Maï-Linh Camus, le droit de réussir autrement

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Diplômée en droit des affaires, Maï-Linh Camus s’engage pour l’armée afin de servir son pays. Grâce à ses capacités et son mental hors du commun, la jeune femme est rapidement identifiée pour devenir « agent secret ». Mission acceptée. Aujourd’hui, la double vie est terminée, et Maï-Linh Camus pilote d’une main de maître Prisme Intelligence, son entreprise spécialisée dans le renseignement d’affaires.

Fille d’un militaire de terrain et d’une secrétaire vietnamienne, arrivée en France dans les années 70, Maï-Linh Camus le sait : elle devra batailler pour réussir. Élève plutôt moyenne et rebelle – au point de fréquenter la fac de droit en baskets et pantalon dans les chaussettes –, l’étudiante se prend de passion pour l’histoire du droit, l’art oratoire et la défense. Maï-Linh Camus quitte l’université de Toulouse avec un master en droit des affaires. D’abord juriste avec l’ambition de devenir avocate, une expérience avec les États-Unis l’a poussée à prendre un tout autre chemin. « J’ai dû procéder à un plan de licenciement économique […] On faisait appel à moi pour renvoyer des salariés. C’est à cela que je sers ? », explique-t-elle. Une nouvelle vie s’apprête alors à démarrer pour celle qui avait toujours juré de ne jamais devenir militaire, ou d’en épouser un, en raison des trop longues absences de son papa. C’était sans compter sur sa quête de sens, son désir profond d’être utile et de servir son pays. Place à l’armée, à 24 ans.

« Commander avec le cœur »

Sa formation de soldat, longue de quatre mois, devait la propulser dans les bureaux du ministère des Armées en tant que juriste. « Quatre mois où l’on nous a appris à avoir faim et froid, à dormir dans la neige […] Je ne pensais pas être aussi forte mentalement », raconte Maï-Linh-Camus. Ses capacités sont remarquées. On lui propose d’intégrer les renseignements, ce qu’elle accepte. L’agent secret se met à apprendre le russe et la géopolitique du Caucase. Elle subit pléthore de tests qui lui apprennent à s’échapper de situations a priori sans issue. Maï-Linh Camus devient une vraie espionne, à la tête d’une unité composée d’hommes qui ont fait « l’Afghanistan, le Kosovo, l’ex-Yougoslavie, le Mali, le Liban, etc. » et qui n’ont jamais été sous les ordres d’une femme. À sa manière, elle parvient à les commander, « avec le cœur et en les valorisant ». Au bout de cinq ans, au regard de son bac + 5, les services de renseignement lui demandent de troquer le terrain pour les bureaux : « commander des hommes depuis une tour d’ivoire ne m’a jamais intéressée ! », tranche-t-elle. Fin de sa première mission.

La soif d’entreprendre

Le retour à la vie civile est difficile pour Maï-Linh Camus, surtout lorsqu’il s’agit de reprendre contact avec ses proches et ses amis. « Je n’avais plus donné de nouvelles pendant des années, ils ont cru que je reniais mes origines, que j’étais montée à Paris et que je les avais oubliés », se souvient la néo-entrepreneure. Avec Prisme Intelligence, qu’elle fonde en 2022, la business woman dédie sa nouvelle vie au renseignement d’affaires pour le compte de dirigeants et d’avocats. Pour cela elle s’entoure de 70 experts internationaux qu’elle identifie au sein de son réseau. Concrètement, Maï-Linh Camus livre à ses clients toutes les informations stratégiques dont ils ont besoin pour évoluer au mieux dans leurs affaires et prendre les bonnes décisions. « Une entreprise qui s’apprête à pénétrer un marché étranger, au Moyen-Orient par exemple, est venue nous voir pour récolter davantage d’informations sur la fiabilité de tel ou tel partenaire local », illustre-t-elle. La cheffe d’entreprise en est convaincue, le renseignement d’affaires n’est plus une option pour les dirigeants. C’est pourquoi elle s’attelle à un travail de sensibilisation et d’éducation à cette discipline via des conférences et au travers de ses interventions sur LinkedIn.

Maman, bibliophile, et passionnée de sports de combat, Maï-Linh Camus jongle entre sa vie personnelle et le monde des affaires. Ce qui suppose une organisation « militaire ». Mais aussi, de savoir couper lorsqu’il le faut. Formidable ascension.

GEOFFREY WETZEL ET JEAN-BAPTISTE LEPRINCE

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