Temps de lecture estimé : 3 minutes
S’adapter pour survivre
Le secteur du conseil est mis au défi par un contexte d’innovation et d’amélioration continue. Cette ère de la numérisation à grande échelle est considérée comme la quatrième révolution industrielle. Si elles ne parviennent pas à évoluer de concert avec le progrès technique, les sociétés de conseil ne pourront pas aider leurs clients à réaliser cette transition. Clairement, les sociétés de conseil doivent se transformer elles-mêmes pour rester dans la course. Pour faire face à ce milieu changeant qui pourrait causer leur perte, les entreprises tentent de s’adapter selon plusieurs axes. Cet article repose sur un entretien avec Roland Combes, directeur de programme chez Sopra Steria. Fort de son expertise et de ses 18 ans d’expérience au sein de cette entreprise, il a enrichi notre réflexion en développant chacun des axes susceptibles d’aider les sociétés de conseil à s’adapter aux défis qui les attendent et qui leur permettront d’accompagner leurs clients dans ce que nous pourrions appeler « le monde d’après ».
Anticiper les tendances
Les sociétés de conseil doivent se tenir informées des tendances et des besoins potentiels de leurs clients en amont des missions qui leur sont confiées. Roland souligne qu’il est essentiel de pouvoir conseiller le client avant qu’il ne pose la question. Pour ce faire, il est primordial de mener un travail de veille permanent pour se tenir informé des dernières innovations technologiques. La nécessité de conseiller les clients en tenant compte de ces innovations est une question de survie : si elles ne parviennent pas à évoluer de concert avec le progrès technique et à aider leurs clients à réaliser cette transition, ces sociétés seront dépassées. Il s’agit donc d’une nécessité vitale. Comme le dit Roland Combes, « dans le monde du conseil, il ne suffit pas de suivre ou de rester à niveau, il faut se placer au-devant de l’innovation ». En outre, compte tenu de l’énorme quantité de données récoltées, il vaut mieux apprendre à les traiter de la bonne manière. Sans pour autant devenir des mathématiciens ou des experts en informatique, les sociétés de conseil, et les consultants en particulier, devront acquérir des connaissances de base dans ce domaine. Si elles ne maîtrisent pas ces concepts clés, les sociétés se retrouveront rapidement submergées.
Un travail collaboratif
Le XXIe siècle a vu la naissance de l’économie collaborative. Bénéfique pour de nombreux acteurs, cette tendance a fait ses preuves et s’est étendue aux sociétés de conseil. Car cette dimension collaborative s’est fortement accélérée et généralisée au cours des dix dernières années. Prenons l’exemple de Sopra Steria : la société a créé un département consacré à l’innovation technologique, avec la mise en place de « digifabs » et de « digilabs » accessibles aux clients. D’un côté, les digifabs offrent aux utilisateurs de créer des modèles dans des espaces collaboratifs, tandis que les digilabs donnent le moyen aux clients, via les showrooms, de découvrir les services et solutions proposés par Sopra Steria pour d’autres sociétés clientes. Par conséquent, le travail collaboratif apporte une valeur ajoutée en permettant aux multiples acteurs de profiter de ces synergies : les clients bénéficient de services supplémentaires en plus des missions habituelles réalisées par Sopra Steria.
Les relations avec les multiples acteurs
Les sociétés de conseil sont confrontées à une double problématique : d’un côté, la concurrence s’intensifie et, de l’autre, le marché devient de plus en plus exigeant. Comme le souligne Roland, « les exigences des clients ont triplé, voire quadruplé, ce qui n’est pas le cas des prix de nos services ». L’exigence accrue des clients se porte sur les performances, la cybersécurité et les délais. Pour satisfaire ces demandes, il est devenu plus que jamais essentiel de soigner les relations avec les acteurs du marché. Premièrement, la pérennité des relations avec la clientèle : il n’est plus question de fournir seulement une prestation de conseil, mais de l’accompagner sur la durée. Roland insiste : « Nous ne parlons plus de sous-traitants ou de consultants, mais de partenaires. » Deuxièmement, la collaboration entre sociétés de conseil, qui permet de bénéficier de compétences complémentaires. Par exemple, les grandes sociétés profitent de l’expertise de niche ou de l’agilité de plus petits cabinets. Inversement, les petits cabinets vont profiter de la force de frappe des grandes sociétés et de leur capacité à endosser de nombreuses responsabilités. Comme le résume Roland, « travailler main dans la main est plus utile que de se tirer dans les pattes ».
La capacité à faire preuve d’agilité
À l’heure actuelle, les entreprises et les sociétés de conseil doivent impérativement être agiles. Programmes de partenariat, formations, veille : voici quelques actions que les meilleures sociétés de conseil mettent en place pour rester en phase avec l’époque dans laquelle elles évoluent. Roland Combe nous assure que, chez Sopra Steria, les projets sont destinés à durer plus longtemps, mais ne repartiront jamais de zéro si le client demande des modifications : ils seront transformés en cours de route de façon que leur évolution corresponde aux souhaits et aux besoins des clients. Les projets de transformation sont stockés dans le cloud par Amazon, Google, etc. L’agilité sera un élément très important de l’équation et les sociétés de conseil n’auront pas d’autre choix que de s’adapter si elles veulent faire évoluer leurs projets conformément aux besoins de leurs clients…
Le profil des consultants recherchés évolue
La numérisation produit des effets importants sur les politiques de ressources humaines mises en place au sein des sociétés de conseil. Le recrutement est un véritable défi. Quel type de profil faut-il engager ? De jeunes diplômés des écoles de commerce spécialisés en consulting ? Ou de jeunes diplômés d’écoles d’ingénierie, capables de travailler avec des technologies de pointe ? Cet entretien avec Roland nous a apporté un début de réponse. La tendance est claire. Les sociétés de conseil recrutent de plus en plus de profils dotés de compétences numériques et ce n’est pas un hasard. C’est ce type de profil qui pourra aider les consultants avec un parcours plus « classique » (ingénieur/manager, école de commerce). La numérisation représente un défi pour les sociétés de conseil : celui d’améliorer la collaboration entre ces deux types de consultants dont la complémentarité répondra aux enjeux de la numérisation. En plus des compétences purement techniques de ces consultants, d’autres compétences personnelles seront essentielles pour aider le secteur à relever ces nouveaux défis. Selon Roland Combes, « les consultants de demain devront être à l’écoute de ce qui se passe dans le monde de façon à anticiper la demande ». Clairement, notre génération ne doit pas se reposer sur les connaissances de base acquises en formation, car elles ne suffiront pas dans un monde où les nouvelles technologies transforment les modèles économiques à une vitesse que personne n’aurait soupçonnée. Plus que jamais, les consultants devront donc faire preuve d’une réelle curiosité intellectuelle pour mieux comprendre ce monde de changement et d’innovation.