La ruée vers l’or vaccinal

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Chronique de formules réputées efficaces à 90 %.

C’est le fil rouge de cette « guerre » contre le virus. Le vaccin contre la covid. Dans un premier temps omniprésent dans les discours des responsables politiques, il s’est fait plus discret ces dernières semaines et sa mise en circulation paraissait encore très lointaine. Le 9 novembre, le labo Pfizer et son partenaire BioNTech ont avancé un taux d’efficacité de 90 % de leur vaccin en phase de test. Un résultat spectaculaire, mais qui pourrait encore évoluer.

Le vent tourne. La recherche pour un vaccin et les longues phases de tests avancent. En annonçant une preuve d’efficacité à « 90 % », le laboratoire américain Pfizer et son partenaire allemand BioNTech ont secoué leur monde. Ces résultats plus qu’encourageants ont été obtenus lors de l’essai à grande échelle de phase 3 en cours, la dernière étape avant la demande d’homologation d’un vaccin. Selon les résultats préliminaires, la protection des patients testés a été obtenue sept jours après la deuxième des deux doses et 28 jours après la première. « Plus de huit mois après le début de la pire pandémie en plus d’un siècle, nous pensons que cette étape représente un pas en avant significatif pour le monde dans notre bataille contre le Covid-19 », a déclaré Albert Bourla, le PDG de Pfizer. Au jeu très disputé de la course au vaccin, Pfizer et BioNTech semblent avoir repris la tête. Mais ils ne sont pas les seuls à ce stade, la biotech américaine Moderna a entamé ses essais cliniques de phase 3 en juillet dernier et, selon l’OMS, dix essais cliniques de vaccins sont actuellement en phase 3 dans le monde.

Essais cliniques et technique innovante

Les essais de phase 3 de ce vaccin, le BNT162b2, ont débuté fin juillet aux États-Unis, puis en Allemagne, sur 43 538 participant·es, dont 90 % ont reçu la deuxième dose le 8 novembre. Le groupe Pfizer précise que lors de l’essai clinique, 94 participant·es ont contracté le virus, ce qui a permis de vérifier combien ont reçu le vaccin et non le placebo. L’essai va se poursuivre jusqu’à ce que 164 cas de covid-19 soient recensés parmi les participant·es. Pfizer n’a pas encore précisé combien de personnes ont reçu le vaccin ni si son vaccin confère une immunité longue.

Reste que les résultats sont d’autant plus spectaculaires que la catégorie de vaccins utilisée par Pfizer n’avait pas encore fait ses preuves. Il s’agit de la technologie dite de « l’ARN messager ». Si le but d’un vaccin est d’entraîner le système immunitaire à reconnaître le virus pour lui faire monter ses défenses de façon préventive, le vaccin de Pfizer n’est pas composé de virus inactivés ou atténués. La technique consiste à injecter dans l’organisme des brins d’instructions génétiques, les fameux ARN messagers. Cette molécule du vaccin s’insère pour faire fabriquer aux cellules un antigène spécifique du coronavirus, le spicule, qui sera ensuite détecté par le système immunitaire qui va produire des anticorps. Lesquels devront donc « monter la garde » en cas d’infection. Et le tour est joué. Précisons que si cette méthode présente l’avantage d’être plus rapide à mettre au point, aucun vaccin à ARN n’a jusqu’à présent été approuvé pour l’humain.

Espoir international

L’annonce de Pfizer et BioNTech n’a pas seulement soulevé la communauté scientifique. Dans le monde entier, les réactions ne se sont pas fait attendre. Dès le lundi de l’annonce, les Bourses mondiales ont terminé leur journée en forte hausse, après que l’annonce d’un potentiel prochain vaccin a laissé espérer un retour à une activité économique normale à terme. En Europe, Paris a pris 7,57 %, Francfort 4,94 % et Londres 4,67 %. L’action Pfizer, à la bourse de New York, s’est, elle, envolée de 7,68 %.

Joe Biden, le « président elect » américain, a salué un signe d’« espoir ». Un sentiment partagé par Tedros Adhanom Ghebreyesus, le DG de l’OMS, qui accueille une « nouvelle encourageante » et ajoute que « le monde connaît une innovation et une collaboration scientifique sans précédent pour mettre fin à la pandémie ». La réussite avancée par Pfizer a de quoi donner de l’espoir pour une future diffusion d’un vaccin : le taux exigé par la Food and Drug Administration (FDA), l’autorité de santé américaine, pour un vaccin contre le coronavirus est de 50 %. Avec ses 90 % d’efficacité, Pfizer a encore de la marge. Selon leurs projections, Pfizer et BioNTech prévoient de fournir jusqu’à 100 millions de doses dans le monde d’ici à fin 2020, et 1,3 milliard de doses d’ici à fin 2021. La Commission européenne a d’ores et déjà conclu un accord en septembre avec les firmes, pour obtenir 200 millions de doses, avec une option pour 100 millions de doses supplémentaires. Le gouvernement américain, sous l’impulsion de Donald Trump, a, lui, signé un contrat d’1,95 milliard de dollars pour la livraison de 100 millions de doses.

En somme, tous les espoirs sont permis, en attendant que l’efficacité du vaccin soit définitivement prouvée et homologuée. Pour gagner du temps, Pfizer et BioNTech ont déjà commencé la production… Pas le cas de Sanofi-GSK dont la technique, moins innovante, ne semble guère efficace. Un manque-à-vaccin de 45 millions de doses…

Adam Belghiti Alaoui

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