Mondial Paris Motor Show @mobilité, @hybridation, @connectivité…

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120 ans pour l’édition 2018 – une année paire sur deux –, toujours Porte de Versailles. Au « salon-de-l’auto » devenu Mondial, succède une appellation on ne peut moins française, Mondial Paris Motor Show. Plus court – onze jours contre seize – et enrichi d’un Mondial de la moto et autres mobilités à l’image des autres « shows » planétaires, il reste une vitrine de l’innovation automobile des prochains mois. Profitons-en avant que la « voiture » ne devienne un vecteur de mobilité collectif et anonyme…

Décidément, il faut se renouveler quand on se nomme « Motor Show », en alternance avec le salon de Francfort en Allemagne. Les mondes encore parfois étrangers de l’auto et de la moto se réconcilient et cohabitent avec un Mondial de la Mobilité et un Mondial. Tech, zone réservée aux professionnels. Une raison à cette réinvention : la plupart des salons de l’auto doivent faire face à la baisse de la fréquentation : moins 15 % à Paris en 2016 avec 1 072 697 visiteurs, ce qui en fait encore le salon de l’auto le plus fréquenté au monde devant Francfort (810 000 visiteurs), Detroit aux États-Unis (800 000), Tokyo (771 000) ou Genève (660 000).

D’où ce concept plus global de mobilité où entrent les écosystèmes technologiques de l’automobile à travers la gestion des données (le big data) des véhicules et leur connectivité, avec Internet et l’intelligence artificielle.

Jeunes pousses et mobilité

C’est le pavillon 2.2 de la Porte de Versailles qui abrite la mobilité centrée sur les « solutions » (route, parking, covoiturage, assureur, loueurs, banque, transport en commun). Des exposants parlent de mobilité partagée et collaborative, ils voisinent avec des prestataires de services, des organismes de promotion de la mobilité collective, des fournisseurs de nouvelles énergies, des fabricants de cycles et de véhicules de micromobilité (l’univers tout neuf des trottinettes, des planches à roulettes, des monoroues…).

En entrant dans l’aire du Mondial. Tech – nouveau pavillon 7.3 rebaptisé Paris Convention Center – si vous montrez la patte blanche d’un pro, vous avez pu plonger au milieu de plus d’une centaine d’exposants, tous acteurs des nouvelles technologies, mais légèrement en amont du Mondial proprement dit, du 2 au 6 octobre. Soixante-quatre start-up venues d’une trentaine de pays se dédient à la mobilité et concourent pour les Startup Awards Mondial. Tech autour de huit thématiques : mobilité durable, électrification & hybridation matériaux et allégement, bien-être à bord, stockage et systèmes énergétiques, connectivité et ITS (Intelligent Transport systems, sécurité, automatisation et cybersécurité, industrie 4.0).

Aucun doute, c’est un sas vers le futur de l’automobile – qui n’aura jamais aussi bien justifié son appellation –, mais un futur déjà ancré dans le présent.

Moins d’exposants

Reste que le Mondial de Paris reste le « show » de l’automobile et son lot de nouveautés. Or le rendez-vous parisien 2018 aura déçu par l’absence de plusieurs constructeurs majeurs. Raison : un coût de représentation que d’aucuns estiment démesuré face à l’insuffisance des retombées commerciales. Les constructeurs, désormais, arbitrent entre les salons chinois de Pékin et Shanghai et les salons européens de Paris, Francfort ou Genève.

Mais les subtilités marketing panachent leur présence au nom d’une logique parfois impalpable, depuis la défection pure et simple jusqu’à la participation avec certaines marques du groupe et pas d’autres, en fonction de leur actualité ou de leurs attentes. Volkswagen, par exemple, sera présent à la Porte de Versailles avec Seat, Skoda et Audi, mais sans son navire amiral ni Bentley ni Bugatti. BMW expose sans Rolls-Royce. Quant à l’Alliance Renault-Nissan, elle a oublié Nissan et Mitsubishi. Manquent à l’appel du « Mondial » pas moins de

18 marques et non des moindres : Ford, Opel, Nissan, Infiniti, Volvo, Mitsubishi, Subaru, Ssangyong, Mazda, Volkswagen, Fiat, Abarth, Jeep et Alfa-Romeo, mais aussi Rolls-Royce, Chevrolet, Cadillac, Bentley.

