Tous entrepreneurs ?

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Geoffrey Wetzel, journaliste-chef de service

Tant d’entrepreneurs le deviennent pour fuir les absurdités d’un monde salarié bien trop souvent obsolète…

« C’est la rentrée, entreprenez ! », lancions-nous avec Jean-Baptiste Leprince (directeur de publication) en septembre à l’occasion du numéro de rentrée d’ÉcoRéseau Business. Plus de deux mois après, rentrée ou pas, nous ne pouvons que réitérer notre vision. Entreprendre pour reprendre son destin en main. Entreprendre pour retrouver le fameux sens dont on parle tant – parfois à tort et à travers – que tant de travailleurs ont perdu de vue. Le sens, c’est très simple, c’est comprendre la finalité de son travail.

Plus les gens seront malheureux au travail, plus ils monteront leur affaire. En 2022 plus d’un million d’entreprises voyaient le jour en France, soit un record absolu. En parallèle, les salariés sont 54 % à être « peu » ou « pas » alignés avec leur travail actuel et 60 % des actifs estiment ne pas avoir de plaisir à travailler. Je le crois, l’un ne va pas sans l’autre. Le salariat, tel qu’il existe aujourd’hui, pousse nombre de Français à « se mettre à leur compte », disait-on autrefois.

L’entrepreneuriat vient au secours de toutes les dérives qui règnent en open space et qui minent la motivation des collaborateurs – et elles sont hélas nombreuses : un management toxique qui privilégie les process absurdes à coups de réunions trop longues et souvent inutiles, et de reportings permanents, plutôt que la poursuite et la compréhension de ses objectifs (vers quelle direction aller et pourquoi ?) ; un manque d’autonomie criant où le contrôle prime sur la confiance ; une idéologie « bonheuriste » qui prétend que l’entreprise serait le lieu qui vous rend oui ou non heureux, etc.

Face à tant d’absurdités, les aspirants entrepreneurs – les jeunes générations qui n’ont plus les mêmes références que ce que les entreprises actuelles proposent ou tous ces salariés trop longtemps rongés qui ont eu le courage de se reconvertir – sautent le pas. Si vous aussi êtes insatisfait de l’offre qui vous est faite sur le marché du travail… créez la vôtre. Jamais vous ne vous sentirez autant utile. « L’entrepreneuriat, c’est concret, rapide et efficace », me confiait récemment Lucie Basch*, cofondatrice de Too Good To Go et défenseure de la lutte contre le gaspillage alimentaire – elle est bien là la quête de sens dont on parlait. Monter une entreprise pour participer, à son échelle, à penser un nouveau futur, plus durable.

Entreprendre c’est à la fois réussir, échouer, rebondir. Vibrer tout simplement. C’est cette capacité à « transformer son quotidien en passion […] Je ne considère pas réellement exercer un métier, je fais ce que j’aime. Mon rapport au travail n’est pas subi mais choisi », résume Thomas Huriez*, l’homme derrière les jeans 1083, la référence du made in France.

Non, demain nous ne serons pas tous entrepreneurs. Notamment parce que tout le monde ne peut pas l’être. Car pour certains la stabilité et la routine rassurent, ou parce qu’ils prennent véritablement du plaisir dans ce qu’ils font tout en se satisfaisant d’un degré moindre de responsabilité – et c’est tant mieux. En revanche, tous les salariés qui ne vibrent plus dans leur job – davantage à cause de la façon dont ils l’exercent qu’à la nature même de l’activité – finiront un jour ou l’autre par devenir entrepreneurs. Voilà tout le mal qu’on peut leur souhaiter.

*Les deux interviews sont à retrouver dans le n°104 d’ÉcoRéseau Business, dans les kiosques le 16 novembre

Rédacteur en chef. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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