Travail sous tension : et si la crise permanente appelait à une révolution du collectif ?

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Boutayna Burkel

Par Boutayna Burkel, cofondatrice du podcast « À bout de taf »

TRIBUNE. Le travail fait-il sa polycrise de nerfs ? À la fois effort, aliénation et émancipation, le travail est bien plus qu’un contrat. Il cristallise aujourd’hui des tensions multiples sur sa quantité, sa place dans le système productif, sa durée ou sur l’ensemble du parcours de vie. Comprendre ces mutations sans les subir est un enjeu social et business.

Le travail, un mot courant, simple et pourtant chargé d’ambivalence. Il oscille entre émancipation et aliénation, accomplissement et souffrance. Mais il est aussi un lieu de lutte. Le travail représente un repère identitaire particulièrement paradoxal : si 87 % des Français estiment qu’il a perdu son rôle central dans nos vies, 77 % des salariés disent être heureux au travail.

Nommer les multiples fractures qui fragilisent l’individu

Procéder à cette analyse devrait être le quotidien des DRH voire de tout dirigeant. Avant, travailler c’était avancer et progresser. Dans les années 60, il fallait 20 ans pour doubler son niveau de vie. Aujourd’hui ? 90 ans, une vie entière. Ainsi le travail n’est plus perçu comme un moyen d’émancipation sociale.

La crise écologique est venue perturber les chaînes de valeur. La transition et la transformation prennent plus de temps et nécessitent des investissements pérennes ainsi qu’une implication sincère des différentes parties prenantes. Pour 35 % des Français, l’urgence environnementale est la crise majeure, chez les 18-24 ans, ce chiffre grimpe à 48 %*.

Le choc sanitaire a ensuite profondément modifié l’espace de travail, les relations professionnelles et les représentations collectives, cristallisant une crise sociologique et anthropologique. En 2022, la France a enregistré 520 000 démissions, un record historique marquant un tournant dans le rapport au travail et, plus largement, aux autres. Autrefois pilier de la vie sociale, le travail est devenu une contrainte, un simple « job », une occupation dépourvue de sens.

Le rôle de la technologie

À cela s’ajoute la vague de l’IA générative qui bouleverse en profondeur notre manière de travailler, tant sur le plan cognitif qu’intellectuel. La technologie modifie la nature même du travail : certains s’en saisissent pour gagner du temps, réorganiser leur charge de travail, ou se former.

Ces chocs exhortent salariés, dirigeants et investisseurs à repenser leur rapport au risque et à la robustesse des organisations.

* Ipsos : Les Français, la justice sociale et le partage des efforts

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