L’immeuble Accenture dans le XIIIème arrondissement
L’immeuble Accenture dans le XIIIème arrondissement

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Bureaux matriciels

Les locaux d’Accenture ont adopté une organisation originale atypique : au programme virtualisation, espaces de travail à la carte, évènements festifs pour être à l’image des missions proposées.

A quoi ressemblera l’entreprise du futur  ? Les experts des RH nous la promettent ouverte, coopérative, conviviale, fluide et hyper-connectée. Avec une organisation matricielle ou en réseau, elle fera intervenir des contributeurs de toute origine géographique et culturelle, sans parler de la diversité de leurs parcours et de leurs diplômes. Quels bureaux pourront accueillir cette entreprise d’un genre nouveau ? Pour s’en faire une idée, EcoRéseau s’est rendu dans les locaux parisiens d’Accenture. Les problématiques de management du leader mondial du conseil – 30 milliards de dollars de chiffre d’affaires, 300000 salariés dans plus de 120 pays – qui envoie régulièrement ses consultants de six mois à deux ans chez ses clients, préfigurent en effet les défis que pourraient affronter les DRH dans les prochaines années.

Accenture France a élu domicile en 2001 dans le XIIIe arrondissement de Paris. Son bâtiment de huit étages, de verre et d’acier, a trouvé sa place entre les voies ferrées de la Gare d’Austerlitz, au sud, et les eaux de la Seine, au nord. Il est sorti de terre dans le cadre du vaste chantier Paris Rive Gauche, entrepris dans les années 1990. Cette partie de l’ancien quartier ouvrier de la capitale, ignorée des touristes, est semée de tours au design moderne. L’immeuble Accenture a ainsi quatre voisins de renom : les livres ouverts monumentaux de la Bibliothèque François Mitterrand.

Son aménagement intérieur a été repensé en 2009, avec le lancement du programme Moving Forward : « Il s’agissait d’améliorer l’environnement de travail et la mobilité des salariés, tout en renforçant l’ouverture de l’entreprise sur son écosystème », explique Charlotte de la Ronde, directrice marketing et communication France du cabinet.

Téléprésence

Accenture a d’abord beaucoup misé sur la virtualisation du travail, favorisée par l’équipement personnel des salariés en outils numériques : ordinateurs portables, smartphones et tablettes se sont frayé un chemin dans leurs poches et leurs salons. Le télétravail a d’abord été testé auprès des assistantes de direction, et concerne aujourd’hui 60% des salariés d’Accenture : « Cela épargne à de nombreux collaborateurs une à deux heures de transport plusieurs fois par semaine, précise Charlotte de la Ronde. C’est autant de stress en moins ». Le cabinet a également réduit les déplacements internationaux de ses consultants grâce à son réseau de 100 salles de téléprésence, toutes aménagées presque à l’identique dans ses locaux autour du globe. Dans une salle de réunion classique, une rangée de chaises fait face à trois très grands écrans surplombés d’autant de caméras, de sorte que les participants ont l’illusion de n’être séparés de leurs interlocuteurs que de quelques mètres, quand ils sont en réalité à Hong-Kong ou Dublin. C’est depuis l’une de ces salles que Pierre Nanterme, le CEO français de l’entreprise, s’adresse deux ou trois fois par an à ses 300000 salariés.

Au lieu du classique "un poste de travail pour un salarié", place à "un espace de travail par tâche"
Au lieu du classique “un poste de travail pour un salarié”, place à “un espace de travail par tâche”

Bulle

Le plan Moving Forward a aussi été l’occasion de repenser les espaces de travail pour les adapter à une organisation matricielle. 200 scénarii d’usage des locaux ont été identifiés, qui ont permis de définir les 15 espaces de travail en libre-service qui se côtoient désormais au 118 avenue de France. De la simple «cabine téléphonique» au vaste open space, l’éventail est large. Dans chaque «village» – l’étage réservé à un département de l’entreprise – au lieu du classique «un poste de travail pour un salarié», place à «un espace de travail par tâche». Ainsi, au sixième étage, baigné dans une atmosphère bleutée, les consultants Marchés Publics ont le nez dans leurs dossiers autour des longues tables blanches de l’open space. Pour travailler en groupe, certains ont pris place sur des tabourets de bar et font défiler une présentation sur le grand écran qui leur fait face. Pour plus d’intimité, trois consultants ont trouvé refuge dans une Toguna, sorte de bulle verte ouatée qui les isole de la studieuse agitation de l’open space. Pour encore plus de confidentialité, de nombreuses salles de réunion vitrées sont disponibles. Leur système de réservation a été entièrement numérisé et un écran tactile accroché à l’entrée permet d’en vérifier l’occupation. Cette surenchère d’outils high-Tech a fait dire à un ponte de Microsoft, en visite au 118 avenue de France, que les locaux d’Accenture étaient «sa meilleure publicité».

Rock

Mais la dispersion des salariés entre une multitude de sites et chez les clients n’est pas sans poser quelques problèmes, notamment pour maintenir intacts l’esprit d’entreprise et le sentiment d’appartenance. En 2013, Christian Nibourel, président d’Accenture France, pilotait le groupe de travail «Entreprise du Futur» des Assises de l’entrepreneuriat et expliquait sa parade à EcoRéseau : « Plus une entreprise accroît son degré de virtualisation, plus elle doit élever son degré de socialisation entre ses salariés ». Accenture nous a fait faire le tour de ses espaces de socialisation. Première étape au kiosque de service, qui dépoussière l’espace détente. En plus d’accéder aux rafraîchissements et à la caféine de rigueur, les salariés peuvent se délasser sur des sièges dotés d’écouteurs pour écouter de la musique, réceptionner leur courrier, réserver une salle de réunion, accéder au service de conciergerie, et porter leur ordinateur défectueux au service informatique. « C’est un lieu de rencontre qui permet de sortir les consultants de leur silo », explique Charlotte de la Ronde.

La visite se poursuit dans l’Happen space, un vaste espace modulable qui accueille aussi bien les formations d’accueil des nouveaux salariés, des réunions clients ou des évènements festifs : concerts de rock, sets de DJs, expositions sur les arts numériques… La visite se termine au dernier étage dans l’Upper View, avec son bar et sa vue imprenable sur la capitale. On imagine facilement les consultants y fêter le gain d’un nouveau contrat.

Aymeric Marolleau

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