Vers la Lune et au-delà

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Cinquante ans après le « small step for (a) man » d’Armstrong en juillet 1969, la course spatiale repart. Entre ambitions chinoises et américaines, partenariats internationaux et acteurs privés, l’espace retrouve le goût de l’aventure. Les défis sont considérables et la planète rouge – Mars – se lève à l’horizon des programmes. Mais sur le chemin de sa conquête, le retour sur le satellite lunaire sera la première étape.

Le premier homme dans l’espace, Youri Gagarine, fut russe, le premier pas sur la Lune, celui de Neil Armstrong, américain. Qui foulera le sol martien pour la première fois entre les Chinois, Indiens, États-uniens et Européens ? La course est lancée. Mars, notre « voisine » de planète distante de quelque 225 millions de kilomètres, fascine depuis des siècles. Après le déploiement des rovers Opportunity (2003) et Curiosity (2011) par la NASA, l’Agence spatiale européenne devrait lancer sa mission ExoMars en 2020, avec le soutien de l’agence spatiale russe. Et bientôt une mission habitée ? Fouler le sol d’une autre planète, l’ambition fait rêver autant qu’elle pose question. Sommes-nous capables d’un tel exploit dans un futur proche ? À la fin des années 1960, c’était certain, la planète rouge serait la nouvelle cible naturelle des programmes d’exploration habitée. Mais les difficultés s’amoncellent, tant le défi technologique et humain est considérable (le trajet aller pourrait à lui seul durer plus de six mois). Mais si l’objectif martien est affiché en grand par les agences spatiales internationales, l’actualité est ailleurs. Mars oui, mais avant, la Lune.

La Lune sur le chemin de Mars

« La Lune est notre banc d’essai pour notre future mission vers Mars. C’est pour cela que nous allons sur la Lune. » L’explication de Jim Bridenstine, patron de la NASA, est sans détour. S’il a réaffirmé, à l’occasion des 50 ans d’Apollo 11, la volonté d’envoyer des hommes/femmes sur Mars en 2033, c’est la mission Artemis qui est actuellement sur les rails célestes. Objectif, fouler à nouveau les sols lunaires en 2024 et déployer des infrastructures de lancement et un avant-poste sur le satellite. La nasa s’était donné jusqu’en 2028, mais un Donald Trump mécontent exige des délais ramenés à 2024. « La première femme et le prochain homme sur la Lune seront des astronautes américains, lancés par des fusées américaines depuis le sol américain », assure Mike Pence, vice-président (américain !) des États-Unis et président du Conseil national de l’espace. Un retour envisagé dès 2004, par le programme Constellation lancé par George W. Bush et abandonné en 2010 par Barack Obama. Malgré les caprices du pensionnaire actuel de la Maison Blanche, l’Agence américaine n’est pas en mesure de lancer une mission martienne habitée dans l’immédiat. La Lune devra servir de tremplin. Mais les États-Unis ne sont pas seuls sur le dossier. La Chine a devancé son concurrent en réussissant le premier alunissage sur la face cachée du satellite de la Terre le 3 janvier 2019, avec sa sonde Chang’e 4. Et la France s’en mêle. Un accord de coopération spatiale a été conclu entre Paris et Beijing lors de la visite de Xi Jinping en mars. Dans un contexte de guerre commerciale exacerbée, la perspective de voir un taïkonaute griller la priorité à un citoyen américain ne plaît pas à Washington. Mike Pence ravive même le souvenir de la Guerre froide : « Nous sommes engagés dans une course spatiale comme dans les années 1960, mais les enjeux sont plus importants. » Reste que le contexte est bien différent de celui des missions Apollo. Les prétendants sont aujourd’hui bien plus nombreux et la Lune n’est plus l’ultime objectif, mais bien une étape incontournable.

Scepticisme et prestataires privés

Malgré les promesses, les spécialistes sont pessimistes. Le Science and Technology Policy Institute souligne que « même sans contraintes budgétaires, une mission orbitale pour Mars en 2033 n’est nullement programmable de manière réaliste dans le plan actuel de la NASA ». À moins d’un effort de l’ampleur du programme Apollo, lorsque les moyens de l’Agence représentaient 4 % du budget national, contre 0,4 % aujourd’hui. Avis partagé par le dernier rapport du Conseil national de la recherche états-unien. Budget contraint, incohérences dans le développement des technologies nécessaires et manque de volonté politique durable, les sources de doute ne manquent pas. Parmi les recommandations du rapport : augmenter de 5 % chaque année le budget de la NASA dédié à l’exploration et élargir la coopération spatiale internationale avec la Chine, la Russie, l’Inde et l’ASE. Et favoriser les inévitables collaborations avec des acteurs privés. Car, oui, les États les plus puissants n’ont plus le monopole de la conquête spatiale et le modèle du partenariat avec des firmes aérospatiales s’impose de lui-même. Les milliardaires mégalos, Jeff Bezos (Blue Origin) et Elon Musk (Space X) en tête, s’imposent comme des alliés de poids. La fusée réutilisable Falcon 9 de SpaceX, l’atterrisseur lunaire Blue Moon de Blue Origin, la navette SpaceShip Two de Virgin Galactic… La sphère privée s’active, avec comme point de mire le tourisme spatial et la conquête d’un nouveau marché florissant. Il faudra compter entre 200 000 et 250 000 dollars, selon les estimations et les compagnies, pour s’offrir un vol suborbital de quelques minutes. Justin Bieber et Leonardo DiCaprio ont d’ores et déjà réservé leur billet. Et les prétendants sont nombreux. En attendant de partir vers d’autres cieux, les astronautes gardent, eux, les pieds sur terre. C’est dans les champs de lave islandais et leur paysage « martien » que la NASA se prépare à l’exploration de la planète rouge.

Adam Belghiti Alaoui

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