Pas aussi simple dans les faits...
Pas aussi simple dans les faits...

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Google est omniprésent sur le Web : pratique, abordable… Mais l’utiliser a un prix. Il existe pourtant des alternatives.

C’est maintenant devenu un adage : si le service est gratuit, c’est toi le produit. Google, l’exemple par excellence, ne s’en est d’ailleurs jamais caché : sa matière première, c’est nos données. « En un sens, l’échange est inégal : nous avons des services contre nos informations », estime Fabrice Epelboin, co-fondateur de Yogosha, une société de service de sécurité informatique, et enseignant à Sciences Po. Le public a en effet tendance à sous-estimer – voire ignorer – ce qu’il partage non seulement en termes de contenus, mais aussi de valeur. Il a aussi tendance à sous-estimer (cela va de pair) le risque auquel il s’expose. Si Yahoo peut se faire pirater des millions d’identifiants, pourquoi pas Google ?

Cet échange de données pose également des problèmes éthiques. Entre Search, GSuite, et Androïd, Google a construit – sans nécessairement avoir de mauvaises intentions – ce qui est sans conteste l’appareil de surveillance le plus sophistiqué de la planète : à côté, la NSA est un amateur. « Ces informations peuvent servir à afficher de la publicité ciblée, mais les révélations de l’affaire Snowden ont aussi prouvé que les géants de l’Internet étaient contraints de communiquer ces données à des services gouvernementaux », souligne l’association Framasoft – issue du monde de l’éducation, elle promeut l’utilisation du logiciel libre et a lancé, il y a quelques années, un projet visant à « dégoogliser » Internet.

Google Search, l’inévitable

« Le premier intérêt d’utiliser d’autres solutions que celles de Google en matière de recherche est de retrouver une certaine égalité devant l’information », estime Fabrice Epelboin. Google, on le sait – et c’est ce qui fait sa force et son attrait pour beaucoup – personnalise les résultats de recherche, sans mauvaise intention. « Pourtant, il y a un risque réel de création d’une bulle », souligne Fabrice Epelboin. C’est somme toute logique : Google nous présente ce qui semble correspondre le plus à nos recherches passées. On en parle beaucoup en ce moment aux États-Unis : une tendance à lire des articles « extrêmes » entraînera leur prépondérance ultérieure dans les recherches – diminuant ainsi la chance de tomber sur des vues divergentes. Ceci dit, il est difficile de faire autrement. Utiliser d’autres moteurs de recherche que Google est possible (Bing, Qwant…), mais la baisse de qualité est sensible à l’usage.

Du coup, Adwords et Adsense sont de fait impossibles à remplacer. Il est possible d’acquérir de l’audience (car c’est le but poursuivi) par d’autres moyens : Facebook, Bing Ads, Taboola, Outbrain (ces deux derniers sont surtout connus par leur forme de widget présentant des suggestions d’articles liés que l’on trouve maintenant un peu partout)… Malgré cela, « la somme de tous les autres canaux doit représenter au maximum 10% de ce qu’apporte Adwords », souligne Manuel Jaffrin, co-fondateur de GetApp, un moteur de recherches d’applications Saas. Autant dire que la firme de Mountain View est indétrônable. La seule exception : le mobile, où Facebook a pris une part de marché importante.

En fait, la seule faiblesse de Google Search est… son manque de spécialisation. Ses résultats sont tellement complets que pour certaines recherches spécifiques, il est plus efficace d’utiliser des moteurs de recherche spécialisés. « Nous avons lancé GetApp il y a sept ans car justement, Google Search ne faisait pas un très bon travail sur les applications en Saas », se souvient Manuel Jaffrin. Il n’existe pas de filtres de recherche dédiés aux applications. Les deux fondateurs suédois d’AlternativTo, un site similaire, avaient fait le même constat. Mais Google, peu rancunier, n’hésite pas à orienter le trafic vers ces sites.

Des alternatives aux applications

L’offre applicative de Google est très attirante : complète, abordable… « Les solutions de Mountain View sont idéales pour commencer son activité, mais elles ne couvrent pas tout le workflow », souligne Manuel Jaffrin – newsletter, gestion des réseaux sociaux… Il existe néanmoins des solutions (Mailchimp, Hootsuite…) compatibles et de qualité. Mais les services made in Google souffrent, en un sens, du même défaut que Search : leur manque de spécialisation. Plus le besoin est vertical, moins ils sont adaptés. Leur simplicité et leur efficacité en font un bon choix pour une PME à ses débuts, mais des services plus pointus seront nécessaires plus tard.

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe beaucoup de solutions, aussi bien éditées par des acteurs majeurs qui répondent à tous les besoins ou presque, comme Microsoft ou Zoho, que par des indépendants ou même des associations : Framasoft a ainsi rendu disponible une suite entière de logiciels gratuits en open source. Et il existe des moteurs de recherche, comme GetApp ou AlternativTo, ou des pages dédiées (Kommunauty, Framasoft) qui présentent les options disponibles. Ces moteurs bénéficient des retours d’une grande communauté d’utilisateurs, qui facilitent le choix. Mais une migration est toujours une opération délicate. Pour bien choisir, « il faut identifier quels sont les problèmes et fonctions spécifiques auxquels les solutions de Google ne répondent pas », souligne Manuel Jaffrin. Il faut aussi connaître ses propres moyens : par exemple, si l’on n’a pas de département IT, les solutions open source peuvent se révéler complexes.

Il reste malgré tout un domaine où, même dans l’applicatif, Google reste indétrônable : l’identification. Il est difficile de se passer des poids lourds du secteur (cela inclut Facebook) sur cette activité spécifique, qui demande des investissements lourds. Et surtout, étant un des acteurs de référence depuis plusieurs années, tout le monde (ou presque) est compatible avec Google, ce qui en fait le noyau central idéal autour duquel bâtir son système. C’est d’ailleurs ce qui se produit, organiquement, dans la plupart des entreprises.

Jean-Marie Benoist

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