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Par Vincent Auriac, fondateur et président d’Axylia, cabinet spécialiste de finance responsable.
TRIBUNE. Quels produits d’investissement existent aujourd’hui pour intégrer des critères de durabilité tout en offrant des rendements suffisants pour soutenir les missions des fondations ?
Chaque citoyen, chaque structure économique affiche une empreinte carbone à travers sa consommation mais aussi son argent. Les deux peuvent nuire à la planète. Il est possible d’objectiver le calcul en se penchant sur les émissions de CO2 associées aux capitaux placés. Les SICAV monétaires, pourtant très peu risquées, affichent ainsi les empreintes carbone les plus fortes (500 voire plus de 600tCO2/Mio€) devant les obligations (300tCO2/Mio€ placés) et les fonds actions diversifiés (250 tCO2/Mio€).
Comment les trésoriers peuvent-ils aligner leurs placements financiers avec leurs missions sans compromettre la sécurité financière de leurs actifs ?
Il est déjà possible de transférer ses avoirs dans une banque avec une moindre empreinte carbone, tout en restant dans les banques du top 10, les plus équipées en services. Au sein de ce top 10, l’écart va du simple au double : de 300 à plus de 600 t de CO2/Mio€ investis. Des banques plus petites comme le Crédit Coopératif et a fortiori la NEF ne dépassent pas 120 tCO2/Mio€ investis.
Autre levier : désinvestir des énergies fossiles. En 2020, la fondation Rockefeller, créée grâce à l’argent du pétrole, a vendu toutes ses actions dans les énergies fossiles. La raison : « Nous étions mal à l’aise face à l’ambivalence morale de financer des programmes de lutte contre la catastrophe climatique, tout en investissant dans des énergies fossiles qui nous rapprochent de cette catastrophe […] Sans compter que le capital financier des fondations est beaucoup plus important que le montant annuel des dons effectués ».
Quels produits d’investissement intègrent des critères de durabilité tout en offrant des rendements suffisants pour soutenir les missions des fondations ?
Dix ans après l’Accord de Paris, les solutions se multiplient. Très peu connus, tous ces produits exigent le conseil d’un spécialiste.
Si on croit à la notion d’actifs échoués (les champs pétroliers ou gaziers qui ne pourront pas être exploités sous peine de faire exploser le climat) ou à la tarification du CO2 (pour détourner les acteurs des activités les plus carbonées), il est pertinent de regarder l’intensité carbone des placements.
Cela aboutit à privilégier les dépôts dans les banques régionales qui flèchent vers l’économie réelle dans les territoires.
Dans le compartiment obligataire, le label Greenfin dessine un périmètre d’analyse intéressant. Les obligations vertes sont utilisées pour financer ou refinancer des investissements contribuant à répondre aux enjeux climatiques. Les émissions dépassent désormais 500 milliards d’euros par an. Elles sont accessibles via des ETF. Axylia a lancé avec Hugau Gestion un mandat d’obligations investment grade, les plus sûres, avec de bons Scores Carbone en progression de 9,5 % depuis sa création il y a un an.
Il est possible de se diversifier dans les fonds de microfinance, d’infrastructures vertes, d’immobilier de rénovation ou de transition agricole. Pour la partie actions, il existe des ETF alignés sur l’Accord de Paris dits PAB. Il existe des foncières solidaires mais leur taille est encore modeste à l’échelle du marché des fondations.