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Les collectivités territoriales sont directement impliquées dans la prévention et la gestion des déchets, elles sont autant d’actrices de l’économie circulaire. Depuis la loi NOTRE – Nouvelle organisation territoriale de la République – du 7 août 2015, les régions disposent de la compétence de planification de la prévention et de la gestion des déchets. Elles sont tenues d’animer un Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) qui coordonne les actions entre éco-organismes, entreprises, collectivités et habitants. Sans surprise, nos régions ne font pas face aux mêmes défis. Mais certaines se distinguent.
Championne du tri et du recyclage !
En matière de gestes éco-citoyens et de réflexes de tri, les Breton·nes sont les champion·nes. Pendant que la moyenne nationale du tri des emballages et déchets ménagers est de 69,7 kg par habitant·e et par an, la Bretagne en trie plus de 97 kg. Une véritable culture du tri, fruit notamment d’une politique régionale très marquée par la question environnementale. En 2017, à l’échelle départementale, ce sont les Côtes-d’Armor (22) qui ont trié le plus avec 110,27 kg/hab/an. En moyenne, le ratio de production de déchets ménagers et assimilé en Bretagne est de 681 kg/hab/an. Depuis 2015 et la mise en place des nouvelles consignes de tri par la région et le prestataire Citeo, les Breton·nes trient en moyenne 2,3 kg de plus chaque année. Du côté des déchets végétaux, la Bretagne produit et collecte le double de la moyenne nationale (160 kg/hab contre 77 kg/hab). Un tout qui vient alimenter les 268 déchèteries recensées dans la région. Forte de sa culture écolo, la région Bretagne a accompagné son PRPGD d’objectifs régionaux propres, en plus des objectifs communs. Entre autres : réduction des déchets ménagers et associés de 25 % d’ici à 2030, 100 % de collecte des déchets recyclages (objectif national) et mise à disposition de moyens de tri à la source pour tous·tes les Breton·nes.
Vaste territoire à couvrir
Si le territoire néo-aquitain est le plus vaste territoire régional (plus de 84 000 km²), sa production de déchets reste moins importante que les premières régions économiques que sont l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes. La région bordelaise produit tout de même 22 millions de tonnes de déchets par an, soit l’équivalent du poids de 6 Tours Eiffel par jour. Chaque néo-aquitain·e engendre en moyenne 652 kg de déchets ménagers par an, pendant que le BTP produit 11 millions de tonnes de déchets. Vaste territoire oblige, la Nouvelle-Aquitaine et ses 12 départements, dont la Gironde et les Landes, les deux départements métropolitains les plus étendus, comptent plus de 650 déchèteries. Soit plus d’un dixième des déchèteries de l’hexagone (plus de 4 650). Dans son PRPGD, adopté le 21 octobre 2019, la Nouvelle-Aquitaine s’est fixé une série d’objectifs, de la réduction à la valorisation des déchets, dont : priorité à la prévention des déchets, augmentation du niveau de valorisation des gravats en déchèteries (objectif 80 % en 2031 contre 50 % en 2015) et des déchets de chantier (80 % en 2025). Pour 2025, l’objectif du taux de recyclage des déchets ménagers et assimilés reste sur ses bases : 60 %. Il augmente pour les déchets d’activités économiques (DAE) non agricoles (70 %).
Poids lourds du déchet
La région du Nord représente 9 % de la population nationale et 7 % du PIB du pays, un poids qui se retrouve dans ses déchets.
Le PRPGD des Hauts-de-France, publié en décembre 2019, fait état d’un gisement total de 31,5 millions de tonnes de déchets pour l’année 2015, soit près de 10 % du total national. Sur ces 31,5 millions de tonnes, 85 % sont des DAE (26,9 millions), 11 % des DMA (3,6 millions) et 3 % des déchets dangereux. La région lilloise est donc l’une des plus productrices de déchets et l’une des plus polluées. Les défis ne manquent pas. En 2015, les Hauts-de-France ont valorisé 185 kg/hab/an de déchets ménagers avec un taux de valorisation de 30 % des déchets non organiques. Et le taux de recyclage des DMA était de 55 kg/hab/an, soit une performance supérieure à la moyenne nationale (46,5 kg/hab/an). Le taux de valorisation (recyclage, réemploi, compostage…) régional moyen (DAE + DMA) est de 56 %, dans la moyenne nationale. L’objectif annoncé est celui des 65 % d’ici à 2020. Pour le taux de valorisation des déchets du BTP, la région lilloise est en revanche très en retard vis-à-vis du seuil réglementaire des 70 %, avec moins de 60 % de valorisation. Pour booster son taux de recyclage, de 30 % à 40 % d’ici à 2031 (220 kg/hab/an), la région mise sur le développement des collectes séparées à la source.
Mauvaise élève du tri
La région capitale accumule les défis en matière de gestion des déchets. Région la plus peuplée (12,2 millions d’habitant·es sur huit départements), la plus urbaine, la plus jeune et cœur économique (31 % du PIB national), elle est aussi une de celles dont les habitant·es recyclent… le moins. Tandis que les ordures résiduelles, donc non recyclables, représentent aujourd’hui en Île-de-France 7 millions de tonnes, l’Observatoire régional des déchets observe que deux tiers des déchets recyclables dans la région ne sont pas triés : un·e résident·e du « grand Paris » trie 45 kg de déchets par an, contre 70 kg en moyenne en France. Une différence notamment due aux modes de vie et de consommation des Francilien·nes. Si la région compte plus de 170 déchèteries publiques, gérées par des EPCI (établissements publics de coopération intercommunale), des communes et 75 déchèteries professionnelles, si elle emploie plus de 20 000 personnes pour la gestion de ses déchets, elle reste l’une des plus polluées et souvent victime de dépôts en décharges sauvages – 25 kg par habitant·e et par an. Pour répondre à tous ces défis, le PRPGD de la région parisienne vise le développement de l’économie circulaire pour réduire la consommation de ressources, produire moins de déchets et mieux les valoriser. La région vise une réduction de 10 % des déchets ménagers et assimilés (DMA) et une diminution de moitié du gaspillage alimentaire d’ici à 2025.
Objectif valorisation
La première région industrielle française, second poumon économique du pays, est un poids lourd du déchet. Selon les données de la Sindra, l’observatoire des déchets en Auvergne-Rhône-Alpes, la région lyonnaise produit une quantité de déchets de l’ordre de 33 millions de tonnes par an, soit plus que l’Île-de-France, qui en produit environ 30 millions. Dans le détail, le PRPGD de la région aurhalpine s’intéresse à 1 million de tonnes de déchets dangereux (toxiques et dangereux pour l’environnement), 7,2 millions de tonnes de déchets non dangereux (verre, métaux, cartons, papiers…) et 25 millions de tonnes de déchets de chantier. Les quelque 550 déchèteries réparties dans les 12 départements de la région ont de quoi tourner. Aujourd’hui, l’Auvergne-Rhône-Alpes atteint un taux de recyclage des emballages ménagers de 70 % et se donne un objectif de 75 % d’ici à 2022. Pour l’atteindre, il faudra recycler 3,5 kg supplémentaires par habitant·e, soit 28 000 tonnes de déchets par an. En parallèle, son PRPGD vise une réduction de la production de déchets ménagers de 12 % d’ici à 2031, ainsi qu’une valorisation (recyclage, réemploi…) des déchets non dangereux de 65 %, plus une réduction de l’enfouissement des déchets de 50 % pour 2025.
Adam Belghiti Alaoui