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Avocats, experts-comptables, consultants… chacun accompagne le dirigeant dans le processus de décision.
Ils étaient un passage obligé pour accomplir certaines obligations légales : avocats, experts-comptables et consultants se transforment en véritable bras droits du·de la chef·fe d’entreprise. Un besoin accentué par la crise covid. Depuis un an, nombre de dirigeant·es doivent réinventer leur business dans un environnement en pleine mutation. Ces experts extérieurs se révèlent alors précieux.
La complexification des réglementations et les changements rapides liés à la transformation numérique de l’économie brisent le superbe isolement des dirigeant·es. Les voilà incité·es à se faire accompagner dans l’élaboration de leur stratégie. S’adapter à la crise, prévoir les évolutions de marché, passer de l’intention stratégique à l’action… Pas simple pour qui doit se positionner sur tous les fronts. Pour prendre les bonnes décisions, il doit réunir toutes les cartes, des atouts qui prennent souvent l’allure d’une compétence externe. Avocats, experts-comptables, consultants, commissaires aux comptes, conseils en stratégie, fiscalistes : les « simples » techniciens de la mécanique de l’entreprise changent de dimension.
Les avocats-conseils au défi des legaltechs
La perception du rôle de l’avocat s’est modifiée. L’assistance juridique n’est plus exclusivement perçue comme un outil de gestion des risques ou associée à une contrainte. Elle va s’utiliser comme levier de performance à intégrer dans la stratégie d’entreprise. La loi devient une source potentielle d’avantage concurrentiel, de quoi propulser les professionnels du droit en véritables partenaires dans l’élaboration d’une stratégie. Le mouvement est inéluctable. Les legaltechs, de leur côté, automatisent bon nombre des tâches jusqu’ici réalisées par l’avocat. À échéance de 5 ans, la plupart seront exécutables grâce à l’intelligence artificielle.
Experts-comptables : « les couteaux suisses » ?
La vague numérique submerge aussi le métier d’expert-comptable. Les robots de tâches de saisie ont déjà convaincu de nombreuses TPE et PME de les adopter. Dougs, Indy, Clémentine, Livli, Keobiz… Outre la production du bilan, la synchronisation bancaire produit des tableaux de bord en temps réel. Les robots préremplissent les déclarations fiscales. Avec leurs interfaces ergonomiquement attractives, ils accroissent la compétitivité pour un coût maîtrisable de l’accès aux données en temps réel… Ces solutions ont tout pour séduire les dirigeant·es de TPE et PME. Pour l’instant, les « tâches historiques » représentent encore 80 % de l’activité des experts-comptables. Un chiffre qui devrait fondre au cours des prochaines années. Mais pour Lionel Canesi, président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables, pas question de voir d’un mauvais œil l’apport de l’intelligence artificielle. « L’automatisation inclut uniquement les tâches de saisie ce qui, à terme, nous fera gagner du temps. Nous pourrons ainsi nous consacrer aux missions pour lesquelles nous offrons une forte valeur ajoutée. » L’IA n’est pas perçue comme un outil de décimation de la profession, mais comme un atout dont le président de l’ordre des experts-comptables compte bien s’emparer. « L’IA nous fait entrer dans l’ère de la comptabilité prédictive. L’accès en temps réel à un nombre croissant de flux d’information nous donne le moyen de proposer des outils de pilotage performants. » L’apport des robots transforme les professionnels du secteur en « experts comptables augmentés ». Pour l’heure, l’intervention de l’humain reste nécessaire. Derrière chaque chatbot travaille encore une équipe d’experts-comptables qui contrôlent, recoupent, ajustent.
Une autre révolution menace, elle, davantage, la profession en tant que telle, elle provient de l’administration fiscale. Elle est programmée pour 2023, date à laquelle la facturation électronique sera obligatoire pour toutes les entreprises. L’automatisation de la TVA devrait suivre… Pour se repositionner, la profession doit évoluer en passant d’une mission légale de tenue des comptes à une mission de service. Le conseil de l’expert-comptable est fondé sur une vision ultraréaliste de l’entreprise. Elle s’avère stratégique : gestion de haut de bilan, recherche de fonds, audit, évaluation, accompagnement lors d’une cession… Pour Lionel Canesi, l’expert-comptable est en quelque sorte le « couteau suisse » de l’entreprise. Lui-même chef d’entreprise, il est au service des chef·fes d’entreprise. Il capitalise sur son expérience et celle de ses autres clients pour apporter un conseil qualifié. La profession compte sur de nombreuses pistes pour diversifier ses services : prévention des difficultés, compétence de data scientist, RSE, RH… « La valeur des entreprises est de moins en moins dans ses comptes. Elle tend à intégrer la politique RH, l’engagement en matière de RSE. »
Juriste en protection des données
Selon le rapport France 2020 du réseau social professionnel LinkedIn, le data protection officer (DPO) est la compétence la plus recherchée. Les enjeux en matière de données sont tels qu’il est propulsé conseil nécessaire auprès du·de la chef·fe d’entreprise. Le Règlement général de la protection des données (RGPD) applicable depuis 2018 oblige les entreprises qui assurent un traitement des données à grande échelle à désigner un tel DPO. Ce profil correspond au·à la juriste spécialisé·e en protection des données, personne désignée en interne dans l’entreprise ou prestataire externe. Le ou la DPO doit, en plus de sa compétence juridique, justifier de connaissances approfondies en informatique et en cybersécurité.
Le point de vue externe et pointu du consultant
Les dirigeant·es de grands groupes sont confronté·es à des choix engageants. L’approche stratégique que propose un conseil externe se révèle décisif. Il·elle intervient dans le cadre d’une mission précise : établir un diagnostic et/ou des préconisations, proposer un éclairage spécifique dans des domaines qu’aucune compétence interne ne couvre, accompagner le·la chef·fe d’entreprise à fixer des objectifs en choisissant les outils adaptés au besoin… Les compétences sont infinies : stratégie de croissance, développement de marché ou d’opportunités commerciales, positionnement, ventes, cession, restructuration, conduite du changement, numérisation, croissance externe, restructuration… Le·la consultant·e utilise ses compétences pour servir les objectifs de l’entreprise, évaluer la situation, identifier les problématiques et proposer des solutions. Il·elle accompagne la mise en œuvre dans l’entreprise. Le·la consultant·e épaule le·la chef·fe d’entreprise sans prendre sa place. Sa préconisation de stratégie place le ou la décideur·se en position de prendre des décisions éclairées.
Marie Bernard