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« Rendre la cybersécurité aussi accessible et automatisée que Pennylane l’a fait pour la comptabilité ou Alan avec la mutuelle »
Inès Leonarduzzi a une mission : rendre le numérique plus responsable. Bien consciente qu’il est ancré dans nos vies, le fustiger ne sert à rien… l’enjeu étant donc de l’apprivoiser. C’est ce qu’elle a fait en créant Digital For The Planet en 2017. Pour l’entrepreneure, place aujourd’hui à la cybersécurité, l’un des fléaux majeurs du XXIe siècle. Son nouveau projet, Gordian Protection, verra officiellement le jour en septembre 2025.
« La cyberguerre est installée depuis longtemps et les PME ne sont plus exclues des menaces », lance d’emblée Inès Leonarduzzi, fondatrice de Digital For The Planet. Difficile de lui donner tort à l’heure où les États en accusent d’autres de cyberattaques – La France a récemment pointé publiquement la Russie d’avoir ciblé une dizaine d’entités tricolores entre 2021 et 2024. Les cyberattaques se multiplient et les entreprises se retrouvent en première ligne. Pour rappel, l’Agence française de sécurité informatique (Anssi) a traité 4 386 « événements de sécurité » sur des systèmes informatiques en 2024 en France, soit une hausse « de 15 % » par rapport à l’année précédente, selon les chiffres communiqués par l’Anssi dans son Panorama de la cybermenace publié chaque année. Défenseure d’un « numérique au service du bien commun », Inès Leonarduzzi a décidé de faire de la cybersécurité son nouveau cheval de bataille.
Lutter contre le fléau du siècle
« Phishing (hameçonnage, ndlr), les rançongiciels, ou les vols massifs de données par intrusions ou piratages… les cyberattaques sont aujourd’hui quotidiennes et ce sont les plus petites entreprises qui en paient le prix fort, parce que moins informées et moins équipées. », explique Inès Leonarduzzi. En outre selon l’Anssi les TPE-PME-ETI constituent la catégorie d’entités la plus affectée par les compromissions par rançongiciel. Encore aujourd’hui, toutes les sociétés ne se sentent pas suffisamment concernées, et les plus petites ont tendance à minimiser le risque de cyberattaques à leur encontre. « Nombre d’entre elles misent tout sur un antivirus et un firewall pour lutter contre des cyberattaques de plus en plus sophistiquées, c’est désormais insuffisant. Beaucoup pensent encore qu’un antivirus suffit. Mais c’est un peu comme verrouiller sa porte en laissant les fenêtres grandes ouvertes », illustre l’entrepreneure.
Alors pour lutter contre un fléau qui grandit et s’industrialise, Inès Leonarduzzi s’apprête à lancer en septembre Gordian Protection : « L’ambition de Gordian est de rendre la cybersécurité aussi accessible et automatisée que Pennylane l’a fait pour la comptabilité ou Alan avec la mutuelle. La cybersécurité intimide encore beaucoup alors qu’elle devrait rassurer ». Concrètement, les entreprises qui solliciteront Gordian Protection recevront une box à brancher au sein de leurs locaux et qui, grâce à une IA embarquée et développée en interne, alerte en temps réel et analyse tous les flux entrants. « Le tableau de bord propose un suivi en temps réel des attaques potentielles avec un bilan en fin de mois sur le nombre de tentatives d’attaques subies et évitées », précise Inès Leonarduzzi. La solution, toujours en phase bêta, a déjà prouvé son efficacité et va continuer à être testée jusqu’à septembre au sein de PME. L’entreprise préfère parler de « membres » plutôt que de clients. « Une communauté va progressivement se former entre nos membres pour échanger sur les bonnes pratiques, leurs doutes et interrogations […] La cybersécurité est sur toutes les lèvres alors que c’est encore très flou pour une grande majorité. Nous devons détabouiser pour donner du contrôle aux entreprises, pas les apeurer ».
Et si l’attaque fonctionne ?
Les hackers vous volent vos données et vous réclament une rançon afin de vous les restituer. Si cette cyberattaque va au bout, « les entreprises se heurtent à un écran noir avec une demande de payer […] Ne jamais payer ! » insiste Inès Leonarduzzi. « Afin d’éviter d’alimenter le système, et surtout payer ne vous garantit en rien de récupérer vos données. » En revanche place à la phase de gestion de crise… Qui s’anticipe !
Combien de cyberattaques se tiennent les week-ends, le soir, les jours fériés… « Ce qui fait la différence en cybersécurité c’est l’hygiène informatique et le réflexe. Notre IA prévient immédiatement notre centre de télésurveillance français qui contacte immédiatement l’entreprise attaquée pour lui demander l’autorisation d’agir […] En cas de non-réponse, nous déclenchons le protocole Skyfall : on coupe toute connexion Internet pour empêcher les fuites de données », explique Inès Leonarduzzi. On comprend alors la référence historique de Gordian Protection, le légendaire nœud gordien tranché d’un coup d’épée par Alexandre Le Grand. « Comme le héros antique, on ne tergiverse pas avec le problème, on coupe sa racine. »
Si Inès Leonarduzzi reste impliquée au sein de Digital For The Planet, et donc dans cette lutte contre la pollution numérique (environnementale, intellectuelle et sociétale), elle a su déléguer les fonctions les plus opérationnelles pour faire de Gordian Protection son activité principale à partir de septembre. Toujours dans cette volonté de soutenir les « acteurs vulnérables et qui pourtant tiennent la France debout ».