Les nouveaux modèles de ces marques, souvent déjà dévoilés en d’autres circonstances, susciteront moins de curiosité. Il n’empêche qu’un visiteur lambda n’aura pas assez d’une journée pour tout voir des millésimes 2019 abrités Porte de Versailles.

Les vraies nouveautés de Paris

Oubliées les voitures invisibles, vivent les nouveautés rutilantes sous les projos, à commencer par les françaises.

Peugeot, sur ce chapitre, a déjà commercialisé sa nouvelle 508 en concessions depuis la mi-septembre. Une berline à hayon stylée façon coupé cinq portes. Déclinée en break au nom d’un joli coup de crayon, cette 508 devrait réintroduire le Lion en voie de disparition sur ce segment de marché, en perte de vitesse. Avec l’espoir de reléguer dans son rétroviseur les Renault Talisman, Volkswagen Arteon et autres Skoda Superb.

Peugeot expose aussi son nouveau Rifter (remplaçant du Partner Tepee), interprétation sochalienne du Berlingo de Citroën (lire mes impressions dans ÉcoRéseau Business n° 53). Mais aussi et surtout (à ne pas manquer) le splendide e-Legend Concept, vibrant hommage à la 504 Coupé. Un exercice de style, superbe coupé électrique et autonome, qui préfigure, selon Peugeot, son futur de l’automobile (ou le futur de son automobile ?).

Chez Citroën, c’est le C5 Aircross présenté en première mondiale qui tient la vedette. Un SUV très attendu qu’accompagne le concept C5 Aircross Hybrid, avant-goût de la version hybride rechargeable du modèle. Une façon d’annoncer la stratégie des chevrons : organiser d’ici à 2023 80 % de la gamme en « électrique », puis 100 % en 2025.

Citroën, comme Peugeot, fait monter sur stand la troisième génération de ludospace avec le nouveau Berlingo.

DS, le cousin haut de gamme de Citroën, désormais marque à part entière, est au Mondial et à la fête avec le petit SUV DS3 Crossback. Le premier du genre proposé en motorisation électrique (ou thermique). Le remplaçant du DS3 s’affiche comme un crossover urbain sophistiqué lesté de très grandes ambitions, rival affirmé des Mini Countryman et Audi Q2.

Sur le même stand, DS présente son sublime concept-car DS X E-Tense, concrétisation du luxe automobile à horizon 2035 : porte en élytre tressée de carbone et de cuir, sol en verre, châssis en carbone, motorisation électrique.Renault devrait exposer un SUV Kadjar légèrement restylé et sans doute le show car dévoilé à Moscou cet été, l’Arkana. Un coupé-crossover qui préfigure un nouveau véhicule de segment C à vocation mondiale. L’Arkana sera lancé en Russie en 2019, puis proposé sur plusieurs marchés, vraisemblablement pas la France dans l’immédiat à en croire Nicolas Maure, directeur Renault Eurasie. En revanche, et sauf annonce de dernière minute, grosse déception avec l’absence de la nouvelle Clio de cinquième génération, pourtant attendue de roue ferme.

Les constructeurs allemands disposent de quelques arguments sérieux pour attirer le chaland sur leurs stands, à commencer par Audi et son e-tron (appellation malheureuse, mais Audi, dûment prévenu de la malsonnance du mot en français, n’en a cure). Un SUV 100 % électrique, positionné, par son gabarit, entre le Q5 et le Q7, doté de deux moteurs électriques qui développent ensemble 360 ch avec une autonomie d’environ 400 km. Première mondiale sur un véhicule de série : les rétroviseurs extérieurs seront remplacés par des caméras aux images diffusées sur des écrans positionnés à l’intérieur des portières.

Audi expose dans la foulée la seconde génération de son A1, moins ronde qu’auparavant et désormais disponible uniquement en version cinq portes. Avec le nouveau Q3 et son grand frère Q8, dont ce sera la première présentation grand public.

Chez BMW, c’est une Diva qui fait le show : la Série 8, grand coupé de 4,84 mètres de long, doté d’une silhouette et d’une planche de bord inédites. Sous le capot, un six cylindres en ligne diesel de 320 ch et un V8 essence de 530 ch. Attendus également, le nouveau SUV X5, quatrième génération du modèle historique de la gamme BMW X, et le roadster Z4, présenté pour la première fois sur un salon automobile.

