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Le portage salarial poursuit son développement fort de ses deux atouts majeurs : la liberté et la protection sociale.
Avec près de 700 000 créations d’entreprises, un nouveau record a été établi en 2018. La majorité relève du micro-entrepreneuriat et des entreprises individuelles. Pas de doute : bon nombre de Français/es décident de se mettre à leur compte. Selon un sondage publié début février à l’occasion du Salon des entrepreneurs, ils seraient près d’un tiers (28 %) à l’envisager. Énorme. Mais pas dans n’importe quelles conditions ! Pour plus de la moitié des interrogé/es, le principal frein reste une protection sociale jugée insuffisante. D’où l’explication sans doute de l’essor du portage salarial, gage d’une telle protection. Avec un chiffre d’affaires estimé à plus d’un milliard d’euros, le marché du portage salarial se porte très bien. Il enregistre en 2018 une croissance en forte hausse (18 % par rapport à 2017). En France, 281 entreprises (Siren) sont spécialisées dans le portage salarial et représentent plusieurs dizaines de milliers de salariés « portés », sur tout le territoire.
Porteur conseiller
Portage salarial : statut de professionnels experts autonomes qui créent ou exercent leur activité en conservant leur qualité de salarié. Il instaure une relation tripartite entre un travailleur indépendant (le porté), ses clients et l’entreprise de portage dont le professionnel devient salarié le temps de ses missions.
Pour Hubert Camus, président du Syndicat des professionnels de l’emploi en portage salarial (le bien nommé Peps) qui regroupe désormais la grande majorité des entreprises de portage salarial, le premier atout du portage, c’est la sécurité. « Ce statut a l’avantage d’offrir au porté une protection sociale, donc prévoyance, sécurité sociale, retraite, assurance chômage, plus importante que celle qui s’attache au régime du micro-entrepreneur. »
Le deuxième atout : les services proposés par la société de portage. « Nous accompagnons le consultant pour le positionner efficacement dans sa fonction de travailleur autonome. Nous lui apprenons à mettre en avant ses connaissances, son expérience et sa capacité de travail afin de réussir sa mission », indique le président lui-même cofondateur d’ABC Portage, l’un des leaders du secteur. Ce n’est pas tout. « Le porté pourra également compter sur l’accompagnement de la société de portage dans ses actions de développement, sa formation, etc. Concrètement, nous facturons le client, nous contractualisons, nous envoyons la facture. Nous rédigeons la fiche de paie. Ces missions sont centrales pour le porté qui se concentre ainsi exclusivement sur sa mission. Le portage, c’est l’établissement d’une relation de confiance très forte. »
Une simplicité absolue payée au prix fort
Au fil des années, le portage salarial s’est donc imposé progressivement comme l’une des nouvelles formes d’emploi alternatives au salariat classique. De plus en plus plébiscité par les indépendants, ce dispositif innovant répond à leurs besoins en matière de sécurité et d’autonomie dans leurs activités. Ce statut singulier dispose aujourd’hui d’un cadre juridique utile et efficace par extension de la convention collective signée à l’unanimité en mars 2017.
Selon une étude conjointe réalisée par l’Apec en partenariat avec le Peps (mars 2019), 57 % des cadres seraient prêts à envisager d’autres formes d’emploi. Parmi les possibles, le portage salarial bénéficie d’une notoriété (53 % en ont déjà entendu parler) et d’une bonne image auprès de 75 % des cadres. Plus d’un quart des cadres (28 %) se projettent d’ailleurs dans le portage salarial dans les trois ans à venir.
L’entreprise cliente aussi y trouve son compte. En faisant appel à un porté pour une mission ponctuelle, elle se dégage de toute responsabilité sociale. Surtout, elle s’attache les compétences des profils les plus pointus. À rebours de la situation du marché du travail, le secteur IT par exemple souffre en effet d’un déficit d’experts. Dans ce contexte, les consultants IT qui préfèrent « se mettre à leur compte » via le portage en vue de maximiser leurs revenus sont devenus légion.
En réalité, le seul inconvénient du portage, car il en faut un, est son coût. Une entreprise de portage se rémunère en prélevant en moyenne 10 % des honoraires facturés à l’entreprise cliente. C’est sur le montant restant qu’il faudra ensuite calculer les cotisations sociales (patronales et salariales). Au bout du compte, la rémunération nette perçue par le salarié porté s’élève à la moitié du montant facturé HT. Autant dire que le prix de la mission doit se montrer important.
Pour autant, assure Hubert Camus, « les gens qui testent le portage y restent tant ce statut est confortable. Les professionnels ont encore en tête l’échec du RSI. Dans le portage, ils ne s’occupent de rien, pas même de la TVA. J’ai de nombreux clients qui étaient en statut de SARL et qui l’ont abandonné au profit du portage en raison de sa simplicité. »
Pierre-Jean LEPAGNOT
Ce qui est sûr, c’est qu’au moment de choisir entre le portage salarial ou intérim, les indépendants privilégient de plus en plus le portage salarial, qui présente bien plus d’avantages, que ce soit pour eux, mais aussi pour les […]