Les locaux de Yemanja, au 47 boulevard Saint-Martin à Paris, ©JonathanMoyal

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Spécialiste de l’aménagement de bureaux personnalisés depuis 2016, Yemanja inaugurait fin 2023 ses nouveaux locaux, baptisés « La Source », en plein cœur de Paris. Parmi ses objectifs ? cultiver le bien-être au travail.

À Yemanja, les collaborateurs en sont convaincus : nous ne travaillons et ne travaillerons plus comme autrefois. Flexibilité des horaires, transparence salariale, absence de hiérarchie… l’entreprise se définit volontiers comme « libérée », notamment de toutes les normes, parfois absurdes, qui régissent le quotidien de nombre de salariés en entreprise. De nouveaux bureaux ont été inaugurés fin novembre, un espace de 1 200 m2 au 47 boulevard Saint-Martin à Paris. Là où les 40 collaborateurs de Yemanja pensent et façonnent les bureaux de leurs clients – des start-up aux grands groupes.

Quentin Audrain

« Nous avions envie de faire quelque chose de marquant », lance d’emblée Quentin Audrain, cofondateur de Yemanja aux côtés de Marie Vaillant en 2016. Difficile de le contredire, tant « La Source » multiplie les atouts pour les salariés en quête de liberté : espace équipe où les rencontres se font, salle de pitch, bureaux plus formels, salle silence, cabines acoustiques, salles de sport et de sieste, etc. Plus qu’un bureau, un lieu de vie ? « C’est notre vision de ce que doit être le bureau de demain, on aurait tort de ne pas le considérer comme un lieu de vie », défend Quentin Audrain. « La Source », parce que c’est ici que l’on vient « s’inspirer et développer nos projets », renchérit le cofondateur, en référence aussi à Yemanja, déesse de l’océan.

Un engagement environnemental et social

Un plan de travail conçu à partir de coquilles d’huîtres, des murs recouverts de peinture à base d’algues, des tabourets fabriqués grâce à du houblon séché… les matériaux utilisés sont aussi loufoques les uns que les autres. Surtout, l’aménagement de ces nouveaux bureaux tient à limiter au maximum son impact sur l’environnement. « Notre travail est d’être créatifs, mais cela ne doit pas se faire au détriment d’autre chose, notamment de la planète », explique Quentin Audrain. Faut-il y voir une patte Yemanja ? « Les espaces de nos clients sont toujours aménagés sous un angle RH […] La patte Yemanja n’existe pas, on n’impose rien à nos clients mais on crée des bureaux qui leur ressemblent, avec lesquels ils seront en phase, plutôt que de basculer dans la standardisation, trop caractéristique du marché aujourd’hui », précise l’entrepreneur.

À « La Source », une pièce est dédiée à une personne dans le besoin, en lien avec l’association Les Bureaux du Cœur. « Le soir, vers 18 heures, un sans abri vient loger dans nos locaux pour y passer la nuit avant de repartir le matin […] Un espace avec un lit et une salle d’eau lui est dédié », détaille Quentin Audrain. La journée, 40 collaborateurs travaillent ensemble – dont, entre autres, une vingtaine de chefs de projets et une dizaine de bricoleurs. Les bricoleurs travaillent au sein d’un atelier spécifique, de 400 m2, et de pair avec les chefs de projets. Un gain de temps phénoménal pour l’entreprise, notamment lorsqu’elle a aménagé ses propres bureaux : « Les équipes sont sur place, tout va plus vite, on a commencé les travaux en juillet pour les achever en novembre », illustre Quentin Audrain. Parmi les bricoleurs, des anciens ouvriers, ébénistes, menuisiers… qui côtoient et échangent au quotidien avec les chefs de projets, souvent des architectes d’intérieur, mais qui bénéficient d’une marge de manœuvre dans leurs réalisations. Une belle manière de ne plus opposer métiers manuels et intellectuels.

Flexibilité et autonomie

Les collaborateurs de Yemanja travaillent en petits groupes, le plus souvent en binômes. Ici pas de hiérarchie, ce qui suppose « d’être capable de mettre son égo de côté pour faire avancer un projet, accepter de s’être trompé, réussir à se faire confiance ». Une transparence clairement assumée, qui se retrouve jusque dans les salaires : tout le monde sait combien tout le monde gagne. « Une grille d’auto-évaluation de ses compétences, en lien avec deux autres collaborateurs choisis, permet de faire le bilan de ses atouts et faiblesses, et ainsi formuler une demande de hausse salariale selon une fourchette prédéfinie », détaille Quentin Audrain.

La salle de pitch, ©JonathanMoyal

Qui dit entreprise libérée dit flexibilité des horaires. Un forfait au mois existe, mais le temps de travail n’est pas contrôlé. Chacun s’organise comme il l’entend au cours de sa journée, hormis le respect d’une réunion générale organisée chaque lundi matin. Ensuite, aux binômes et équipes de se coordonner. « Nos grandes échéances rythment notre travail quotidien », résume le cofondateur de Yemanja. Un fonctionnement par objectifs, allergique au présentéisme qui sévit tant dans les organisations françaises. Le télétravail est une possibilité, « mais la réalité du métier fait qu’il est délicat, difficile de montrer aux clients ce que l’on utilisera pour aménager leurs bureaux sans être sur place en possession du matériel nécessaire », nuance Quentin Audrain. À « La Source », le flex-office prime, aucune place n’est attitrée : les collaborateurs sont même très souvent amenés à changer de place au cours de la journée, en fonction des projets (réunion formelle, point en duo, besoin de concentration, etc.).

À travers ses bureaux, Yemanja concrétise ce qu’elle imagine être le futur du travail. Et par la même occasion dope sa marque employeur, « notre environnement de travail produit des effets positifs sur notre recrutement et attire les candidats », remarque l’entreprise, à la tête d’un chiffre d’affaires d’environ 13 millions d’euros en 2022. Les équipes de Yemanja en sont conscientes, « les entreprises qui viendraient nous solliciter pour de beaux bureaux en vue de camoufler une culture et un management toxiques n’ont rien compris […] Celles-là on les repère très vite généralement », conclut Quentin Audrain, qui souhaite à son équipe de continuer à « s’amuser en 2024 ». L’ère Milton Friedman a bel et bien du plomb dans l’aile…

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