Climat : la responsabilité des ultra-riches

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003
Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

Notre planète s’approche gravement d’une quantité maximale de CO2 pouvant être rejeté dans l’atmosphère sans provoquer une augmentation des températures à long terme supérieure à 1,5 °C. Et si rien ne change,  le budget carbone mondial sera épuisé sous seulement trois ans ! Par Ezzedine El Mestiri. 

Plus on est ultra-riche, plus on est pollueur carbone ! Le récent rapport de l’ONG Oxfam : « Pillage climatique : comment une puissante minorité plonge le monde dans le chaos » révèle que la forte empreinte carbone des ultra-riches épuise le budget carbone demeurant sur la planète.

« Une personne appartenant aux 0,1 % les plus riches émet plus de 800 kg de CO2 par jour. Même la personne la plus forte du monde ne pourrait pas soulever un tel poids. En revanche, une personne appartenant aux 50 % les plus pauvres de la population mondiale émet en moyenne seulement 2 kg de CO2 par jour, un poids que même un petit enfant pourrait soulever », indique l’étude. Et si tout le monde consomme autant que cette minorité, le budget carbone mondial serait épuisé en moins de trois semaines.

Les émissions combinées de 118 pays

Le désastre ne s’arrête pas là. Certains ultra-riches investissent dans les entreprises les plus polluantes. Près de 60 % de leurs placements se trouvent dans des secteurs à fort impact climatique, comme le pétrole ou les mines. Les émissions liées aux investissements des 308 milliardaires ont totalisé 586 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2024, soit plus que les émissions combinées de 118 pays. Les riches orientent aussi les politiques à leur avantage en exerçant en outre un pouvoir sur l’élaboration des décisions pour servir leurs propres intérêts.

Le rapport alerte en indiquant que les émissions du 1 % le plus riche pourraient provoquer 1,3 million de décès liés à la chaleur d’ici la fin du siècle, et causer 44 000 milliards de dollars de pertes économiques dans les pays à revenu faible ou intermédiaire d’ici 2050.

En France, si les inégalités sont moins fortes, notre pays n’échappe pas à cette tendance. Sur 10 ans, entre 2012 et 2022, la part des émissions de consommation des 0,1 % a augmenté de 11 %, tandis que celle des 50 % les plus pauvres a diminué de 17 %. Rappelons que l’objectif est d’atteindre 2,8 tonnes CO2 par personne par an en 2030. Or les 50 % des Français les plus pauvres sont déjà proches de cet objectif (3,8 tonnes). Pour respecter l’objectif de +1,5°C, les plus riches devraient réduire leurs émissions individuelles de 99 % d’ici 2030.

Construire une économie équitable et durable

Oxfam appelle les gouvernements à taxer la richesse extrême, imposer les profits excessifs des entreprises fossiles et soutenir la Convention des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale. Interdire la participation des entreprises fossiles aux négociations climatiques, renforcer les régulations sur les entreprises et institutions financières et construire une économie équitable et durable. Comment pourrions-nous accepter qu’une personne appartenant au 50 % les plus pauvres gagne en moyenne 764 dollars par an et une autre appartenant au 0,1 % les plus riches gagne en moyenne 1 685 606 dollars ? C’est une aberration que tant de pouvoir et de richesse aient été concentrés entre les mains de quelques privilégiés.

Sans stigmatiser les riches ou leur faire des mauvais procès, il y a une urgence à convaincre, agir et embarquer collectivement tous les citoyens dans la résilience contre la crise climatique.

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