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TRIBUNE. Dans le sillage de la fast fashion, il existe un autre phénomène dont on parle moins : la fast beauty. Produits à bas coût, collections renouvelées en permanence, promesses éclatantes, marketing effréné, packaging non recyclable, matières inertes peu chères, colorants, parfums bas de gamme… La cosmétique se consomme en continu, au détriment de la planète et souvent de notre santé. Par Juliette Munoz-Ruiz, cofondatrice de La Canopée.
Il s’agit de faire comprendre les racines du métier, l’importance d’un savoir-faire comme la formulation 100% d’origine naturelle (que peu maîtrisent) et la bienveillance derrière chaque accompagnement pour apporter une solution saine et efficace aux problématiques de peau, tout en déconstruisant tout ce que le marketing cosmétique a mis en place depuis plus d’un siècle. Il est urgent de prendre du recul et de réinterroger nos habitudes de consommation.
Les parallèles entre fast fashion et fast beauty sont évidents. Dans les deux cas, il s’agit de produire vite, beaucoup, pas cher, en générant un sentiment de besoin constant chez le consommateur. Chaque semaine, de nouveaux produits apparaissent, surfant sur les tendances TikTok, les saisons ou les collaborations éphémères. On multiplie les achats impulsifs, on surconsomme, on gaspille.
Mais derrière ces produits à petit prix se cachent souvent des ingrédients de piètre de qualité, transformés, qui ont parfois fait plusieurs fois le tour du monde ; des monocultures dévastatrices pour les hommes et la faune environnante; des formules peu respectueuses de la peau, avec des agents de texture inertes, des matières issues de la pétrochimie et des procédés de fabrication aux impacts environnementaux désastreux. Le cycle est connu : on achète, on teste, on délaisse… pour racheter encore.
Si nous abandonnons en disant « à quoi bon », ce sont toujours les entreprises sans scrupules qui s’offrent aux consommateurs, et ça, c’est inacceptable.
En 2021, la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA) recensait deux nouvelles marques de cosmétiques par jour. Une majorité écrasante de ces entreprises n’a aucune connaissance en chimie, aucune connaissance en biologie de la peau. Elles se contentent d’acheter un produit et d’y apposer une étiquette. Le cœur de leur métier reste le marketing et la stratégie de commercialisation.
Heureusement, d’irréductibles entreprises engagées ont su se frayer un chemin, avec une volonté claire : faire barrage à une industrie qui nuit aux êtres humains et à la planète. Nous croyons profondément qu’il est possible d’offrir des soins efficaces, sensoriels, respectueux de la santé, tout en défendant une vision durable de la beauté.
Lutter contre la fast beauty, c’est aussi revoir notre rapport à l’achat. On n’a pas besoin d’un nouveau soin toutes les semaines. On n’a pas besoin d’accumuler trois nettoyants, deux brumes, cinq sérums et autant de crèmes. Multiplier les produits n’apporte ni plus d’efficacité, ni plus de plaisir. Cela alourdit nos routines, fatigue notre peau, et pèse lourdement sur les ressources naturelles.
Nous encourageons au contraire une beauté réfléchie, cohérente, qui vise l’essentiel et la technicité pour être efficace. On choisit un soin de qualité, avec des ingrédients nobles, bien formulés, et on l’utilise jusqu’à la dernière goutte. On remplace uniquement lorsqu’on en a besoin. Cette démarche n’a rien d’un renoncement. Bien au contraire, elle se reconnecte à un vrai plaisir de soin, plus profond, plus conscient.
La cosmétique, la vraie cosmétique, celle que nous défendons, est loin d’être superficielle. C’est une cosmétique transparente, qui parle de ses formules, qui explique le pourquoi du comment de chacune de ses matières. Aucune n’est là pour rien ou pour faire joli ; elles sont toutes sélectionnées pour leurs belles provenances et leurs belles propriétés. C’est une cosmétique qui apporte des solutions aux problématiques cutanées parfois handicapantes ou sources de complexes, comme l’acné, les cicatrices, les peaux atopiques, la rosacée, l’eczéma, etc.
Nous avons décidé de toujours expliquer le pourquoi du commentaire, car le savoir, c’est le pouvoir. Quand nous expliquons à nos client.e.s pourquoi tel ou tel geste est à proscrire, et pourquoi telle ou telle habitude est à prendre, nous transmettons la connaissance des mécanismes de la peau et des interactions chimiques entre les ingrédients. Nos client.e.s représentent ainsi le pouvoir sur leur consommation, sur les produits qu’elles choisissent, et elles les choisissent en toute connaissance de cause.
Il faut aussi le dire avec clarté : un soin naturel à 5 euros ne peut pas être de la même qualité qu’un soin naturel à 40 euros. Derrière un prix juste, il y a une formule riche, un travail minutieux, des matières premières choisies avec soin, et une production responsable. Le low-cost a un coût, et c’est souvent l’environnement, la santé ou l’éthique qui en paye le prix. C’est encore un élément très proche des problématiques de la fast-fashion.
Consommer moins, mais mieux. C’est là que tout commence. Avant d’acheter, on s’interroge : est-ce vraiment utile ? En ai-je besoin ? Suis-je prêt à soutenir une entreprise engagée plutôt qu’un géant industriel opportuniste ? Car choisir une marque française, transparente, militante, c’est aussi un acte politique. Ce sont ces petits gestes qui, mis bout à bout, dessinent un changement profond.
On a parfois tendance à penser que nos choix individuels ne pèsent pas grand-chose. Mais c’est faux. Chaque geste compte. Chaque achat compte. Et chaque prise de conscience, chaque refus de céder à la facilité, oblige les marques à revoir leurs priorités. Si le grand public se détourne de la fast fashion et de la fast beauty, alors les industriels n’auront d’autre choix que de suivre ce mouvement. Ils le feront parce que vous leur montrerez une autre voie.
La bonne nouvelle, c’est que cette autre voie existe déjà. Partout, en France et ailleurs, des marques responsables, passionnées et exigeantes travaillent à proposer des alternatives cohérentes, respectueuses, intelligentes. Dans tous les domaines (vêtements, cosmétiques, alimentation, hygiène, etc.) il est aujourd’hui possible de faire mieux, de consommer autrement. Les consommer, c’est les soutenir !
L’écriture inclusive utilisée dans cette tribune n’est pas de notre fait


























