Paraboot, l’art d’être bel et bien chaussé

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« Tout le développement de la marque s’est fait en autofinancement — ce qui souvent marque les esprits. » 

En 1908, à Izeaux dans l’Isère, Rémy Richard confectionne des chaussures qu’il vend à Paris. Très vite, il peut embaucher son propre personnel. La marque Paraboot est officiellement déposée en 1927. « Pendant les Trente Glorieuses, la société se développe presque inconsciemment dans toute la France », explique Pierre Colin, directeur marketing et communication de Paraboot. La marque touche à l’époque les métiers de bouche, les travailleurs, les populations agricoles et rurales. Jusqu’à la fin des années 70, le développement commercial et industriel de Paraboot est assez peu marquant.

Ce sont les années 80 qui marquent une rupture brutale dans l’histoire de l’entreprise qui voit « une période financière succéder à une période commerciale ». Alors que les modèles de montagne, notamment la marque Galibier, sont essentiellement tournés vers l’export en Amérique et au Canada, l’arrivée de Reagan au pouvoir change tout. « Le passage du dollar américain de 10 francs à 4 francs a pour conséquence une rupture très nette sur le marché de l’export », précise Pierre Colin. Paraboot a alors besoin d’un fond de roulement très important, mais les banques ne suivent plus. Paradoxalement, le carnet de commande reste plein. C’est principalement grâce à la confiance des fournisseurs, surtout de quelques tanneurs alsaciens, que l’entreprise a duré grâce à l’octroi de lignes de crédit. Malgré le retrait des banques, l’endettement de l’entreprise est toujours resté quasi nul : « Tout le développement de la marque s’est fait en autofinancement — ce qui souvent marque les esprits. »

Dans les années 1990 – 2000, Paraboot développe des boutiques et achète des pas-de-porte. L’entreprise finance à 100 % l’achat des magasins, sans recourir au crédit. Toujours dans les années 1990, Paraboot développe l’export et s’empare du marché asiatique et surtout du Japon. Aujourd’hui, l’Asie représente le pilier du développement de la marque et près de 50 % du chiffre d’affaires : « Depuis les années 2000, la part de l’international n’a cessé d’augmenter, si bien que la part de l’export est devenue la plus importante. » En 2017, Paraboot connaît une phase industrielle importante, car l’entreprise quitte ses ateliers ancestraux pour créer un nouvel outil industriel en investissant près de 9 millions d’euros. « Selon la Fédération Française de la Chaussure, cet investissement est le seul dans le milieu de la chaussure en France depuis trente ans », soutient Pierre Colin. C’est ainsi que sont produites environ 120 000 paires de chaussures par an.

Tout cela sans la moindre vente sur la toile : « J’exagère un petit peu, mais l’Internet a pendant longtemps été un gros mot chez nous. Le E-commerce pur et dur n’est pas dans la philosophie de Paraboot. » Depuis 20 ans, Paraboot s’est doté d’un site web qui est une vitrine, mais refuse la vente en ligne. 400 détaillants en France distribuent la marque et permettent de servir au mieux une clientèle exigeante, désormais autant urbaine que rurale.

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