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Il fait partie des sportifs préférés des Français et affole les compteurs de son sport. À seulement 25 ans, le judoka est aussi pleinement entré dans les affaires, d’ailleurs lauréat du prix spécial des BFM Awards. Une polyvalence qui a attiré l’attention d’EcoRéseau, dont ce numéro est dévolu à ceux qui portent la double, voire la triple casquette.
2m04, 150kg (135kg au poids de forme), sept titres mondiaux, un titre olympique, 72 victoires consécutives, série en cours, pointure 49, 51cm de tour de bras, 2,2 millions d’occurrences de « Riner » sur Google… Et on en passe. Les chiffres et les superlatifs peuvent s’étirer à l’infini dès qu’il s’agit du colosse judoka. « Moi, ce qui me fait avancer c’est qu’après m’être entraîné comme un dingue, et cela deux fois par jour, j’enchaîne sur des cours, des rendez-vous, des projets… », prévient ce jeune homme drôle, malin, pressé aussi. Il dispose de 30 minutes pour notre interview, il en offrira le double. « Combien vous en vendez de ce mag ? C’est une vraie aventure d’entrepreneur ça ! La presse, c’est un monde qui est en train de changer. Mais il y aura toujours des gens pour s’intéresser au papier. D’ailleurs, c’est mon cas, vous ne me verrez jamais lire un journal sur ma tablette. J’ai toujours des journaux avec moi », lance-t-il en feuilletant le dernier ÉcoRéseau. L’homme s’intéresse, bon communicant sans avoir besoin d’en faire trop. Pourtant, voici longtemps que Teddy Riner a dépassé le cadre de son sport, plus encore que David Douillet, l’autre gentil géant du judo français, double champion olympique, y était parvenu avant lui. Car à 25 ans, un âge auquel son illustre aîné n’avait pas encore décroché de titre aux JO, Riner est déjà un entrepreneur qui s’affirme.
S’il reste discret sur ses affaires, il apparaît comme dirigeant de pas moins de sept entreprises en France. Depuis la création de Riner Judo Connexion en 2008, qui affichait un chiffre d’affaires de 1,72 million d’euros en 2013, il a créé Riner Judo Production (2009) pour gérer son image, puis Teddy Riner et YT10 pour ses locations immobilières (2011), Distrisport (ventes par automates, 2012), TR Leader Group en 2013, une société holding et Riner Estate (immobilier) en juillet dernier. S’il a mis de côté un projet de campus universitaire autour des nouvelles technologies (design, cinéma, etc.), il dit aussi avoir investi dans des secteurs d’activité très différents et possède une société d’événementiel domiciliée en Californie. Pas mal à 25 ans, avec une implication dans son sport qui ne faiblit pas. Combien pèse Teddy Riner ? Là encore, pas de confidences. Néanmoins, entre son salaire de club substantiel à Levallois, estimé à 10000 euros par mois, la bourse fédérale due au champion olympique de son rang, les primes à la performance pour les titres continentaux, mondiaux et olympiques versées par le Ministère et par son partenaire sportif Adidas avec qui il est en contrat depuis 2007, mais aussi ceux signés avec Coca-Cola via Powerade en 2011, le Cloud Watt fin 2012 à la sortie de son titre olympique, la Banque des Antilles Françaises, les Brioches Pasquier depuis 2013, les estimations autour des deux millions d’euros annuels circulent. Et ce n’est pas fini. Une ascension impressionnante que semble vivre avec un sourire impavide ce judoka issu de son petit club du JC Bolivar, dans le 19e arrondissement de Paris. Déjà une success-story.
Teddy, vous vous définissez comme un compétiteur sur le tatami… Mais aussi en dehors, c’est bien cela ?
D’abord, je le confesse, même si l’expérience et la maturité ont pris le dessus sur moi, je reste un gamin ! C’est ce qui me fait avancer, ce qui me fait me lever tous les matins. Parce que si je n’y croyais pas, si je n’avais pas cette envie d’aller m’amuser et de me dépasser, il y a un moment que j’aurais arrêté le judo. Mais j’aime être avec cette bande de potes à l’entraînement, j’aime la complicité que j’ai avec Franck Chambilly, mon entraîneur. C’est cela qui me motive : le goût du défi, le besoin de relever ceux que l’on me propose tous les jours. Je suis dans le défi permanent, sur tout, tout le temps. Si je peux marcher plus vite, si je peux être le premier à démarrer au feu, si je peux aller payer plus vite que vous la consommation que l’on vient de prendre…
Je vous en prie (rires) ! Ce n’est pas usant parfois ?
