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Alors que l’État vient tout juste de sortir vainqueur des négociations européennes, au sujet des règles à établir en termes d’électricité, pour les pays membres, il est désormais temps de définir des règles pour le marché français.
C’est le 17 octobre dernier que l’accord européen a été trouvé. Un des points majeurs indique que les futurs prix de l’électricité seront fixés à un niveau légèrement supérieur aux coûts de production d’EDF. Les Français bénéficieront, en ce sens, des coûts compétitifs du nucléaire. Cependant, ces accords doivent attendre leur validation par le Parlement européen.
Bien que les accords récemment déterminés semblent arrangeants pour l’Hexagone, le marché de l’électricité n’est pas seulement européen, ainsi une stratégie des prix de l’électricité française reste à définir. C’est pourquoi, le gouvernement et EDF sont ces derniers jours en pourparlers pour établir un prix plafond de l’électricité afin de modérer les factures des ménages et des entreprises.
Cela se joue d’abord à l’échelle européenne, par le biais de contrats de long terme qui visent à limiter la hausse des prix de l’électricité. L’objectif de cette manœuvre est d’éviter la hausse significative des prix comme en a été victime le secteur gazier. Ainsi les accords européens tout neufs doivent permettre de donner plus de visibilité aux investissements des producteurs d’électricité.
Cap sur les CFD
Le pari peut ainsi être tenu en rendant obligatoires les « contrats pour la différence » (CFD). Ces contrats sont à prix garanti pour tout soutien public à des investissements vers de nouvelles installations productrices. Ils s’appliquent aussi bien pour des structures décarbonées, que nucléaires ou renouvelables.
Dans cette décision, la France s’est également assurée de permettre, de façon facultative, d’appliquer ces CFD pour les investissements destinés aux centrales nucléaires déjà existantes. Il est alors simple de voir transparaître la volonté de l’État français, désireux de prolonger la durée de vie de ses réacteurs vieillissants.
Si l’on se penche davantage sur l’utilité des CFD, on comprend que ce mécanisme permet de réguler le marché. En effet, si les prix sont au-dessus d’un prix de référence, l’État capte les revenus supplémentaires pour les redistribuer aux consommateurs finaux. Cependant, si les prix du marché sont inférieurs à ce prix de référence, alors l’État verse une compensation aux producteurs électriciens.
Le juste prix
La victoire de l’Élysée sur le plan européen, ne permet pourtant pas aux Français d’avoir des prix de l’électricité justes. Nicolas Goldberg, expert énergie à Colombus Consulting l’explique : « tout reste à faire maintenant : déterminer le prix, les volumes, la philosophie de redistribution, les véhicules réglementaires, dispositifs pour les industriels. » La question principale est celle d’un prix de l’électricité qui favorise, d’un côté des coûts raisonnables pour les consommateurs tout en permettant à l’industrie de rester compétitive. Sans oublier, que ce prix doit aussi permettre à EDF d’entretenir ses centrales, de construire de nouvelles infrastructures et d’être « rémunéré pour maintenir sa stabilité financière », ajoute le ministère de la Transition énergétique.
Ce prix fait pourtant toujours débat. Depuis la vente aux enchères par EDF des contrats de vente d’électricité pour 2027 et 2028 les prix sont aux alentours de 80 euros du mégawattheure. D’après le gouvernement, celui-ci doit se rapprocher du coût de production qu’un mégawattheure représente pour le parc nucléaire. L’estimation récente statue à 60 euros le MWh, et ce, sans les nouveaux réacteurs. C’est bien en-dessous de celui évalué par EDF (75 euros), et de celui du gestionnaire du transport d’électricité (RTE), qui l’a calculé entre 75 et 80 euros toutes productions confondues. 80 euros, c’est également le prix de l’électricité qu’EDF prévoit de produire pour ses six futurs réacteurs pressurisés européens (EPR).
Tous les acteurs économiques semblent alors se tourner vers ce niveau de prix. Sachant aussi que l’État, vient de nationaliser EDF, et veut alors redresser les finances de la firme. C’est pourquoi l’exécutif a financé à hauteur de 25 milliards d’euros les six futurs EPR. La France n’a donc pas l’intention d’investir à perte. Tous ces éléments indiqueraient alors le potentiel accord à 80 euros du mégawattheure. Verdict dans les prochaines semaines.