Sois l’enseigne Mercedes, l’offre de nouveautés du Mondial est riche avec pas moins de neuf modèles dont la nouvelle génération du GLE, grand SUV rival du BMW X5, et la nouvelle Classe B. Voisinent sur les podiums une Classe A musclée (A35) de 350 ch et une Classe A berline, ainsi que le SUV électrique EQC, rival affirmé de l’e-tron d’Aud et mieux nommé…S’il vous reste un chouya de temps, découvrez au hasard des stands la fabuleuse famille Alpine au grand complet avec l’A110 Pure, deux A110 Légende et l’A110 GT4. La DBS Superleggera d’Aston Martin. La nouvelle génération de CR-V de Honda. Les nouveautés Toyota (nouvelles générations de Corolla, de RAV4 et le grand retour de la Camry). Le nouveau Suzuki Jimny. Le Tarraco chez Seat, version longue à 7 places de l’Ateca, et le Cupra Ateca, version sportive du SUV Seat décliné sous une identité « Cupra », désormais marque à part entière. Un Kodiaq RS survitaminé de 239 ch chez Skoda. Le Kona électrique de Hyundai et son cousin Niro chez Kia qui présente surtout sa nouvelle Proceed, un coupé shooting-brake (en français combi coupé, anciennement break de chasse, en américain sport wagon) à 5 portes. Sans oublier le nouveau SUC hybride Lexus UX, la Model3 de Tesla et surtout la berline et le SUV du nouveau constructeur automobile vietnamien Vinfast. Bref, même avec 18 marques qui jouent les filles de l’air, le Mondial garde des tigres dans son Motor.

Les grands absents

Chez Ford, vous ne verrez pas la nouvelle génération de Focus, quatrième du nom, et best-seller de la marque avec 7 millions d’exemplaires vendus en Europe depuis 1988 pour les trois générations précédentes et seize millions d’unités à travers le monde. La Focus 2018, construite sur la base d’une nouvelle plate-forme, reçoit de nouveaux équipements : deux moteurs essence à 3 cylindres dont un nouveau moteur 1.5 Ecoboost (150 et 182 ch), deux nouveaux blocs diesel (1.5 EcoBlue de 95 et 120 ch, 2 litres de 150 ch) et une nouvelle boîte de vitesses automatique à 8 rapports.

Ford donne également un coup de jeune à sa gamme monospace (S-Max et Galaxy) dont les jours sont comptés au profit des SUV comme chez de nombreux constructeurs. La firme américaine a annoncé en outre l’arrivée en Europe d’un megaSUV, le Ranger Raptor, et d’une nouvelle gamme d’utilitaires Transit, électrifiés et connectés.

Du côté de FCA (Fiat-Chrysler Automobiles), le peu de nouveautés explique sans doute la défection parisienne. Fiat vient de présenter sa nouvelle 500X restylée (lire essai pages 82-83) tandis que Jeep, qui a dévoilé à Genève une nouvelle Wrangler, vient de sortir une Renegade restylée.

Mazda n’expose pas la pléthore de nouveautés : nouveau cabriolet MX-5, nouvelle berline Mazda6, nouvelle Mazda3, nouveau SUV CX3…

Mitsubishi n’expose pas son tout nouveau Outlander PHEV restylé, tandis que Nissan devrait dévoiler d’ici à la fin d’année son Juke de nouvelle génération et Opel sa nouvelle Corsa. Subaru a présenté à New York en début d’année son nouveau Forester après avoir montré à Genève un concept-car, le Viziv Tourer, préfiguration de la future gamme Impreza (que l’on aurait aimé découvrir à Paris).

Volvo, lui, a déjà fait repérer au début de l’été sa berline sportive S60, première Volvo construite aux États-Unis, pour la première fois sans motorisation diesel (deux motorisations hybrides rechargeables essence turbocompressées et suralimentées).

Quant à Volkswagen, il n’expose rien de son l’actualité 2018/2019, riche en nouveautés avec le Touareg, le T-Cross petit frère du T-Roc en bas de la gamme des SUV et le T-Roc cabriolet, sans parler de la future Golf 8 attendue pour fin 2019.

Philippe Flamand

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