C’est ma façon d’être. Ma psychologue me répète souvent d’arrêter de perdre de l’énergie inutilement. Mais c’est ce qui me permet de m’alimenter. En revanche, parier au tabac, cela ne m’intéresse pas.
De quelle manière vous êtes-vous entouré, vous qui étiez champion du monde à seulement 18 ans ?
De ma psychologue d’abord. Meriem Salmi me suit depuis 2004 lorsque je suis entré à l’Insep à l’âge de 15 ans.
Pourquoi ce choix ?
En raison de mon jeune âge d’abord. Sur le plan sportif, j’étais également toujours surclassé : on comptait sur moi et je sentais la pression arriver. Il fallait y faire face. Je suis allé la solliciter avec l’aide de Paulette Fouillet, qui s’occupait du suivi des athlètes pour la FFJudo. Nous avons mis un schéma en place que nous reproduisons toujours aujourd’hui et qui m’a appris à repousser la pression, à créer des routines qui me permettent d’être relâché : j’ai mon casque sur les oreilles, dans mon sac, j’ai toujours les mêmes aliments depuis 2004, qui sont parfois difficiles à trouver car la marque a changé ou n’est plus distribuée. De ce fait, quand je trouve le bon paquet de bonbons, j’en achète six ou sept d’un coup !
Vous avez aussi une avocate…
Oui, Delphine Verheyden, spécialisée en droit du sport, qui décrypte les contrats et gère mes intérêts. Il y a aussi mon père, qui a longtemps géré le petit réseau des conseillers financiers, des banques, les relations avec Delphine et mes attachées de presse, le comptable… Il l’a très bien fait, mais j’ai repris l’entreprise et je gère désormais la société, qui exploite mon image et mes partenariats.
Vous avez aussi créé d’autres structures, non ?
Oui, j’ai pris part dans d’autres sociétés. Je suis en train de me construire sur le plan entrepreneuriat. Je répète souvent à mes amis, du milieu du judo notamment : je n’ai pas envie de me poser LA question – « que vas-tu faire demain ? » – dans les derniers moments de ma carrière sans avoir rien préparé. Ne serait-ce que parce que cela enlève énormément de pression sur les épaules et permet de se sentir libre dans la tête. Et encore, j’ai la chance d’avoir des partenaires et de gagner ma vie. Mais certains n’ont pas cette chance. Ils donnent tout pendant dix ans pour représenter la France, mais se trouvent dans des situations difficiles au quotidien et parfois plus encore après leur carrière.
Vous voulez dire que la France ne reconnaît pas assez ses champions ?
En tout cas, il faudrait davantage d’accompagnement. Dans le judo, mais aussi dans de nombreux autres sports. En judo, nous avons des salaires convenables, avec une bourse de club et une aide fédérale en fonction de nos résultats, mais regardez dans des sports olympiques comme la gym, la lutte, la boxe… Je vois des athlètes qui s’entraînent toute l’année durant une décennie et qui vivent avec 1000 euros par mois, et sans formation qui leur assurerait un travail stable à l’issue de leur carrière. Le haut niveau, c’est un choix personnel, mais c’est aussi la France qui brille à travers eux, et notre pays ne peut pas fuir cette responsabilité. Il est comptable de la vie de ces sportifs, il doit donner quelque chose, être reconnaissant. Quand je regarde le Japon ou la Russie, je vois que la France est en retard sur ce plan.
Cela ne vous donne-t-il pas envie de devenir porte-parole, voire de faire de la politique pour changer la situation ?
