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Une tribune signée Pierre Gattaz, président de Radiall et de Y Croire & Agir ; Léonidas Kalogeropoulos, président du Cabinet Médiation & Arguments et fondateur d’Entrepreneurs pour la République ; et Maxime Aiach, président du groupe Domia (Acadomia/Shiva).
TRIBUNE. Dénoncer l’incurie des programmes des extrêmes ne suffira pas à la majorité relative sortante, élargie aux Républicains et à la gauche de gouvernement, à gagner les élections. La montée des extrêmes résulte d’une insatisfaction profonde de la société à laquelle on ne peut espérer répondre en se contentant d’un : « Faites-nous confiance, sinon vous subirez les foudres du chaos » !
Les attentes de la société doivent être entendues et des réponses nouvelles doivent être apportées ; c’est juste une exigence démocratique minimale au regard du rendez-vous politique crucial qui attend tous les Français dans moins d’un mois.
On ne vit pas bien du salaire net, alors qu’on vivrait bien du salaire brut
Le travail doit payer !
La première exigence qui fonde le socle de notre société est très claire : le travail doit payer ! C’est la condition nécessaire pour que la force créatrice qui pousse des milliers de Français à entreprendre, à réindustrialiser, à développer leurs projets, fonde le socle d’un consensus national autour de l’entreprise.
Or, les revenus du travail ne répondent pas à la promesse de cet ascenseur social fondamental qu’est le travail. La raison d’être de cette frustration généralisée qui gangrène notre société est qu’on ne vit pas bien du salaire net, alors qu’on vivrait bien du salaire brut.
Pourquoi ? Parce que dans un contexte de chômage de masse, gouvernement après gouvernement, l’État a installé dans notre pays le mythe de la gratuité pour tout et pour tous, qui est financée par des ponctions généralisées sur tous les salaires. Si nous voulons atteindre le plein emploi – qui est la première justice sociale ! -, il faut mettre un terme à cette ponction généralisée et spoliatrice au nom d’un idéal de gratuité dont on voit bien qu’il ne garantit en rien l’équilibre social, mais qui a surtout pour effet de condamner toutes les classes moyennes à une smicardisation généralisée.
Il faut en finir radicalement en plafonnant à 20 % du salaire brut les ponctions sociales diverses, en privilégiant la piste d’une hausse de TVA de 0,5 à 1 % sur le taux normal, et en réduisant en proportion toutes les prestations et allocations pour rentrer dans ces ressources contraintes, tout en imposant des contrôles drastiques pour limiter tous les abus en termes de prestations sociales.
Le pouvoir d’achat retrouvé par les salariés cimentera le consensus autour de l’entreprise, véritable acquis de ces dix dernières années, parce qu’elle sera perçue et vécue non seulement comme une aventure émancipatrice pour les entrepreneurs, mais aussi pour tous ceux qui y travaillent, entraînés dans cette aventure collective qui cimente la société et notre pays. Ce consensus est la condition nécessaire pour que chacun accepte la stabilité législative, réglementaire et fiscale nécessaire au développement économique et entrepreneurial.
Assurer l’ordre civique et républicain
La deuxième exigence sociale concerne le retour à l’ordre civique. Les dégradations, les agressions, les incivilités généralisées, le communautarisme revendicatif, le sentiment d’impunité… mettent tous les jours la société sous tension et gangrènent le « vivre ensemble ». Il faut restaurer le contrat social d’urgence et le faire respecter, avec un engagement régalien de tolérance zéro. Cette exigence n’est pas sans lien avec la nécessité de préserver un environnement propice au développement entrepreneurial. Qui peut rêver d’entreprendre dans un pays, dans une région, dans une ville, où une poussée de violence soudaine peut conduire au saccage en quelques heures du travail de toute une vie ?
A cet égard, la République française, construite autour du principe simple résumé par Renan dans Qu’est-ce qu’une Nation, selon lequel « l’Homme ne s’improvise pas », impose que ceux qui veulent rejoindre l’aventure séculaire de notre pays, pétri de l’amour des Lumières et de son projet émancipateur, reçoivent une éducation qui leur permettent de prendre le train en marche de notre ambition collective. Cela n’ayant pas été fait, il est nécessaire de décréter un moratoire sur toute nouvelle immigration, le temps que se mettent en place les structures permettant d’assurer, pour tous les Français et pour tous ceux qui veulent vivre en France, le rappel de ce qui constitue notre socle commun – dont la laïcité, l’égalité homme/femme et le renoncement à la violence dans les relations sociales, sont les pierres angulaires. Il en découlera un contrat d’adhésion à ce projet, avec tous les droits et les devoirs associés à cet engagement, ouvert à tous ceux qui sont convaincus que la France représente une chance pour tous ceux qui ont à cœur d’épouser son ambition et de l’enrichir de leur travail, de leur créativité et de leur volonté d’entreprendre.
Entreprenons ensemble la transformation de notre pays
Remettre l’État à sa juste place
Enfin, le torrent de l’État – qui a certes sauvé les entreprises durant la crise covid – doit retourner dans son lit ! Nos déficits budgétaires généralisés traduisent sa volonté de pourvoir à tout, de telle manière qu’il finit par n’être efficace sur rien, et surtout pas dans les domaines régaliens où il est attendu, et où il est seul à pouvoir assurer les missions que la société attend légitimement de lui. Il sera nécessaire d’ouvrir dès le mois de juillet des assises des missions régaliennes de l’État, qui définiront le périmètre où l’État est attendu comme « opérateur » direct, et ceux dans lesquels il doit se limiter à être le garant du respect de l’intérêt général, encadrant l’exécution des missions assurées par des acteurs entrepreneuriaux. Ce grand chantier, doit intégrer un vaste plan de « débureaucratisation nationale et locale » de la société française, passant par une simplification drastique des strates de la décentralisation, pour être soumis à référendum d’ici à la fin de l’année 2024, l’objectif étant de redonner toute sa puissance au génie entrepreneurial qui est au cœur du « Miracle Français », avec – au milieu de cette tornade permanente qui caractérise notre pays depuis dix ans – ce million de nouveaux entrepreneurs qui se lancent dans l’aventure tous les ans !
Avec ces quelques priorités fixées pour cap, les « gouvernants raisonnables » qui veulent préserver notre pays des turpitudes des extrêmes, sauront entraîner les Français dans la promesse de voter pour un changement radical, une « révolution constructive », alors que les extrêmes ne semblent décliner que des versions variables d’un « haïssez-vous les uns les autres » qui ne promet rien de bon. « Entreprenons ensemble la transformation de notre pays » pourrait en être le slogan fédérateur.