Alliance européenne du nucléaire

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Atomic Europe

Onze pays de l’Union européenne s’allient pour défendre le nucléaire à Bruxelles. L’alliance inédite, pilotée par la France et la Suède, va tenter de faire contrepoids aux pourfendeurs de l’atome.

France, Bulgarie, Croatie, République tchèque, Hongrie, Finlande, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie. Ce n’est pas la prédiction d’ÉcoRéseau Business pour le classement final du concours Eurovision de la chanson, mais la liste des pays qui forment désormais l’alliance européenne du nucléaire. Ce club, pour l’heure informel (c’est sans doute mieux car plus simple) réunit les puissances de l’UE qui comptent s’appuyer sur le nucléaire pour réaliser, aujourd’hui et demain, la grande transition climatique. Les onze ministres de l’Énergie de ces pays se sont réunis pour la première fois à Stockholm, mardi 28 février 2022.

Une transition vers l’indépendance continentale

Pourquoi la Suède ? Car la nation scandinave assure, pour six mois, la présidence du Conseil de l’Union européenne. Plus discrète que la tonitruante présidence française, qui sous l’égide d’Emmanuel Macron voulut réorienter l’Europe entre janvier et juillet 2022 – avec assez peu de succès – la présidence suédoise impose au contraire son agenda. Le nouveau gouvernement de la Suède, situé à droite, souhaite en effet investir massivement dans l’énergie nucléaire pour assurer son indépendance stratégique.

La France a d’ailleurs une belle carte à jouer, puisque le Premier ministre Ulf Kristersson s’est montré très enthousiaste à un partenariat franco-suédois sur cette question : « Je suis entièrement ouvert à ce que la France soit un des pays qui fassent en sorte que la Suède ait plus de nucléaire », déclarait-il le 3 janvier, alors en visite en France. Ne laissons pas passer cette chance !

Si le pays n’a pas signé la déclaration, tenu à la neutralité durant sa présidence, la Suède s’est toutefois montrée engagée : « Nous respectons le fait que les États choisiront des solutions différentes pour leur transition, le but essentiel étant de se passer des énergies fossiles », a insisté la ministre Ebba Busch (deuxième à gauche sur la photo). Vice-première ministre, la présidente du parti chrétien-démocrate est en charge de l’énergie, du business et de l’industrie.

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, représentait la France lors de cette réunion d’importance. Certes était-elle assistée de Clément Beaune, son homologue du ministère des Transports. Le cabinet « d’APR » souligne la volonté de « créer une alliance du nucléaire […] et d’envoyer un signal fort dans les différentes négociations européennes ».

Il est vrai qu’à Bruxelles, le nucléaire n’est pas bien vu. L’Allemagne notamment freine des quatre fers et tente souvent de ralentir les projets… Mi-février par exemple, Berlin s’est opposé à l’idée de reconnaître comme « vert » l’hydrogène issu du nucléaire. La France, qui soutenait la proposition inverse, a eu finalement gain de cause… Paris est en effet en première ligne pour faire reconnaître le nucléaire comme énergie de transition, utile au combat climatique.

Quels pays européens ont le plus recours au nucléaire ?

La création de cette alliance européenne du nucléaire est l’occasion de rappeler quel est l’état des forces en Europe. La France, avec 69 % de nucléaire dans son mix énergétique, est LA nation nucléaire d’Europe. Ensuite arrive la Slovaquie, avec une part de 52 %. En troisième position, la Belgique (51 %) qui vient d’ailleurs de prolonger ses centrales. Viennent ensuite la Hongrie (47 %), la République tchèque et la Slovénie (37 %), la Bulgarie (35 %). Les nations scandinaves complètent le tableau de tête : la Finlande, avec 33 % et la Suède, avec 31 %.

Si dans la dernière décennie, beaucoup de ces nations, dont la France, imaginaient une réduction ou carrément une sortie du nucléaire, tous ces pays veulent désormais maintenir leur production, voire l’amplifier, à l’instar de la Suède et de la Finlande. Face aux menaces énergétiques de la guerre-monde, le nucléaire est une valeur refuge.

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