Non, la politique ne m’intéresse pas telle qu’elle est. Mais ceux qui sont en place ont cette responsabilité. Il existe des petites équipes d’experts qui réfléchissent sur le sujet pour apporter leur contribution à des projets de loi ; ça, c’est intéressant ! Mais il est aussi très difficile de voir changer les choses, car un gouvernement en chasse un autre. C’est un peu la même histoire dans les fédérations. Les projets n’ont pas le temps de se structurer. Quand je vois qu’un établissement comme l’Insep est devenu privé, je ne peux que constater le désengagement de l’État.
L’Insep, le temple du sport français…
Aujourd’hui, il est loué à des entreprises pour des congrès, nous ne nous sentons même plus chez nous. Moi, quand j’y suis entré, c’était notre village à nous, un lieu d’effort, un symbole. Maintenant, je m’y sens presque agressé. On a désacralisé cette institution, chacun vient y faire sa séance et puis repart. Il n’y a plus cet échange entre les différentes disciplines. C’est triste, parce que cela enlève quelque chose au sport français. Peut-être que cela convient à ceux qui arrivent. Il y a encore dix ans, c’était différent et je m’y reconnaissais mieux.
Quel type d’entrepreneur êtes-vous ?
Je ne m’interdis aucun secteur, tout m’intéresse. Si je sens bien quelque chose, je peux prendre des parts, je peux acheter ou créer, développer et revendre. J’aime mieux créer d’ailleurs. C’est ce qui me motive. Ceux qui m’impressionnent le plus sont d’ailleurs les self made men. Nous touchons au véritable véritable entrepreneur : celui qui a une idée, un projet, qui y croit et sort ses tripes pour le réaliser. La plupart de mes associés sont déjà des patrons d’entreprises, petites mais aussi plus grandes. L’un d’eux est même milliardaire. Mais tous ces gens ont construit leur fortune, ce ne sont pas des héritiers. Quand je discute avec eux de la manière avec laquelle je vois les choses, ils sont souvent un peu étonnés de ma mentalité pour un sportif : pour moi, ce n’est le tout d’avoir 10, 15 ou 20 millions. Cela permet d’être à l’abri, mais après ? Je n’ai pas envie de m’ennuyer. Bien sûr, après ma carrière, je prendrai le temps de me reposer, de souffler, d’en profiter pendant un an ou deux les pieds sur la table (sic). Mais il me restera peut-être 50 ou 60 ans à vivre, et il va bien falloir que je trouve quelque chose pour m’occuper.
Dans quoi investissez-vous ?
Dans la pierre, les énergies renouvelables, la communication, le marketing… Ma philosophie est celle du judo : j’ai une occasion, je la saisis. Je sais aussi ce que je peux ou ne peux pas faire. Ouvrir un restaurant, par exemple, n’est pas d’actualité. Cela paraît sympa, mais je n’ai pas le temps d’avoir les yeux dessus. Pour mes activités, j’essaie de m’entourer des meilleurs et nous faisons des points de manière hebdomadaire ou mensuelle. Je veux savoir ce qui se passe. C’est aussi pour cette raison que je refuse nombre de propositions ! Le prochain projet qui va naître, ce sont des salles de sport. Je vais créer un réseau parce que je pense que c’est un marché sur lequel il est encore possible d’innover.
Vous restez discret sur vos affaires…
Oui, parce qu’aujourd’hui, c’est le temps du sport pour moi. Je n’ai pas besoin de montrer que je fais des choses à côté. J’ai envie de construire tranquillement… Bon en revanche la Bourse, c’est nul, c’est bidon ! Ce n’est pas du tout l’idée que je me fais du « business ».
Comment décidez-vous de vous lancer dans une aventure ou pas ?
Le feeling… mais aussi la calculatrice. Je pars toujours sur des hypothèses pessimistes. Il peut y avoir des déconvenues dans les affaires, mais je ne veux pas de mauvaises surprises que j’aurais pu anticiper.
Vous avez déjà connu l’échec ?
Oui, j’ai dû me séparer d’une personne. Ce n’est pas facile, mais il faut aussi savoir le faire. Notamment pour préserver l’état d’esprit positif de ceux qui restent. Dans les affaires au sens large, on peut perdre, mais on peut regagner ailleurs. Les affaires, c’est une question d’équilibre. Mais il m’arrive rarement de perdre. Dans le sport, je perçois les choses différemment
C’est-à-dire ?
