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L’Ex-ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, avait promis de « rouvrir des lits » pour soulager les hôpitaux, mais les statistiques révèlent une réalité inquiétante. En 2022, la fermeture de plus de 6 700 lits s’est ancrée dans ce qui semble être une tendance à la baisse, constatée au cours des vingt dernières années.
Selon le bilan de la direction statistique des ministères sociaux (Drees) publié mercredi, au 31 décembre 2022, les 2 976 hôpitaux publics et privés disposaient de 374 290 lits d’hospitalisation complète, soit une diminution de 1,8 % par rapport à l’année précédente. Cette réduction s’inscrit dans un mouvement continu observé depuis la fin des années 1990.
En parallèle, les établissements de santé ont créé 2 591 places d’hospitalisation partielle, ce qui représente alors une augmentation de 3,1 %, pour atteindre un total de 85 015 places. Cette démarche s’inscrit ainsi dans la volonté des pouvoirs publics, de réorganiser l’offre de soins hospitaliers vers davantage d’ambulatoire, une transition qui s’explique également par les pénuries de personnel.
Une diminution au fil des années…
Depuis fin 2013, la suppression de 39 000 lits d’hospitalisation a semblé passer inaperçue. Cela équivaut pourtant une diminution de 9,4 % en neuf ans, tandis que 17 400 places d’hospitalisation partielle ont été créées. Les professionnels de la santé dénoncent d’ailleurs régulièrement ces fermetures de lits. Ils soulignent dès lors les conséquences néfastes sur la saturation des services, la pression exercée sur les équipes et les tensions dans les services d’urgences.
L’Ex-ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a de son côté affirmé son engagement pour l’hôpital public en déclarant : « Mon seul combat pour l’hôpital public, c’est la réouverture des lits. » Il a également insisté sur le fait que la fermeture des lits ne résultait pas de contraintes budgétaires, mais plutôt du manque d’attractivité des métiers du soin. Malgré les budgets conséquents alloués lors du Ségur de la Santé et les récentes revalorisations du travail de nuit, le défi reste de taille.
Des promesses en l’air ?
Fin novembre, le ministre avait promis de « rouvrir plusieurs milliers de lits d’ici à la fin de l’année », mais les chiffres montrent que près de 29 800 lits ont été supprimés sur la période fin 2016-fin 2022. En outre cette période correspond principalement à la présidence d’Emmanuel Macron, dépassant alors les chiffres de son prédécesseur François Hollande. Cependant, il faut noter que ces chiffres restent grandement en deçà de ceux du quinquennat de Nicolas Sarkozy (-37 000).
La Drees souligne aussi que les capacités hospitalières ont diminué « plus rapidement » depuis 2020 qu’avant la crise sanitaire de la covid-19. Bien que la pandémie puisse expliquer une baisse accrue en 2022, les auteurs de l’étude notent à ce propos que le recul observé est le « plus marqué ». Enfin, en parallèle, l’hospitalisation à domicile (HAD) a connu une croissance de 1,6 % en 2022, ce qui marque une évolution après une hausse de 10,5 % en 2020 et de 6,8 % en 2021. Après tous ces chiffres, une question demeure : comment inverser cette tendance inquiétante et garantir des soins de qualité à la population, et ce, malgré cette crise des lits persistante ?