attractifs.

L’innovation répondra bien sûr aux nouveaux défis créés par la crise, mais ce sont les nouveaux besoins qui appellent les candidat·es à l’aventure entrepreneuriale. Les grandes entreprises se concentrent aujourd’hui davantage sur leur cœur de métier afin de limiter la casse. D’où de belles opportunités pour des start-up capables de sous-traiter certaines activités jusque-là exercées en interne. E-commerce, services de livraison, alimentation durable, problématiques liées au télétravail, cybersécurité ou encore santé connectée ne sont quelques-uns des secteurs prometteurs pour 2021. La transformation numérique poursuit sa fulgurante progression et continue de jouer comme l’un des rouages de l’entrepreneuriat de demain.

Quant à l’envie des Français·es d’entreprendre, ils et elles sont un·e sur cinq à déclarer vouloir créer ou reprendre une entreprise en 2021, selon un sondage OpinionWay. Beaucoup l’envisagent sous la forme du commerce associé, autrement dit de la franchise en général, un modèle d’entreprise où brille la France : une enseigne plus ou moins connue propose à des managers ou de futur·es managers de talent d’acheter une licence d’exploitation. Le nouvel acteur dispose alors du réseau de l’enseigne, mais s’engage comme entrepreneur·se dans sa nouvelle activité.

Rendez-vous l’année prochaine pour savoir si cette France aux incroyables talents franchira le cap de l’entreprise « débranchée » des milliards étatiques.

Jean-Baptiste Chiara

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