L’échec sur le tapis, je n’y pense pas. Je sais que je peux perdre, personne n’est invincible, mais, si j’y crois et que je ne lâche rien, je me dis que c’est impossible. C’est une question de posture mentale. J’ai perdu deux combats importants dans ma vie de judoka : lors des JO 2008 où j’étais très jeune et en finale des Mondiaux toutes catégories en 2010 au Japon, sur décision. C’est derrière moi… Mais, surtout, je dis merci à ces échecs. Parce qu’ils m’ont permis de travailler encore davantage. Mes titres mondiaux et le titre olympique de 2012 se sont nourris de cette expérience douloureuse de 2010. J’aurais peut-être travaillé aussi dur, ou peut-être pas.
Quel type de management affectionnez-vous ?
Soigner les gens, créer de l’émulation, de la confiance. Quand mes salariés bossent bien, je les emmène au restaurant, nous allons ensemble à des concerts – la dernière fois c’était celui de Pharrell Williams. Ce sont des moments simples, mais importants je crois. Celui qui travaille bien doit être reconnu, gagner sa vie en conséquence. Parce que si je gagne, tu gagnes. C’est de cette manière que je motive mes équipes.
Avez-vous des parcours de référence, des dirigeants qui vous inspirent ?
Ce qui me vient en tête, ce sont les Brioches Pasquier – c’est l’un de mes partenaires, là, je suis bon ! (rires). Sérieusement, on parle de brioche… 40 ans que cela dure, avec une part de marché énorme pour une entreprise familiale, toujours dirigée par la fratrie à partir d’une brioche que leur maman cuisinait. C’est fort ! Je pense aussi au patron d’Habitat, Hervé Giaoui. Il a commencé avec un tout petit magasin, pris une première franchise But puis un Conforama et est aujourd’hui le P-Dg d’une marque redevenue française, qui vient de fêter ses 50 ans.
Votre inscription à Sciences Po avait créé un petit buzz médiatique justement. Où en êtes-vous sur le plan de la formation ?
Je prends des cours d’anglais quatre heures par semaine. J’ai quitté Sciences Po, mais, en partant, j’ai pris avec moi un professeur (rires) qui me donne des cours particuliers trois heures par semaine sur la géopolitique, les grands enjeux économiques nationaux et internationaux – ce que je préfère, l’histoire… Cela m’aide à me forger une bonne culture générale.
L’école, ce n’était pas votre truc ?
Si, mais je l’ai toujours envisagée à ma façon : derrière pour les matières qui ne m’intéressaient pas. Devant pour les autres pour bien écouter le professeur… Parce que j’ai toujours eu une excellente mémoire auditive et que le simple fait d’écouter me permettait de ressortir le cours le jour de l’interrogation, quasiment à la virgule près. Bon, cela avait aussi ses inconvénients. Je me souviens d’une professeur d’histoire qui me disait : « C’est bien Teddy, tu as écouté le cours, mais il faudra que tu pousses ta réflexion ». Ce à quoi, avec mon 18 sur la feuille je répondais « Madame, vous n’allez pas m’en vouloir d’écouter attentivement ce que vous dites ! » (rires) J’étais malin.
C’est resté un trait de caractère ?
Oui, j’écoute tout ce qu’on me dit. Si c’est bon pour mon judo par exemple, je le pompe à fond (sic). Et, franchement, je suis curieux de tout, le monde qui m’entoure m’intéresse. À part peut-être les araignées et les serpents ! (Il a fait Fort Boyard, NDLR)
Quel rôle jouent les médias pour vous ?
C’est un jeu. Tant que je gagne, cela se passe bien, après… En France je trouve que c’est un peu trop manichéen : quand tu gagnes, tout est beau, quand tu perds, on te massacre alors que l’on devrait davantage accompagner les sportifs. Mais nous avons aussi besoin des médias pour exister. J’aimerais que mon sport soit beaucoup plus médiatisé, autant que le football, mais, pour cela il faudrait changer le système, qu’il y ait plus de compétitions, alors qu’elles s’enchaînent déjà beaucoup. Sauf que c’est un sport individuel où on ne peut pas compter sur le banc des remplaçants, qu’il y a des régimes, etc. Avec la dérive possible du dopage car cela pousserait les athlètes à être tout le temps performants.
