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À l’initiative des ONG European Environmental Bureau et ChemSec, des ministres de l’environnement de l’Union européenne s’étaient soumis à une prise de sang pour mesurer la présence des PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) dans leur organisme. Tristement, tous se sont révélés contaminés. Par Ezzedine El Mestiri.
La moitié d’entre eux présentent des taux qui peuvent faire redouter des risques sur leur santé et engendrer des cancers (testicule, prostate, rein), et un danger pour les femmes enceintes et les fœtus.
Ces polluants éternels sont utilisés dans le textile, les emballages alimentaires, les ustensiles de cuisine et les cosmétiques pour leurs propriétés antiadhésives, et leur résistance à la chaleur. Ils sont peu biodégradables, d’où leur surnom de « polluants éternels ». Ils mettent énormément de temps à se décomposer.
La France est pionnière
Grâce à une loi votée par l’Assemblée nationale en février 2025, la France est devenue pionnière dans la lutte contre les PFAS. Le texte vise à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant ces polluants. À partir du 1er janvier 2026, la fabrication, l’importation, l’exportation et la vente de tout produit cosmétique contenant des PFAS seront interdites, ainsi tous les textiles à compter du 1er janvier 2030. Exception faite pour les ustensiles de cuisine ! Cette loi fait aussi l’obligation d’inclure le contrôle de la présence des PFAS dans les analyses des eaux destinées à la consommation humaine.
Sur le plan européen, nous attendons toujours l’interdiction de ces polluants dans les produits de consommation courante, assortie d’exceptions pour des secteurs jugés indispensables, comme le domaine médical. Évoquée pour la fin 2025, cette proposition de loi risque de ne pas voir le jour en raison des négociations ardues avec les industriels.
Un enjeu majeur pour l’environnement et la santé
Un manifeste a été lancé par une centaine d’ONG européennes appelant les dirigeants européens à soutenir l’interdiction universelle des PFAS. Pour les signataires : « La seule façon d’arrêter l’accumulation de PFAS dans notre environnement, et donc de protéger les générations actuelles et futures des risques sanitaires inhérents (troubles hépatiques, affaiblissement du système immunitaire, cancers, etc.), est de restreindre leurs utilisations. » Ils appellent la Commission européenne à adopter une restriction sur la production et l’utilisation des PFAS d’ici à 2030. Décontaminer le sol et l’eau potable des communautés touchées et allouer suffisamment de budgets à ces projets d’assainissement. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’appliquer le principe du pollueur-payeur, notamment pour garantir que le pollueur, et non les contribuables, prenne en charge les coûts de dépollution.
Une étude inédite d’Atmo Occitanie révèle la présence simultanée de pesticides, de perturbateurs endocriniens et de PFAS dans l’air. C’est une alerte scientifique sur un « cocktail invisible » qui interroge la qualité de l’air que nous respirons. C’est la première fois que ces composés sont recherchés dans l’air et leur présence pose une question sanitaire majeure, car ils sont associés à des troubles immunitaires, hormonaux et métaboliques.
Aujourd’hui, il faut arrêter de tergiverser. Il y a une urgence d’agir pour restreindre l’utilisation de ces polluants dans notre vie courante et procéder à leur dégradation dans les écosystèmes. C’est un enjeu majeur pour l’environnement et la santé.

























