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Sur le premier trimestre de 2023, seulement cinq levées de fonds à plus de 50 millions d’euros ont été annoncées en France.
L’étude nous vient de Newfund. Le fonds d’investissement note une contraction de 73 % sur le montant des levées de fonds pour les start-up françaises en 2023. La faute à un ralentissement des marchés et a des Américains plus frileux qu’à l’accoutumée.
Retour en 2021, quand l’euphorie envahissait le marché des investisseurs. À l’époque, on recense 53 start-up françaises qui ont levé au moins 50 millions d’euros. Sur ce total, 36 jeunes pousses ont reçu des financements d’outre-Atlantique, soit plus des deux tiers. En 2023, la participation américaine s’écroule – pour le moment – à seulement 5 %.
Les banques centrales freinent des quatre fers
Si le constat paraît alarmiste, il est en vérité plus proche d’une régulation. Les chiffres annoncés pour 2023 suivent ceux de 2019. Le montant total de levées devrait atteindre environ 5 milliards d’euros d’ici à décembre. Nous assistons donc au retour à la normale d’un marché après deux ans de douce folie.
Tout avait commencé après la covid-19, quand les banques centrales ont fait tourner « la planche à billets » à plein régime. Une création monétaire artificielle pour relancer l’économie. Cet « argent magique » – selon la formule consacrée à Marc Touati – a nourri ces investissements jusqu’à les gaver. D’euros en euros, la bulle financière des start-up s’est gonflée jusqu’à atteindre un rare niveau d’irrationalité. À l’international, on estime d’ailleurs que seulement 15 des 800 licornes mondiales sont rentables. Une preuve de plus que ce marché tournait à l’envers.
Alors fin 2022, quand les banques centrales ont remonté leurs taux directeurs pour lutter contre l’inflation, elles ont signé la fin de ces gabegies budgétaires. Les investisseurs américains entre autres, retrouvent ainsi leur raison et se remettent à miser prudemment.
Se reconcentrer sur la rentabilité
La levée de fonds, c’est un modèle économique intéressant pour les start-up françaises. Beaucoup ont obtenu leurs premiers investissements en série A lors de ces deux dernières années. Elles cherchent maintenant à lever en série B, dite « growth ». Pourtant, avec la fin de l’argent gratuit, toutes n’y auront pas accès.
Alors, on voit se dessiner une nouvelle tendance. La rentabilité interne et des trésoreries mieux gérées semblent s’inviter à la fête des start-up. Pour exemple, 72 % des jeunes pousses du portefeuille Newfund ont une visibilité comptable supérieure à 12 mois. Puisque les levées de fonds se font rares, ces résultats témoignent d’une amélioration du chiffre d’affaires et du modèle économique interne des start-up.
François Véron, managing partner pour Newfund estime d’ailleurs que ces nouvelles entreprises ont une grande force d’adaptation et de résilience. « Une nouvelle étape s’engage avec une concentration sur les enjeux plutôt que sur les levées de fonds. De futurs champions européens vont émerger de cette période », prévoit-elle.
Après l’ère de la création, voici celle de la sélection. Pour survivre dans la jungle des start-up, il faudra donc se montrer solide financièrement en plus d’être innovant et disruptif… Un casse-tête entrepreneurial – un pléonasme, non ?