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Le gouvernement s’apprête à mettre en place une nouvelle réforme de l’assurance chômage, visant des économies de 3,6 milliards d’euros et la création de 90 000 emplois.
Cette réforme, qui durcira les conditions d’accès aux droits, suscite de vives réactions parmi les partenaires sociaux. La ministre du Travail, Catherine Vautrin, a de son côté amorcé les discussions avec les syndicats et les organisations patronales cette semaine.
Désormais, il faudra avoir travaillé huit mois dans les vingt derniers mois pour être éligible à l’assurance chômage, contre six mois dans les vingt-quatre derniers mois actuellement. Le ministère a confirmé cette piste, tout en laissant la porte ouverte à des ajustements après les consultations.
Des économies à faire
Selon le gouvernement, cette réforme devrait générer des économies substantielles et encourager la création d’emplois. Dans une interview à L’Express, le président Emmanuel Macron a soutenu que cette réforme « renforcera l’efficacité de notre système d’indemnisation et les incitations au travail ». Cependant, les syndicats sont en totale opposition avec cette réforme.
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a dénoncé une tentative de « faire encore plus d’économies en faisant les poches des chômeurs » lors d’une interview sur BFM Business. Rappelons-le, cette réforme intervient après l’échec des négociations entre patronat et syndicats sur les conditions de travail et l’emploi des seniors, ce qui a poussé le ministère à légiférer par décret avec une prise d’effet au premier juillet.
Objectif plein emploi
L’objectif affiché par le gouvernement est de contribuer à atteindre le plein emploi, soit un taux de chômage de 5 % contre 7,5 % actuellement et de favoriser le retour rapide à l’emploi des chômeurs indemnisés. Cette réforme survient également dans un contexte de maîtrise des dépenses publiques, après un déficit budgétaire atteignant les 5,5 % en 2023.
C’est donc dans ce contexte que le Premier ministre Gabriel Attal a défini trois axes pour cette réforme : la durée d’indemnisation, la condition d’affiliation et le niveau d’indemnisation. Pour l’instant, seules les conditions d’affiliation font l’objet de discussions, car elles produisent des effets rapides sur l’emploi, selon Marc Ferracci, député Renaissance et architecte de la première réforme de l’assurance chômage sous le quinquennat.
Des mesures supplémentaires ?
D’autres mesures sont également possibles, comme l’extension du système de bonus-malus à davantage de secteurs pour lutter contre l’abus de contrats courts, et le renforcement de la « contracyclicité », réduisant la durée d’indemnisation lorsque le taux de chômage descend sous les 6,5 %. Cela pourrait ainsi générer 3 milliards d’euros d’économies supplémentaires.
François Hommeril, président de la CFE-CGC a de son côté également mentionné la création d’un « bonus à la reprise d’emploi » pour les seniors de 57 ans et plus, tout en plafonnant les indemnisations des chômeurs proches de la retraite. Les syndicats considèrent pourtant cette mesure comme « anti-cadres » et inacceptable. Ainsi, malgré une apparente modération du gouvernement sur certains points, notamment la durée d’indemnisation, la contestation reste vive.
Les réactions sont nombreuses
Les syndicats, ayant déjà combattu les réformes de 2019 et 2023, restent mobilisés. Les leaders des cinq grandes centrales ont d’ailleurs apporté leur soutien à une proposition de loi du groupe Liot, visant à empêcher cette réforme. Elle sera soumise à l’examen de l’Assemblée nationale le 13 juin. Du côté patronal, les avis sont partagés. Patrick Martin, président du Medef, soutient des règles plus incitatives au retour à l’emploi. En revanche, Michel Picon, président de l’U2P, émet des réserves quant à la pertinence de durcir les règles, rappelant que la moitié des chômeurs ne sont pas indemnisés.
Ainsi, cette réforme, cruciale pour le gouvernement, soulève des enjeux majeurs en termes de politique de l’emploi et de justice sociale. Tandis que l’exécutif cherche à atteindre ses objectifs économiques, les syndicats et une partie de l’opinion publique dénoncent un durcissement des conditions qui pourrait fragiliser davantage les demandeurs d’emploi. La semaine prochaine s’annonce déterminante pour l’avenir de cette réforme.