Et être hyper médiatisé est difficile à gérer ?
Non, je n’ai pas le sentiment de l’être trop, juste ce qu’il faut, et cela me convient. Je refuse beaucoup de choses. En fait, je ne donne pas beaucoup d’interviews par rapport aux demandes. Et pour ce qui est du public, j’ai du mal à passer inaperçu (rires), mais il faut accepter les sollicitations des gens. Si on ne veut pas subir, il ne faut pas sortir de chez soi. À partir du moment où je mets les pieds dehors, je dois être accessible et cool avec les gens. Cela va ensemble, cela fait partie du job. Quand j’ai envie d’être tranquille, je reste chez moi, dans mon canapé.
Vous êtes recordman des titres mondiaux avec deux championnes… Et maintenant ?
Je veux être tout seul là-haut (il mime, NDLR) avec huit titres mondiaux, avant d’aller chercher l’or aux Jeux olympiques de Rio en 2016 et peut-être de me préparer pour un autre titre olympique en 2020, au Japon, puisque, dans notre discipline, un Japonais (Tadahiro Nomura, en 1996, 2000 et 2004 en -60kg, NDLR) a remporté trois fois les JO. Vous savez, même si je les ai, il a fallu aller les chercher, ces titres. On essaie de comparer les époques et ce n’est pas possible, on ne pourra jamais refaire l’histoire. Ce sont des années différentes et le judo a évolué. Mais on ne peut pas dire que c’est facile, ce que j’entends parfois. Quand on gagne, on dit que c’est très facile. Quand on perd, qu’on a trouvé plus fort. Moi, je ne vais laisser personne me battre parce que je m’entraîne vraiment dur.
Justement, on dit que, malgré votre statut, vous êtes celui qui s’entraîne le plus en équipe de France…
Sans doute, mais je ne me soucie pas des autres. J’ai besoin de m’entraîner beaucoup, qu’on me rentre dedans. Pour savoir que je suis prêt et parce que physiquement je le sens. C’est ainsi que je sais que je suis bon, que je me sens monter dans les tours.
Après autant d’années, vous en avez toujours envie ?
Oui, je sais que cela passe par là. J’en parle souvent avec les entraîneurs : je fais un sport de combat, qui fait mal, qui doit faire mal pour être prêt. Je suis prêt à souffrir. Prêt à faire mal aussi. Pas à blesser, mais à faire mal. Chaque match est un combat : celui qui est en face de moi va avoir mal et va perdre. Mais je crois que c’est pareil à la boxe par exemple.
Ces qualités de combattant, devez-vous les adapter au business pour ne pas être trop frontal ou déstabilisant parfois ?
Souvent, oui. On me dit « Calme toi, ce n’est pas un combat ! ». On m’appelle le rotor !
Pourquoi ?
Parce que vous ne me prenez pas des sous comme ça (rires) ! C’est vrai que, dans les négociations, je suis dur. Vous savez, le judo est tellement dur qu’il forge à réussir. On n’a pas le choix sur un tapis.
Quelle est votre relation avec l’entraîneur ?
Là, c’est une histoire d’amour. Franck Chambily est mon père dans le judo. Il est là depuis le début, lors de mon premier titre européen puis mondial en 2007, de mes premiers JO en 2008, même s’il a parfois été dans l’ombre, notamment lors des JO 2012 puisque ce n’est pas lui qui me coachait, mais Benoît Campargue, le seul autre coach que j’ai eu sur la chaise et qui s’occupe aujourd’hui du pilote de F1 Romain Grosjean.
Les voitures, parlons-en. Vous allez repartir dans une sportive allemande. L’automobile, c’est une passion ?
Oui, pour les belles voitures, puissantes (Il possède aussi une Porsche Cayenne, NDLR) qui va de pair avec le fait que j’ai la bougeotte, y compris en vacances. J’aime le sport auto, la vitesse, que ce soit en jet ski, en bateau, en quad, à moto…
C’est compatible avec vos contrats de sponsoring ?
J’ai un trop bon avocat ! (rires) Elle place tellement de clauses….
Propos recueillis par Olivier Remy et Jean-Baptiste Leprince